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Maroc /

Maroc : laboratoire du développement et de la lutte contre la pauvreté.
20 juillet 2008 par Nadia Khrouz

Le Maroc est une véritable ruche de projets, de partenariats, de concertation et de coopération, avec parfois l’impression de vivre une révolution, un développement accéléré. Mais parallèlement, la pauvreté est bien présente et malgré des avancées indéniables, le questionnement quant à l’efficience [1] des moyens mis en œuvre n’est pas superflu et se pose régulièrement face aux constats de terrain... bien que la réponse reste complexe .

Le soutien aux entreprises, la lutte contre la pauvreté, l’aide au développement, la promotion du tourisme, de la culture, etc., sont en pleine effervescence avec une action combinée entre investissements privés, aide publique de l’Etat marocain et/ou aides au développement d’origine diverses (Union européenne, coopérations étatiques, etc.).

Les aides publiques au Maroc se sont élevées à 64,6 milliards de dirhams en 4 ans. Le montant annuel a augment de 50 % entre 2004 et 2007. Ces aides publiques touchent prioritairement la compensation des produits de consommation, puis l’habitat et le tourisme, enfin l’agriculture et le textile. Au niveau marocain, l’acteur principal est le Fonds Hassan II pour le développement qui a engagé 18 milliards de dirhams [2] mais ce n’est pas le seul (Fonds de promotion des investissements, Fonds de développement agricole, etc.). [3].

Ces fonds s’ajoutent au budget d’investissement de l’Etat, des collectivités locales, établissements et entreprises publiques.

Au travers de la fondation Mohamed V pour la solidarité ("unis pour aider les démunis"), de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), etc., le Maroc s’investit et investit dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement.

Parallèlement l’aide au développement des pays ou institutions étrangères contribue pleinement à cette effervescence de projets, à ce Maroc qui bouge (exemple parmi tant d’autres : partenaires de l’INDH, de l’agence de Développement Social). L’union européenne, la Banque Mondiale, les coopérations étrangères bilatérales (France au travers notamment de l’Agence Française de Développement, allemagne, Etats-unis, Japon, etc.) participent activement au développement du pays en injectant des fonds (sous forme de subventions, de crédits, etc.) sur lesquels l’Etat marocain, les ministères, les associations comme l’ensemble des secteurs de l’économie marocaine s’appuient pour mener leurs activités.

Mais qu’est ce qu’une telle manne financière implique dans l’autonomie de ces institutions ou organismes ? Quelle est la marge de manoeuvre dont bénéficient associations comme organismes publics ?

Au-delà, la facilité qu’ont certains secteurs, certaines "priorités", certains axes d’action (selon l’approche adoptée), à trouver des financements amène à s’interroger sur l’impact concret que permettent ces fonds pour la population dans sa globalité. On a parfois l’impression qu’au-delà des négociations inter-étatiques ou institutions/Etat (et aussi du fait de), des fonds sont alloués à des lignes d’actions (domaine, type, approche, etc.) qui n’attendent que l’émergence d’organisations pour s’en saisir. Combien de milliards de dirhams ont été affectés à des projets fantômes ou déconnectés de la réalité ?

Finalement, l’offre de financement doit-elle être à la base de l’action ou l’action doit-elle être réfléchie, planifiée, argumentée et amenée à des négociations quant à la manière de mener les actions, les priorités des actions, les approches à soutenir et les besoins en financement ?

Le Maroc est devenu le laboratoire de la mise en œuvre de certaines mesures sociales, reformes économiques (retraites anticipées des fonctionnaires, subventions ou suppressions de subventions à la consommation, boom de la construction de logements sociaux, etc.). Si ces mesures paraissent aux premiers abords bénéfiques, elles ont conduit à des effets pervers (main mise sur les logements sociaux par des spéculateurs privés, problèmes liés aux nombreux départs de fonctionnaires, au paiement de leurs retraites et à leurs activités postérieures rémunérées) qui semblent dépasser parfois les personnes chargées de leur mise en œuvre et ne pas toujours être pleinement évaluées par leurs promoteurs.

Sans entrer dans le grand débat sur l’impact de politiques financées par l’extérieur et mises en œuvre à l’intérieur, avec plus ou moins de conviction, c’est le problème de la prise d’une certaine distance par rapport à ces bouleversements rapides, à ces mesures quotidiennes, qui se posent à l’ensemble des marocains.

La communication et la publicité faite autour de ces projets de développement et de lutte contre la pauvreté, donne quotidiennement l’impression au téléspectateur de vivre dans un monde où la solution aux problèmes qu’il connaît apparaîtra prochainement au journal télévisé, parmi les nombreuses bonnes nouvelles et belles initiatives prises. L’effet d’annonce peut être trompeur quant au résultat réel.

La pauvreté subsiste et est bien présente. les manifestations de diplômés chômeurs sont quotidiennes, l’accès aux soins n’est pas garantie, des manifestations "de la faim" ont lieu.

Tout ceci ne veut nullement dire que rien n’est fait. Les chiffres de l’économie marocaine sont bons. Le taux de croissance pour l’année 2008 est de 6,2%. De nombreux problèmes, notamment sociaux, connaissent une avancée incontestable. C’est l’importance des fonds disponibles et mobilisés qui posent question par rapport à l’évolution concrète pour la population marocaine dans son ensemble. Ainsi, à qui profite cette croissance ? Si le pays s’enrichit incontestablement, les résultats de la manne de tous les investissements « consentis » n’est pas avérée pour l’ensemble de la population.

La pauvreté diminue au Maroc mais une partie non négligeable de la population vit encore dans la pauvreté et le niveau de niveau de vie de la majorité ne s’améliore que lentement, laissant plâner le risque d’un glissement rapide vers la précarité. Le problème serait plus celui d’un mauvais ciblage, d’une dispersion des efforts et d’un trop pleins de projets, voire d’argent, préalablement à une réflexion globale sur les objectifs menés et les modalités à mettre en place pour les atteindre.

L’enquête « Ciblage géographique de la pauvreté : pour une meilleure répartition des budgets de lutte contre la pauvreté », du Haut commissariat au plan, dont les résultats ont été rendus publics jeudi 27 mars, révèle que ce sont les ménages les plus aisés qui ont bénéficié le plus des subventions de l’Etat. l’Etat a dépensé plusieurs milliards de DH sans que le taux de pauvreté n’évolue significativement. Par exemple, les 20% les plus aisés des ménages totalisent plus de 40% des subventions alimentaires et plus de 50% des aides à l’enseignement secondaire et supérieur.

A cela s’ajoute, l’offensivité des crédits à la consommation et immobiliers qui incitent une population, dont on ne peut garantir la capacité de remboursement, à une consommation à court terme. Le risque de surrendettement est bien là, alimenté par la hausse du coût de la vie, l’augmentation des prix et des modes de consommation en pleine évolution (part attribuée à l’alimentation, etc.).

Source : Haut commissariat au plan Maroc, enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages, 2000-2001.


[1] Rapport entre le résultat obtenu et les ressources utilisées

[2] autoroutes, chemins de fer, port Tanger-med, vallée du Bouregreg, etc.

[3] [la vie économique, vendredi 18 juillet, p10




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