Les associations SOS Racismo, Ferrocarril Clandestino et Médicos del Mundo ont déposé simultanément trois plaintes devant le Juge d’instruction de Madrid, après avoir pris connaissance de deux témoignages écrits de personnes retenues dans ce centre. Ces témoignages dénoncent des conditions de détention déplorables (nourriture de très mauvaise qualité, manque d’hygiène, restriction de la communication avec les proches, assistance médicale déficiente,…) et les mauvais traitements dont sont victimes les étrangers dans ce lieu : insultes, attitude méprisante des policiers et coups. Ils rapportent en particulier l’agression des policiers sur un détenu algérien dans la nuit du 1er au 2 février 2009.

« Le dimanche 1er février, entre 11h du soir et 2h du matin, [les policiers de garde] sont entrés dans une cellule et ils ont agressé deux compagnons arabes. Ils leur ont administré de tels coups que le retenu n°21 a eu la main cassée. Aujourd’hui 2 février à 10h du matin, il n’a toujours pas été examiné. » [1] Témoignage corroboré par une seconde lettre récupérée par les associations : « Nous dénonçons les mauvais traitements physiques et psychologiques que le retenu […] a reçus. Les gardiens sont entrés dans sa cellule à environ 2h30 du matin, ils l’ont forcé brutalement à se lever et, sans raison, ils l’ont poussé et frappé, lui cassant la main et le bras. Son numéro de retenu est le 21. On ne peut pas communiquer avec lui car ils l’ont isolé. Pour quelles raisons ? » [2]

centre de rétention de Madrid

Les militants de SOS Racismo ont voulu entrer en contact avec le retenu blessé, sans succès.

« Lors d’une première visite, le fonctionnaire de police en charge nous a informé que le retenu ne pouvait pas recevoir de visite car il jouait dans la cour, version qui nous a semblé étrange puisqu’il neigeait ce jour-là. Le jour suivant, nous sommes retournés au centre à l’heure des visites pour nous entretenir avec ce détenu et on nous a informé que ce dernier se trouvait en cellule d’isolement et ne pouvait donc pas recevoir de visite. » [3]

Ce fait n’est pas isolé. Les témoignages de coups et blessures sur des personnes retenues sont récurrents. Le 20 février, le quotidien El Publico rapportait qu’ « un avocat a porté plainte contre le directeur du Centre d’Internement pour Etrangers (CIE) de la Zone franche de Barcelone pour avoir frappé, avec plusieurs policiers, l’immigrant qu’il représente. L’avocat n’a pas pu accéder au centre pendant les deux jours qui ont suivi les faits, lorsqu’il a alors pu constater « des marques sévères sur le dos, les jambes et le visage » de son client ».

Il est souvent difficile d’ouvrir une instruction car dans la majorité des cas, les retenus refusent de porter plainte par peur de représailles sur eux (expulsion accélérée) ou sur les membres de leur famille également sans papiers. A Madrid, 85 retenus ont néanmoins acceptés de signer les témoignages écrits qui ont été transmis aux médias par le biais des associations, ouvrant une brèche dans l’opacité qui entoure les centres de rétention espagnols.