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Turquie / Exclusion urbaine /

A İstanbul, la concertation pour le quartier rom : tournant difficile et trompeur
12 décembre 2007 par Derya

Le vendredi 7 décembre a lieu la réunion (prévue initialement le 30 novembre) pour présenter le protocole pour la création d’une commission à multiples acteurs dans le cadre du projet de renouvellement urbain de Sulukule mené par la mairie d’arrondissement de Fatih. Quelle va être la légitimité d’une telle commission, au moment où la mairie s’engage progressivement dans la mise en oeuvre de son projet ?

« Plateforme de l’initiative civile »

Tous les partenaires sont présents pour cette réunion au centre culturel Zübeyde Hanım situé dans l’arrondissement de Fatih : la plateforme de Sulukule, les habitants, l’association de la solidarité et du développement de la culture rom de Sulukule, la nouvelle association Neslişah Sultan (impulsée par la mairie), les représentants du Comité İstanbul Capitale Culturelle de l’Europe 2010, les universitaires et les experts (chambre des urbanistes, chambre des architectes...). Personne ne sait vraiment quoi espérer de cette réunion, puisque l’attitude de la mairie a fortement remis en cause la signature d’un tel protocole. Au moment où les négociations étaient en cours, la mairie, elle, a mis en marche -étape par étape- les moyens de vider le quartier de ses habitants. [1] Doit-on encore s’étonner ou seulement assister à ce qui se passe sous nos yeux dans la « logique des choses » ? Cette réunion tant attendue n’est pas une réunion pour le protocole et pour la création de cette commission à multiples acteurs ! L’animateur de la réunion lui-même (académicien dans une université renommée) n’est pas au courant d’un tel protocole. C’est une « plateforme de l’initiative civile » (en turc, sivil insiyatif platformu) ! Chacun a le droit de s’exprimer sur le projet pendant 5 minutes. Vive le droit de parole ! La réunion dure 3 heures.

Fallait-il s’y attendre ?

L’ordre du jour : discuter et débattre des problèmes économiques et sociaux du quartier. Mustafa Çiftçi, chef du projet de la mairie, insiste : « c’est un projet physique et technique, ce n’est pas un projet social et culturel. Nous sommes réunis ici pour y apporter des solutions ensemble. » La prise de parole des intervenants prend ainsi deux tournures différentes : d’un côté, tous les partenaires rassemblés ici pour l’éventuelle commission mettent l’accent sur l’impératif de travailler ensemble et de signer ce protocole, de l’autre côté, les représentants de la nouvelle association évoquent les problèmes économiques et sociaux du quartier. Deux discours, deux logiques se font écho : tandis que les experts, les universitaires, les militants mettent en exergue l’irrecevabilité d’un tel projet d’un point de vue technique, éthique et culturel, les membres de la nouvelle association -et d’ailleurs les seuls- débattent des valeurs culturelles qu’il faut défendre pour leur quartier. İls rejettent l’identité de « rom » et celle de Sulukule -en faisant allusion en particulier aux lieux de divertissement. La mairie a réussi insidieusement mais sûrement à diviser les habitants mais surtout à effacer progressivement leur appartenance culturelle et les traces d’une culture.
Ce scénario n’a rien d’étonnant, lorsqu’on se souvient quelques semaines auparavant que la mairie ne voulait pas renoncer à son projet et considérait que le rôle d’une commission à multiples acteurs devait se concentrer sur les conséquences économiques et sociales du projet.

Mise en scène d’une participation

La plateforme de Sulukule et l’association de la solidarité et du développement de la culture rom de Sulukule sont dans l’impasse ; après les dernières évolutions, assister à cette réunion est obligatoire pour comprendre et « faire pression » pour la signature du protocole. La mairie utilise cette situation à son avantage et organise cette réunion sans prévenir qu’il n’est pas question ici de la signature du protocole pour la création d’une commission à multiples acteurs. Un doute subsiste pourtant : la mairie croit-elle qu’elle est en train de mettre en oeuvre un projet participatif ? Ce n’est pas impossible -lorsqu’on voit leur manière de penser et de concevoir un projet urbain. La mairie met en oeuvre son projet « technique », la mairie rassemble ONGs, experts et associations de quartier pour discuter et « résoudre » les problèmes économiques et sociaux et enfin la mairie les remercie de leur participation. İl faudrait juste rappeler les conditions d’une concertation aux pouvoirs publics -aux moins ces deux premières conditions : 1) articuler la concertation et l’action dans les projets, 2) cette dite concertation est efficace quand tous les acteurs partagent le même objectif.
Le projet de cette commission à multiples acteurs a sans doute cette ambition, mais lorsque l’objectif final n’est pas le même, que peut-on y faire ? Et, le protocole et sa signature ? On se quitte sans date pour une prochaine réunion. Mystère.


[1] lire l’article : « Au quartier rom d’İstanbul : la grande loterie »




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