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Maroc / Mobilisations citoyennes / Droits des étrangers /

Les questions qui se posent à l’organisation du FSMaghrébin au Maroc en juillet 2008
12 mai 2008 par Nadia Khrouz

La participation à la réunion préparatoire du FSMaghrébin du 2 mai 2008 m’a permis de percevoir et de pressentir certaines interrogations et risques inhérents à l’organisation d’un tel événement. Les questions à l’ordre du jour concernaient notamment le lieu de la tenue du forum, les objectifs de participations et la gestion des inscriptions, les questions de financement, etc.

Au-delà du côté organisationnel, ce sont des préoccupations liées à l’accès à l’information et à l’espace d’expression que constitue le Forum Social pour le plus grand nombre qui peuvent être soulevées. A cela s’ajoute la prise en compte nécessaire du contexte socio-politique dans lequel se tient chaque Forum Social et de l’évolution des mouvements qui constituent la dynamique de la société civile. Les organisateurs se doivent donc d’être en phase avec les acteurs de terrains, leurs revendications et leurs mobilisations pour permettre à ces préoccupations de s’exprimer. Cette seule affirmation soulève ses difficultés : comment évaluer les préoccupations de la population ? Quelles organisations peuvent se prévaloir d’être porte-paroles des préoccupations principales de la population ?

La participation de mouvements sociaux diversifiés

De tels événements nécessitent la constitution de comités d’organisation et de réflexion qui permettent une répartition des tâches et une cohérence dans l’organisation. Au-delà s’ajoute l’intégration à l’organisation de mouvements sociaux diversifiés. La constitution de tels groupes pose la question des modalités d’intégration des organisations de la société civile à la dynamique. Ainsi, comment mobiliser les organisations de la société civile ? Quelle communication met-on en place et comment est envisagée la participation des associations volontaires ? Comment se constituent les groupes organisateurs et fixant les axes thématiques (assiduité aux réunions, prédominance sur la scène publique, disponibilité, etc.) ? Soulignons ici le fait que le rôle des organisateurs n’est pas d’orienter le débat mais de fixer des lignes générales permettant l’expression libre et diversifiée des participants. Néanmoins, quels impacts le choix des organisateurs et par ceux-ci des thématiques et des axes de travail peuvent-ils avoir sur l’orientation donnée aux débats lors du Forum ? En effet, la multiplication des Forums Sociaux à travers le monde amène à s’interroger sur les risques de la banalisation de ces événements et de reproduction d’une domination de certains courants idéologiques ou de certaines associations dominantes (« mouvances associatives »). De plus, selon quelles modalités peuvent s’organiser ces événements pour les maintenir dans leur cohérence et dans l’objectif affiché (un lieu d’expression libre et de mise en réseau de la « société civile »).

Quels participants ?

Doit-on laisser le Forum ouvert à tous sans conditionnalité pour atteindre une liberté d’expression « optimum » (si tant est que cela soit possible) ? Un Forum ouvert sans qu’un nombre de participants limité soit fixé pose des problèmes logistiques non négligeables. La condition d’inscription préalable de tout participant adhérant aux objectifs et à la philosophie du Forum Social semble avoir été l’option choisie par la majorité des Forum Sociaux organisés de par le monde (et notamment au FSM de Porto Alegre). La possibilité éventuelle de permettre aux personnes non-inscrites d’assister ou de participer à certaines activités déterminées amène à d’autres préoccupations (sécurité, choix des espaces, etc.). Ainsi, en intégrant les questions logistiques et pour permettre une participation large et diversifiée, le comité d’organisation du FSMaghrébin a eu à debattre des objectifs de participation et des modalités de « gestion » des participants. Combien le FSMaghrébin peut-il contenir de participants ? Doit-on limiter le nombre de participants par organisation ?

La question de la prise en charge des frais de participation

Faut-il prendre en charge les frais de certains participants éloignés géographiquement et/ou dont les moyens financiers limités pourraient remettre en question leur participation ? Quels sont les délais qui doivent être fixés pour une demande de prise en charge financière ? Quelle(s) prise(s) en charge doit(vent)-être proposée(s) (billet d’avion, repas, hébergement, per diem ?) ? Quelle peut-être la participation financière demandée pour chaque participant au Forum et qui se doit de rester symbolique tout en contribuant à la bonne tenue de l’événement ?, etc.

Ces choix déterminent des éléments essentiels de l’organisation.

D’autres contraintes liées au lieu de déroulement du Forum

Existent-ils des espaces permettant l’organisation de tels événements ? Sera-t-il possible d’obtenir l’autorisation des autorités ? Sous quelle(s) condition(s) ? Quelles sont les possibilités d’hébergement possibles (avec ou sans prise en charge) ? Avec quels moyens peut-on assumer l’organisation de l’évènement ? Faut-il chercher des financements ? Qui doit s’occuper et être responsable de la logistique induite par l’organisation du Forum ? Les organisateurs n’étant pas des professionnels en organisation d’évènements mais des organisations de la société civile, l’organisation du Forum Social constitue une charge supplémentaire qui s’ajoute aux activités quotidiennes de la structure et de ses membres. Face à ce constat, j’ai pu me demander si le retrait de certains acteurs de terrains n’en découlait pas. Est-ce que le fait de participer activement à l’organisation d’un événement n’induit pas le risque de s’approprier l’événement en lui-même en mettant les autres associations, peut-être moins disponibles, au second plan et de limiter la diversification des opinions exprimées au cours du Forum Social. Un partage des tâches, le plus poussé possible, en lien direct avec une large communication, constituent une garantie supplémentaire contre ces dérives.

La nécessité de communiquer largement

La communication induit non seulement l’échange d’informations mais permet également, dans le cadre du comité d’organisation, de débattre et de prendre en compte la diversité des opinions dans toute prise de décision majeure. Les modalités de communication établissent dans une large part la visibilité, l’impact et la légitimité de la manifestation en tant que Forum Social (selon ses modalités d’organisation, d’ouverture à une participation large et dans le respect des objectifs affichés).

C’est au travers de remises en question de l’ordre établi que le FSM a joué un rôle dans l’émergence d’une nouvelle culture politique. Soulignons le fait qu’une fois les questions posées, la réponse ne correspond pas toujours au règlement partiel ou complet du problème mais à l’intégration des risques induits dans l’organisation et l’évaluation de l’événement, pour tendre toujours plus vers une amélioration de la dynamique. Le Forum Social devient alors « un processus permanent de recherche et d’élaboration d’alternatives » (2ème point de la Charte des principes du Forum Social Mondial ).

Pour ce qui est du FSMaghreb prévu en juillet 2008, l’état d’esprit est le même que pour les autres Forums Sociaux organisés au Maroc et les thématiques retenues [1] semblent effectivement bien d’actualité !


[1] Mouvements sociaux (syndicats, mouvements revendicatifs, travail de proximité) / démocratie, droits de l’homme et diversité culturelle / les migrations / résolution des conflits au Maghreb / les femmes / les Jeunes / Eau et environement / Impérialisme et militarisme / Culture et média




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