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Maroc / Droits des étrangers /

Des migrants subsahariens plus engagés dans la connaissance de leurs droits et dans la société civile
18 juin 2008 par Nadia Khrouz

Les réseaux d’associations œuvrant dans la défense des droits des migrants se sont considérablement développés et renforcés au Maroc depuis fin 2005 notamment.

La mise en place et le renforcement des réseaux militants.

La plateforme migrants s’est constituée autour d’une dizaine d’associations impliquées au Maroc en vue
- d’une meilleure efficacité des actions entreprises en faveur de la population migrante, en particulier subsaharienne,
- d’un renforcement de la coordination, des échanges et de l’information,
- de la mise en synergie des ressources et moyens dont chacun dispose, Et ce, dans le respect de la spécificité de chaque organisation membre. La plateforme migrant a été à l’origine et organisatrice de la conférence non gouvernementale euro-africaine sur les migrations, les droits fondamentaux et la liberté de circulation du 30 juin et 1er juillet 2006 (Harhoura) et de son manifeste dit de Rabat.

Cette conférence a été le moyen de faire se rencontrer des associations agissantes au Maroc ou venues d’Europe et d’Afrique, autour d’ateliers et de débats sur le respect des droits fondamentaux, la liberté de circulation pour tous, la réhabilitation du droit d’asile, les politiques sécuritaires, le développement et le partage de la prospérité, les politiques d’accueil et d’intégration pour les droits du travailleur et du citoyen migrant, etc.

De cette dynamique a émané un comité de suivi dit du manifeste euro-africain, chargé de veiller et de soutenir l’avancée des revendications et des principes prônés dans le manifeste. La plateforme migrants s’est aujourd’hui effacée face à la dynamique du manifeste euro-africain. Ainsi, le réseau s’est élargi et les membres, rattachés à des coordinations nationales, agissent dans le cadre d’un réseau euro-africain (en lien également avec d’autres réseaux comme le réseau Migreurop [1]) dont les membres tentent d’agir ensemble notamment dans le cadre de campagnes de mobilisation conjointes (ex : Forums Sociaux, FSMM).

Migrants et connaissance de leurs droits.

Selon l’enquête menée par la Cimade et l’AFVIC en octobre 2004 [2], 81% des subsahariens rencontrés, ont répondu ne pas connaître les législations marocaines et européennes sur l’immigration.

Conscientes du flou qui entoure les droits des migrants, l’AFVIC et la Cimade ont organisé en 2005 la formation Asil’Maroc, relative à la protection des réfugiés et à la situation des migrants et des demandeurs d’asile en transit au Maroc, qui avait pour but de "renforcer les capacités des militants dans le domaine de l’aide individuelle aux demandeurs d’asile et aux migrants mais aussi plus généralement d’alerter les acteurs associatifs sur les enjeux relatifs aux questions migratoires, au niveau national, européen et international" [3].

Au-delà, cette formation a permis à des représentants ou bénévoles d’associations regroupant des demandeurs d’asile, réfugiés ou migrants [4] de bénéficier d’un apprentissage concernant leurs droits et le contexte des décisions politiques prises. D’autres initiatives similaires dont ont pu bénéficier des migrants subsahariens notamment irréguliers ont été menées (conférences, rencontres, réunions de réseaux, etc.). Mieux informés, les actions des militants subsahariens sont maintenant plus ciblées et leurs positions plus marquées dans le cadre des réseaux militants.

Les associations de migrants subsahariens dans la société civile [5] marocaine

Ayant été les premières à dénoncer la situation des migrants autour notamment des évènements de Ceuta et Melilla, les associations d’aide aux migrants et de défense des droits de l’Homme ont continuées à se mobiliser au travers d’abord de la plateforme migrants, dans un ensemble d’actions et de dénonciations des violations des droits des migrants (rapports, communiqués, réunions, etc.). Parallèlement, les migrants subsahariens se rendent de plus en plus visibles, au travers notamment d’une véritable inflation d’associations [6] ou collectifs de migrants constitués selon la communauté nationale [7], selon le statut [8], selon l’orientation et/ou l’attache politique [9] et plus récemment selon le sexe (association des femmes subsahariennes au Maroc). Les migrants se regroupaient déjà souvent sous la bannière d’une communauté nationale plus ou moins organisée et hiérarchisée.

Les associations « pionnières » (ARCOM, le Collectif des réfugiés, le Conseil des migrants subsahariens (CMSM), …) existent toujours, ont subies des changements (ex : réinstallations de membres à l’étranger) et de nouvelles associations ont été créées comme l’ADESCAM [10], Réfugiés Sans Frontières-Maroc, l’association des migrants maliens, ... Ces associations de migrants subsahariens n’existent que par la reconnaissance qu’en ont les migrants et la société civile dans son ensemble [11]. Les formations et l’information dont bénéficient les migrants subsahariens (réunions, conférences, contacts réguliers avec d’autres associations, presse, etc.) ont permis l’émergence de revendications claires et certains migrants n’hésitent plus à revendiquer leurs "droits" (communiqués, sit-in, etc.). Les revendications des migrants subsahariens au Maroc trouvent aussi leur cadre d’action dans le mouvement militant marocain et européen qui les soutien et les protége par des initiatives conjointes (manifestations, manifestes, conférences) et par des relations constantes maintenues qui permettent de réaliser un véritable travail de vigilance (intérêt des listes de diffusion) et de plaidoyer. Néanmoins, une majorité de migrants reste distante des associations et de la connaissance de leurs droits, ne se sentant pas concernés, cherchant d’abord et essentiellement à survivre ou semblant ne se faire aucune illusion quant à l’impact de l’action associative et militante sur leur « sort ». J’ai pu faire le constat de la présence largement majoritaire de congolais et d’ivoiriens dans les associations et dans l’espace public en général. Il est ainsi intéressant de constater que certaines communautés (sénégalais, maliens, nigériens) s’y impliquent très peu par manque de relais et d’informations et parce que pensant souvent que leur cas n’est de toutes manières pas défendable , leur préoccupation première reste de survivre et de s’en sortir autrement. Les initiatives et revendications des réfugiés à l’encontre du HCR (et par ce biai pour leur reconnaissance par les autorités marocaines) sont régulières, comme l’atteste le sit-in mené devant le HCR récement concernant la survie des réfugiés et les micro-projet financés par l’organisation onusienne [12] . Ces actions consolident un mouvement associatif amené à terme à se saisir de différentes questions relatives aux droits des migrants, au fur-et-à -mesure de l’avancée du Maroc sur la voie du respect des droits de l’Homme en général et des migrants en particulier.

La journée mondiale des réfugiés sera l’occasion de rendre davantage visible les problématiques liées à cette population. Au-delà, et dans un souci de ne pas se laisser dominer par des catégorisations réduisant la réalité et pouvant être discutées, cette semaine a été l’occasion pour l’ensemble des associations d’exprimer leurs revendications.

C’est ainsi que le Comité de suivi Maroc de la Conférence euro-africaine non gouvernementale « Migrations et Développement » organisera, ce jeudi 19 juin, en partenariat avec la Commission de la législation, de la justice et des droits de l’Homme de la Chambre des représentants, une journée d’étude et de sensibilisation au Parlement marocain sur les thématiques de « L’Asile et de la migration » [13].

"L’accès à la justice est la conséquence de l’existence de droits, mais l’accès à la justice peut aussi être le moyen d’accéder au droit" [14].


[1] Sont notamment membres de Migreurop l’ANAFE, l’AMDH, l’ARCI, l’APDHA, l’ATMF, la CIMADE, le GISTI, l’IPAM, la LDH Belge, ainsi qu’à titre individuel, des universitaires (Abdelkrim Belguendouz, Mehdi Lahlou, Alain Maurice, Jérôme Valluy) et militants associatifs (Hicham Rachidi).

[2] WENDER Anne Sophie (dir.), Gourougou, Bel younes, Oujda : la situation alarmante des migrants subsahariens en transit au Maroc et les conséquences des politiques de l’union européenne, Cimade, Service des Solidarités Internationales, octobre 2004, p23.

[3] AFVIC, Cimade, Actes de la formation Asil’Maroc, juin 2006, p3

[4] Notamment bénévoles d’associations caritatives comme Caritas ou le CEI, membres du Conseil des migrants subsahariens, de l’ARCOM.

[5] La société civile correspond à l’"ensemble des mouvements, associations ou simples citoyens, indépendants de l’Etat, dont le but est de transformer, par des efforts communs, les politiques, les normes ou les structures sociales, à l’échelon national ou international", sur http://www.ritimo.org/F/Droit/DHmulti/f0121_ess_dhmulti_glossaire.html

[6] Inflation également visible pour les associations marocaine en lien avec la thématique migratoire.

[7] Avec les différents représentants de communautés nationales ex : communauté ivoirienne, sénégalaise, etc.

[8] Association des réfugiés et demandeurs d’asile congolais au Maroc (ARCOM), collectif des réfugiés, Réfugiés Sans Frontières, CESAM pour les étudiants et stagiaires.

[9] Pro-mobutiste/anti-mobutiste par exemple chez les congolais.

[10] association de sensibilisation et de développement des camerounais migrants au Maghreb

[11] N’ont aucune existence officielle.

[12] voir à ce sujet l’article concernant un sit-in en juin 2007... qui n’a pas été le seul à être mené

[13] malgré un nombre restreint de participants, parmi les migrants notamment, cette journée pourrait constituer un moyen de plaidoyer et de sensibilisation non négligeable

[14] FRANGUIADAKIS Spyros, JAILLARDON Edith, BELKIS Dominique, En quête d’asile : aide associative et accès au(x) droit(s), collection droit et société, Paris, 2004, p20.




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