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Maroc /

Le Festival Mawazine à Rabat, c’est fini !
2 juin 2008 par Nadia Khrouz

La saison des festivals au Maroc a commencé et c’est avec un grand plaisir que j’ai considéré non seulement qu’assister à certains concerts me permettrait de ressentir l’ambiance et la chaleur de la foule marocaine mais que sous-jacent à ces concerts, la connaissance de la culture de l’autre au travers de la musique pouvait servir au rapprochement entre population subsaharienne notamment et population marocaine… les découvertes ont été bien plus larges !

Mawazine, c’est 9 jours et 40 pays représentés.

Du fait de mon emploi du temps, je n’ai pu assister qu’à certains concerts en particulier (Rokia Traoré, Al di Méola, Goran bregovic et Georges Benson) qui ont été pour moi marquants et m’ont fait percevoir l’importance de cet événement dans l’agenda touristique mais surtout comme événement populaire marocain et d’accès à la musique pour tous.

C’est lors du premier concert, où je me suis rendue seule, que j’ai le plus senti le climat, l’état d’esprit du public, près d’une barrière face à un écran géant où apparaissait le concert en live et Georges Benson ! Alors que le festival s’est tenu sur 9 scènes de la ville, je n’en ai faites que 4 et mes deux premiers concerts ont eu lieu sur les berges du fleuve Bouregreg que je redécouvrai depuis mon arrivée.

Arriver dans des rues pleines de jeunes, de familles, …, déboucher sur le fleuve Bouregreg et découvrir les changements découlant de l’aménagement des berges qui ont transformé le paysage. Longer la corniche, le Bouregreg d’un côté (et ses barques que je craignais disparues), la médina (et ses remparts en restauration) de l’autre. ... Les berges ne risquent-elles pas d’être appropriées par une population plus aisée ou par davantage d’hébergements touristiques et donc de dénaturer ce patrimoine ? Quelles ont été les réactions à ce projet ?

L’aménagement de la corniche de Rabat et des berges du Bouregreg

Les opposants et les soutiens à ce projet d’aménagement du Bouregreg continuent de s’affronter. Il semblerait néanmoins que cette opposition se soit adoucie avec le temps. Le projet aurait il convaincu le plus grand nombre ? Certains expliquent cet adoucissement par des actions de la part des « responsables » du projet pour faire taire toute contestation (en monnaie sonnante et trébuchante ? en contrepartie ? ou par la force de la conviction ?). Il est vrai que ce projet est d’une ampleur énorme, intégrant non seulement l’aménagement des berges mais également la construction d’un tunnel passant le long des Oudayas [1] sensé désengorger la circulation (et notamment celle des camions), l’aménagement de la corniche de Rabat [2], le projet Technopolis [3], un port de plaisance pour les yachts, des hôtels, un centre de conférences internationales, des milliers de logements, des bureaux de luxe équipés en bureautique et en technologie sur 200.000 m2, des centaines de boutiques et de magasins sur 100.000 m2, des centres commerciaux, et théâtres, des places et des amphithéâtres en plein air, etc. Et tous ces aménagements s’accompagnent de la mise en service prévue pour 2010 d’un tramway composé de deux lignes de 18 km sur Rabat-Salé. Sur une partie du patrimoine marocain de Rabat/Salé, le projet de l’aménagement du Bouregreg et de la corniche de Rabat a mobilisé des sommes d’argent énormes, attiré des investisseurs de tous bords et notamment étrangers [4] qui peuvent nous amener à nous interroger sur l’utilité publique d’un certains nombre des orientations choisies.

Retour au festival Mawazine

Pour le moment, je viens écouter Georges Benson au festival Mawazine, le cadre est magnifique... et les barques sont toujours là ! En approchant de la scène, des groupes, de jeunes hommes essentiellement, avancent dans la même direction. Nous longeons la corniche et les carrés d’herbes surveillés par des vigiles qui chassent tous ceux que le trottoir ne satisfait pas, attirés par les espaces fraîchement amenagés, quasiment vierge, aggrémentés de bancs et d’une pelouse accueillante … mais pourtant encore inaccessible au public.

Le rang du fond : les mobylettes et les vélos qui permettent à leurs propriétaires d’avoir un siège pour toute la durée du concert et de profiter du spectacle grâce aux écrans géants disposés tout autour. Quelques vendeurs à la sauvette : cigarettes (pas pour moi, seule et fille j’aimerai ne pas me coller une image qui pourrait mettre à mal ma tranquilité...), biscuits, pépites et autres friandises. Le service d’ordre et de sécurité est largement présent (personnel du festival et forces de l’ordre), en civil ou en uniforme. Je m’avance dans la foule et me trouve un petit coin d’où je peux voir Georges Benson de loin, avoir un écran géant à proximité, des jeunes autours et derrière moi une vue imprenable sur la voie de passage des VIPs. Un intérêt particulier pour moi à voir les personnes pénétrer au devant de la scène dans le carré VIP [5] : invités [6], spectateurs ayant payé leur entrée [7] et ceux qui parviennent à soudoyer les « videurs ». Les « videurs » en question avec qui j’échange quelques boutades me proposent de passer… je préfère rester dans l’ambiance chaleureuse qui m’entoure et avec les jeunes qui, comme moi, s’amusent des négociations de ceux qui veulent absolument intégrer la zone des « privilégiés ». Le retour de ce concert se fait au pas de course, la fin du concert ayant été saluée par une averse qui fait fuir les spectateur d’un seul et même élan, ce qui accroît un sentiment de cohésion qui ôte d’office toute crainte de marcher seule dans des ruelles sombres.

Une adhésion du public

Au cours des différents concerts que j’ai pu faire, belle ambiance ! Découverte et décalage apparent du public marocain pour le concert de Goran Bregovitch dont les magnifiques chœurs ont moins touché que la très rythmée « kalashnikov » ; une adhésion complète et une « standing ovation » impressionnante pour Al di Méola de la part du public du théâtre Mohamed V, le seul concert payant ou sous invitation auquel j’ai tenu d’assister. L’adhésion du public à une grande partie des concerts semble avoir été acquise (de Ziggy Marley au mythique groupe marocain nass el ghiwane) et quel plaisir d’écouter des groupes du monde entier ! La présence de musiciens subsahariens et d’artistes symboles des ponts entre les cultures que sont Dee Dee Bridgwater et Rokia Traoré notamment ont leur importance quand les liens entre les marocains et leurs voisins du sud semblent tantôt étroits et tantôt si violemment distendus. Au cours de ces concerts, et contrairement à celui de Youssou N’dour auquel j’ai assisté en 2006, je n’ai pas constaté de présence sugnificative des subsahariens au Maroc.... peut être trop de présence policière, peut-être des scènes parfois inaccessibles parce que trop éloignées de leurs lieux de résidence,...

Le succès de Mawazine et la saison des festivals au Maroc

Le festival Mawazine a eu un succès qui a su m’impressionner [8], pour ses invités extérieurs comme pour la valorisation de la musique nationale. Il a permis à une portion importante de la population de se divertir au son de musiques variées et qui ont été globalement incontestablement appréciées. Les nombreux sponsors et le coût non négligeable de cet événement [9], soutenu également par le contribuable marocain, auront-ils ainsi été justifiés ? La clôture du festival s’est faite en grand avec 80 000 spectateurs et la chanteuse Withney Houston qui a empoché le cachet le plus élevé après avoir été accueillie au palais royal de Skhirat pendant son séjour. Le festival Mawazine fait donc partie des événements de grande ampleur dans la multiplicité des festivals qui se sont créés et qui continuent de se créer au Maroc. Certains s’épanouissent, d’autres se spécialisent, d’autres encore disparaissent n’attirant pas assez ou n’ayant pas assez de fonds pour continuer. La dynamique est néanmoins agréable même s’il me semble très difficile de pouvoir assister au festival Tanjazz qui vient de commencer, à celui des musiques du monde d’Essaouira, au festival Jazz au Chellah (Rabat) qui commence dans deux semaines, etc. Comment les étudiants ont-ils su gérer leur période de révision pour leurs examenx de fin d’année et leur présence au festival Mawazine ?

Informations complémentaires :

1) Concernant le projet d’aménagement du Bouregreg : http://www.bouregreg.com/ ?lang=fr&Id=73&RefCat=36 http://www.dailymotion.com/video/x29bvh_projet-bouregreg-travaux-vont-bon-t_politics http://www.rabat.ma/index.php/content/view/557/1/ http://www.maroc-hebdo.press.ma/MHinternet/Archives_653/html_653/2milliard.html

2) Concernant le festival Mawazine http://www.festivalmawazine.ma/ http://www.lematin.ma/Actualite/Express/Article.asp ?id=91289


[1] vieux quartier entouré de remparts, face à la ville de Salé et à l’océan

[2] Investissement de 30 milliards de DH avec création de 30.000 emplois dans différentes activités.1€ = 11,41dirhams

[3] Premier parc multimédia de la région lancé sur 300 ha à Salé

[4] Dubaï International Properties

[5] premiers rangs, moins « populaires », où ne se posent aucun problème de visibilité

[6] des invitations permanentes circulent dans les milieux proches des "organisateurs" … nombreux

[7] 400dh pour avoir accès au carré VIP

[8] ex : affluence pour le concert du DJ David Vendetta

[9] avec soutien de la région et des villes de rabat et Salé




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