Pour la dépénalisation de la vente ambulante ! En Espagne, le « top-manta » désigne la vente ambulante de CD, DVD pirates et autres marchandises, réalisée à la sauvette, sur des couvertures (manta = couverture en espagnol). Pour de nombreux immigrés, et en particulier pour les sans-papiers, le top-manta est parfois le seul moyen de survivre en Espagne. Les personnes qui ne disposent pas de permis de travail ont toutes les difficultés à trouver des moyens de subsistance en Espagne, et plus encore depuis le début de la crise économique qui touche particulièrement les domaines où il était relativement aisé de travailler au noir auparavant (construction, agriculture, services à la personne). C’est pourquoi la vente ambulante représente un moyen de survie pour des personnes démunies. Mais le top-manta est une activité illégale, passible d’amendes voire de peines de prison pouvant aller jusqu’à deux ans (article 270 du code pénal [1]). Plus de 60 "manteros" (vendeurs ambulants) sont actuellement en prison, pour « violation de la propriété intellectuelle ». Or, les manteros ne cherchent qu’à gagner leur vie, parvenant à réunir au maximum 300 euros par mois par le biais de cette activité. « Parce que survivre n’est pas un délit ! »A Madrid, les manteros sont essentiellement originaires d’Afrique subsaharienne et du Bangladesh. Depuis quelques temps, ils s’organisent autour d’une plateforme pour défendre leurs droits et revendiquer la dépénalisation du Top-Manta, avec l’appui d’un réseau de défense des droits des étrangers, le « Ferrocarril clandestino ». Le 12 février dernier, ils ont manifesté dans les rues de la capitale espagnole, depuis la Place de Lavapiés, dans un quartier populaire où résident et travaillent nombre d’entre eux, jusqu’à la Puerta del Sol, dans le centre de Madrid. Plusieurs centaines de manifestants ont défilé derrière le slogan : « Parce que survivre n’est pas un délit, dépénalisation du top-manta ». Parmi les manifestants, on trouvait bien sûr des manteros, mais aussi des habitants du quartier de Lavapiés, et autres espagnols qui soutiennent cette initiative. Certains brandissaient des pancartes arborant « j’achète des CD aux manteros », ou encore « aucun être humain n’est illégal ». Les manteros dénoncent les peines disproportionnées qui leur sont infligées (jusqu’à 3 000 euros d’amende, et parfois jusqu’à 2 ans de prison ferme), et l’acharnement des policiers à leur encontre. L’alternative à l’exécution de la peine de prison est l’expulsion accompagnée d’une interdiction du territoire. Les manteros vivent donc dans la peur permanente d’être arrêtés par la police et placés en détention ou expulsés du pays. C’est pourquoi la plateforme réunissant l’association des sans-papiers de Madrid, le Ferrocarril clandestino et d’autres mouvements de soutien aux immigrés demande la dépénalisation du top-manta, de façon à arrêter cet acharnement contre les personnes démunies. [1] Article 270.1 du Code pénal espagnol : “Será castigado con la pena de prisión de seis meses a dos años y multa de 12 a 24 meses quien, con ánimo de lucro y en perjuicio de tercero, reproduzca, plagie, distribuya o comunique públicamente, en todo o en parte, una obra literaria, artística o científica, o su transformación, interpretación o ejecución artística fijada en cualquier tipo de soporte o comunicada a través de cualquier medio, sin la autorización de los titulares de los correspondientes derechos de propiedad intelectual o de sus cesionarios.” |
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