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Turquie / Exclusion urbaine /

Urgence à Istanbul : Sauver le quartier Rom ! Retour sur une mobilisation médiatique
12 novembre 2007 par Derya

Aux abords des murailles byzantines, le quartier rom d’Istanbul, Sulukule, est sous la menace de disparaître au nom du renouvellement urbain. Une telle menace indigne, mobilise, rassemble.

Tension à Sulukule

« Le quartier de Sulukule ? L’établissement le plus ancien de l’Histoire de ce peuple, 11ème siècle », dit-on fièrement à Istanbul. Célébré pour ses musiciens, convoité pour son charme pittoresque par le 7ème art. Jadis. Novembre 2005. La mairie se donne la mission d’éradiquer les quartiers insalubres. Celui des roms est visé. Situé sur la péninsule historique classée patrimoine mondiale de l’Humanité par l’UNESCO, renouvellement urbain rime pourtant ici avec démolition, destruction et déplacement de population. 571 familles doivent quitter le quartier [1]. Ce projet mené par la mairie de Fatih (arrondissement d’Istanbul) et l’agence pour le développement du logement (TOKI) excluent les habitants du processus de participation et de décision. On prévoit de déplacer ces familles dans des appartements neufs à 50 km au nord de leur quartier. Ce projet alarme : les nouveaux loyers sont 10 fois plus chers [2]. Décembre 2006. La décision d’ « expropriation d’urgence » votée par le Conseil des Ministres crée un mouvement de panique et d’incertitude chez les habitants. Le maire de l’arrondissement de Fatih, Mustafa Demir, proclame pourtant que c’est « le projet le plus social » qu’il soit !

24 mars 2007 : que les Roms soient célébrés !

A l’initiative de l’association pour la solidarité et le développement de la culture rom de Sulukule (l’association du quartier) et les ONGs Accessible Life Association et Human Settlement Association, une campagne de sensibilisation est organisée : « 40 jours 40 nuits Sulukule ». Jusqu’à la mi-mai, une série d’événements culturels (ateliers de musique, photo...dans le quartier, concerts et bals tziganes, films, conférences et colloques) rythme la métropole. Cette manifestation folklorisante est fortement médiatisée : télévision, internet, affiches dans la ville...Comme le souligne l’architecte-militante Asli Kiyak Ingin, « Sulukule a fait connaissance avec Istanbul et Istanbul a fait connaissance avec Sulukule ». Et, pourtant. Cette mobilisation prend cette tournure dans l’urgence pour éviter les opérations de démolition : il faut agir, marquer l’opinion publique, ouvrir le débat. Les outils juridiques ne sont plus suffisants pour alerter et faire entendre la voix des roms d’Istanbul. Cette idée naît alors en janvier autour d’une plateforme rassemblant 200 personnes (artistes, musiciens, représentants de la société civile, architectes, sociologues, universitaires). Campagne réussie ! Cette manifestation menée tambour battant « réveille » les consciences et rappelle l’importance de ce quartier dans l’identité et la mémoire urbaine de la métropole. Intérêt et soutien de la société civile mais surtout arrêt des démolitions.

Pour quel projet de ville ?

Des réunions participatives commencent entre la mairie et les habitants. « On ne veut pas être assimilé ! Nous sommes turcs et roms ! », disent les représentants du quartier. Quitter Sulukule, c’est déjà perdre « quelque chose » de son identité. Mais à qui le faire comprendre ? Depuis ces dernières années, ces habitants vivent véritablement repliés sur eux-mêmes –aidés par des liens de solidarité entre famille et/ou voisinage. En particulier à partir de 1991, date à laquelle leurs tavernes animées ont fermé sur décision municipale pour des soi-disant raisons morales...Précarité sociale, précarité économique et aujourd’hui précarité résidentielle. Et, Istanbul s’apprête à devenir Capitale Culturelle de l’Europe en 2010. La métropole rêve, guidée par le mythe de « modernité » et du vieux continent. Ce projet de renouvellement urbain est en réalité un déplacement programmé de population. Toutes les stratégies employées sont bonnes, même mafieuses. La question est de savoir : est-ce contre les roms ? est-ce pour l’image de la métropole ? En attendant, on veut détruire l’Histoire, reconstruire des logements de beau standing, écarter les roms... Aujourd’hui, entre 200 et 300 habitants ont abandonné Sulukule ; une vingtaine de maisons sont démolies ; certains propriétaires ont vendu leur maison sous la menace. Mais rien n’arrête les habitants soutenus par l’ONG Human Settlement Association : la bataille politique et juridique continue ! Il faut un temps pour danser, il faut un temps pour résister.

Pour en savoir plus :

www.40gun40gecesulukule.com


[1] dont à peu près 300 sont propriétaires

[2] de 50/100 lires turques (30/60 euros), ils passent à 500/800 lires turques (300/470 euros)




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