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Espagne / Droits des étrangers /

Campagne de Migreurop « Pour un droit de regard dans les lieux d’enfermement des étrangers » : Les autorités espagnoles refusent à la dernière minute l’accès des ONG au centre de rétention de Madrid.
3 février 2009 par Claire

Dans le cadre de la campagne européenne « Pour un droit de regard dans les lieux d’enfermement des étrangers » [1] , les membres espagnols du réseau Migreurop [2] ont sollicité une autorisation pour visiter le centre de rétention de Madrid le 30 janvier 2009, accompagné du député européen Willy Meyer Pleite.

Une demande écrite a été transmise dès le 16 janvier au Directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur, Monsieur Gregorio Martinez Garrido, au Secrétaire d’Etat à la Sécurité, Monsieur Antonio Camacho, et au Directeur du Centre de rétention de Madrid. Une semaine plus tard, le Ministère de l’Intérieur nous [3]a confirmé la réception de la demande et nous a assuré que les démarches étaient en cours, et que nous serions prévenus dès confirmation de l’autorisation.

Après avoir autorisé la visite des ONG…

Le mardi 27 janvier, nous avons reçu un mail signé par le directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur confirmant que le Secrétaire d’Etat à la Sécurité autorisait la visite des trois représentants de Migreurop et de Willy Meyer. Pensant l’affaire réglée, nous avons alors envoyé un accusé de réception à l’ensemble de nos interlocuteurs. Nous avons également confirmé la visite par téléphone avec le chef de sécurité du Centre de rétention.

…le ministère se rétracte à la dernière minute.

Cependant, le jeudi 29 janvier à 21h, soit la veille de la visite supposée, nous avons reçu un mail du Secrétaire général de la « Comisaria general de Extranjeria », indiquant que seul le député européen était autorisé à effectuer la visite, et non les représentants de Migreurop. Nous avons alors essayé d’éclaircir la situation en urgence, car cette réponse entrait en contradiction totale avec le mail envoyé précédemment par un supérieur hiérarchique de la même administration, à savoir le Ministère de l’Intérieur. Mais à cette heure tardive, nous n’avons pu parler à personne…

Le vendredi 30 janvier, nous nous sommes donc présentés à l’entrée du centre de rétention de Madrid, dans l’espoir de pouvoir éclaircir la situation sur place. Les policiers nous ont conduits jusqu’au bureau du chef de Brigade qui nous a confirmé avoir reçu l’ordre de ne laisser entrer que le député Willy Meyer. Scandalisé, nous lui avons montré l’autorisation signée par le directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur et nous lui avons demandé expressément d’appeler ce dernier pour exiger une explication. Il a exprimé sa confusion, mais a réitéré qu’il devait respecté les ordres reçus par son supérieur hiérarchique direct, à savoir le Secrétaire général de la « Comisaria general de Extranjeria ».

Un manque de transparence totale des conditions de rétentions en Espagne…

Le député européen Willy Meyer a refusé d’effectuer la visite dans de telles conditions (sans les représentants de Migreurop) et a exprimé son indignation aux médias que nous avions convoqué devant le centre de rétention. Les membres de Migreurop ont également envoyé un communiqué de presse [4] aux médias pour dénoncer ce manque de cohérence au sein du Ministère de l’Intérieur et le manque de transparence sur les conditions de détention des étrangers.

Interrogé par une agence de presse sur la raison de ce refus de dernière minute, il semblerait que le Ministère de l’Intérieur ait répondu aux journalistes que le directeur de cabinet s’était « trompé » en autorisant la visite dans un premier temps, et que le Secrétaire général de la « Comisaria general de Extranjeria » n’avait fait que suivre le « protocole » en autorisant seulement l’entrée du député.

… en dépit du droit d’accès des ONG reconnu par un Arrêté ministériel

A ce jour, nous ne comprenons toujours pas de quel protocole il s’agit, étant donné que l’Arrêté ministériel de 1999 qui régit les normes de fonctionnement des centres de rétention stipule dans son article 6.2 que l’administration doit « faciliter la collaboration avec les institutions et associations qui viennent en aide aux étrangers ». De plus, nous ne comprenons pas comment une autorisation donnée par un Secrétaire d’Etat peut être contestée par un fonctionnaire de la même administration, occupant un poste inférieur hiérarchiquement.

Le Ministère s’est également justifié auprès des médias en disant que la confusion de la réponse était due au fait que nous avions demandé trois autorisations en même temps, à trois entités différentes. Mais il s’agissait de trois entités au sein du même Ministère ! A se demander si les fonctionnaires communiquent entre eux au sein de cette administration…

Face à une telle hypocrisie, les membres de Migreurop expriment leur indignation. Quant au député Willy Meyer, il a dors et déjà annoncé qu’il poserait une question écrite au Ministre de l’Intérieur pour exiger des explications sur ce comportement de l’administration.

Contre les abus et mauvais traitements des fonctionnaires de police, exigeons l’accès effectif des ONG dans les centres de rétention

Deux jours après que ces faits se soient déroulés, nous avons pris connaissance du témoignage d’une femme actuellement retenue dans le centre de rétention de Madrid. Elle dit avoir été battue par les policiers du centre, ce qui confirme des témoignes précédemment recueillis. La campagne de Migreurop « pour un droit de regard » est plus que jamais d’actualité en Espagne. Tant que les centres de rétention seront ouverts, les ONG doivent pouvoir y accéder pour témoigner des conditions de détention et pour jouer un rôle d’alerte lorsqu’elles constatent des violations des droits des migrants. Faute de quoi, ces violations continueront de se produire, chaque jour, dans le silence le plus total.


[1] Pour plus d’informations sur la campagne, voir : http://www.migreurop.org/rubrique268.html->

[2] ACSUR Las Segovias, Andalucía Acoge, la Asociación Pro-Derechos Humanos de Andalucía, la Comisión Española de Ayuda al Refugiado y la Federación de SOS Racismo sont les membres espagnols de Migreurop.

[3] En tant que volontaire Echanges et Partenariats/Migreurop, je suis chargée de coordonner le travail des associations membres de Migreurop en Espagne, dans le cadre de la campagne « droit de regard ». D’où l’usage du pronom « nous » dans cet article.

[4] Lire le communiqué de presse ici : http://www.migreurop.org/article1380.html



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