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Les carnets de route de la promo 8
Les 8 volontaires de la promo 8 sont rentrés...
Nous avons passé trois semaines ensemble pour partager nos expériences et nos analyses, les confronter et en débattre.
Le fruit de ces trois semaines de travail ?
La soirée du 9 octobre au cours de laquelle nous avons pu partager plus largement nos expériences et nos envies, le numéro Hors série de Vues d’Europe et les carnets de route que vous pouvez consulter en cliquant sur les liens ci-dessous.
Valérie Fernando - Inde
Benoît Guichard - Brésil
Cindy Drogue - Argentine
Nadia Khrouz - Maroc
Lucie Couet - Haïti
Marie Visart - Haïti
A suivre… les volontaires de la session 9 seront sur le terrain dès fin novembre !
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Réseau du Manifeste euro-africain : mobilisations à venir
Différentes mobilisations vont avoir lieu entre septembre et octobre, occasions de débats autour de la question migratoire, de dénonciation des violations des droits des migrants et de renforcement des réseaux notament à un niveau euro-africain.
Le Forum Social Mondial des Migrations
Le III Forum social mondial des migrations aura lieu à Rivas (Madrid) entre le 11 et le 13 septembre.
Le Forum Social Mondial des Migrations (FSMM) est "un espace de débat démocratique d’idées, de réflexion, de formulation de propositions, d’échange d’expériences et de coordination des mouvements sociaux, de réseaux, d’ONG et d’autres organisations de la société civile", en vue d’améliorer les conditions des personnes déplacées dans le monde (réfugiés, immigrés ou apatrides).
En effet, depuis le 1er FSM de Porto Alegre (Bresil-2005), les Forums sociaux s’intègrent dans un "processus global permanent dont le but serait de trouver des solutions à l’échelle internationale".
Le FSMM est ainsi régi par la Charte des principes du FSMM
Programme du FSMM et des festivités parallèles (fête de la culture dans la rue)
Le III FSMM se clôturera symboliquement par l’union des voix des militants d’organisations sociales de plus de 90 pays et de celles des citoyens et citoyennes de tout l’Etat pour protester, dans les rues de Madrid, contre la construction de murs physiques, juridiques et sociaux qui empêchent la libre circulation des personnes.
Sommet citoyen sur les migrations des 17 et 18 octobre
Le Réseau euroafricain sur les migrations [1] se joint à l’appel « Des ponts pas des murs » lancé pour l’organisation d’un Sommet citoyen sur les migrations qui se tiendra à Paris les 17 et 18 octobre.
Dans la continuité des travaux de ce réseau, la deuxième Conférence non gouvernementale euro-africaine sur « Migration et Développement » se tiendra le vendredi 17 octobre 2008 et permettra la participation de nombreuses personnalités européennes et africaines.
Après une séance plénière d’ouverture, les six ateliers suivants permettront ensuite de favoriser la prise de parole et le débat entre les participants :
1 / Relations Nord-Sud, modèles de développement et migrations
2 / Politique d’immigration "choisie" : quel impact sur les droits des migrants dans les pays d’accueil ?
3 / La liberté de circulation : un droit loin d’être universel
4 / Femmes migrantes
5 / Mineurs en migration
6 / Quelle place pour le droit d’asile ?
Le samedi 18 octobre sont organisés, à Paris, une grande marche et un concert autour du slogan « Des ponts, pas des murs ».
1ères organisations signataires
La commemoration des événements de Ceuta et Melilla en 2007
En 2007, ont été commémorés, deux ans après, les événements de Ceuta et melilla par une mobilisation de nombreuses associations et en particuliers du Réseau du Manifeste euro-africain au travers de l’oganisation de différents événements parallèles : une Journée de solidarités avec les victimes de la guerre aux migrants le 27 octobre à Paris, la 3ème caravane de Belyounes le 21 octobre
et la Déclaration d’Oujda, issue de la conférence-meeting international « violations des droits humains aux frontières », le 6 octobre 2007.
Caravane du Réseau euroafricain sur les migrations (septembre-octobre 2008)
Afin de soutenir l’initiative du Sommet citoyen sur les migrations et de faire entendre la voix des organisations, notamment du Sud [2], face aux politiques essentiellement sécuritaire du traitement des flux migratoires, entraînant des milliers de morts, et aux choix économiques mis en œuvre qui maintiennent le continent africain en marge du développement, des associations membres du Réseau euroafricain sur les migrations se mobilisent et lancent une caravane d’événements qui passera par :
La République démocratique du Congo
4 septembre 2008
Départ de la caravane.
A Kinshasa, conférence de presse, émission de radio et conférence à l’Université de Kinshasa avec la participation de migrants angolais, camerounais et maliens.
A Nkolo (Bas-Congo), rencontre sur les migrations.
Le Mali
8 septembre 2008
Emission de radio sur le sommet citoyen sur les migrations et le pacte européen avec les interventions de l’AME (association malienne des expulsés) et l’ARACEM (association des refoulés d’Afrique centrale au Mali) et débat avec les auditeurs (Bamako, 8h30)
Ateliers sur les mobilisations face à la directive retour et le pacte européen (Bamako, Centre Djoliba, à partir de 10h)
En soirée, émission de radio sur les aspirations de la jeunesse malienne.
La Mauritanie
10 septembre 2008
Conférence de presse (Nouakchott, Salle des libertés)
Le Cameroun
3 octobre 2008
Conférence de presse : "politiques africaine et camerounaise sur le droit d’asile et positionnement face aux politiques migratoires européennes" (Douala)
le Bénin
6 et 7 octobre
Commémoration de la 5ème journée d’action sur la migration, sur le thème "Migration, droits fondamentaux et liberté de circulation" (Cotonou)
Et arrivera au Maroc pour la commémoration des événements de Ceuta et Melilla
Oujda : 8 et 9 octobre
Table ronde : "violation des droits humains aux frontières Maroc/Algerie", diffusion d’un film sur la situation des migrants à Oujda (local ABCDS)
Tanger : 10 au 12 octobre
Table ronde, "Sebta, Melilla et détroit, des ponts pas des murs"
Caravane de solidarité vers les grillages de Sebta et point presse.
Des activités musicales et sportives de solidarité se dérouleront le 10 (Soirée musicale à Larrache) et le 11 (Match de foot à Tanger).
La caravane est d’ores et déjà en route...
Renseignements complémentaires :
http://www.manifeste-euroafricain.org
contact@manifeste-euroafricain.org
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Les petits pas de l’agriculture urbaine en Inde
Le 8 août dernier le Centre for Education and Documentation (CED, Centre pour l’Education et la Documentation), partenaire de Ritimo dans le programme d’Echanges et Partenariats, organisait une rencontre sur le thème de l’agriculture urbaine (urban agriculture ou city farming). Une occasion de faire le point sur une pratique encore peu répandue en Inde.
Le modèle cubain, ou la « révolution organique »
Le point de départ de cette rencontre était la parution d’un ouvrage de l’auteur indien Bharat MANSATA intitulé Organic Revolution !
rendant compte de l’expérience cubaine d’agriculture urbaine. Suite au blocus des Etas-Unis et à l’effondrement du bloc soviétique, Cuba s’est trouvée dans l’incapacité d’importer le pétrole et les technologies, machines agricoles et intrants chimiques nécessaires à la production agricole de type industriel qu’elle avait développée, avec l’appui notamment de l’URSS dont elle importait également une bonne partie de ses produits alimentaires.
Faisant face à une situation alimentaire dramatique au début des années 90, l’île de Cuba a été contrainte de rapidement développer dans ses villes une agriculture organique, sans pesticides ni engrais chimiques. Cette méthode s’est révélée particulièrement efficace au point de vue de la sécurité alimentaire puisqu’en 2006 la ville de La Havane comptait 300.000 jardinets et produisait 3 millions de tonnes de produits alimentaires. Elle a également eu des répercussions positives sur la santé des Cubains qui ont diversifié leur alimentation, réduit leur consommation de viande et augmenté celle de fruits et légumes. Selon B. Mansata, l’agriculture urbaine a par ailleurs favorisé la solidarité communautaire, le partage de la production entre les plus aisés et les plus pauvres et la revitalisation des liens intergénérationnels.
Cette expérience impulsée par l’Etat cubain est donc sans précédent dans le monde. Même si elle est le fruit de la contrainte plus que d’un engagement en faveur d’une agriculture écologique, cette aventure réussie pourrait devenir un modèle pour les pays qui souhaiteraient lutter contre la pollution, la destruction de l’environnement et améliorer la qualité des produits et des habitudes alimentaires de leur population.
Après la Révolution verte indienne, place à l’agriculture organique urbaine ?
En Inde, la Revolution verte lancée en 1966 a permis d’atteindre l’autosuffisance alimentaire dans les denrées de base dès les années soixante-dix. Elle s’est fondée sur la monoculture et l’adoption de variétés de blé et de riz à haut rendement, l’irrigation intensive et l’utilisation massive de pesticides, insecticides et fertilisants NPK (azote, phosphore, potassium).
Bien qu’elle ait eu le succès escompté eu égard aux objectifs de sécurité alimentaire, ses effets secondaires remettent aujourd’hui en question de telles méthodes de production sur le long terme. En effet, parallèlement à la perte de la biodiversité et la destruction des écosystèmes locaux, l’appauvrissement voire la stérilisation des sols, la contamination de la terre et des eaux souterraines par les intrants chimiques et la baisse du niveau des nappes phréatiques contribuent désormais à un déclin progressif de la productivité tandis que les coûts de production ne cessent d’augmenter car les sols n’étant naturellement plus capables de nourrir les plantes il faut ajouter toujours plus de fertilisants chimiques… A cela s’ajoutent l’augmentation du prix des carburants et la récente crise dans l’approvisionnemment en pesticides.
Tous ces facteurs ont créé une pression sur les produits alimentaires dont les prix se sont envolés, particulièrement dans les zones urbaines. Dans ce contexte, l’agriculture urbaine apparaît comme une réponse non seulement à la flambée des prix mais aussi à la pollution et au réchauffement climatique qui affectent particulièrement les villes indiennes, en diminuant les émissions de CO2 à travers des méthodes de culture organiques et en rapprochant le lieu de production du lieu de consommation.
Cultures « en terrasse » au cœur des villes indiennes
Le Dr Ramesh T. Doshi, au centre du film documentaire City Farming réalisé par le CED et projeté lors de cette rencontre, est un symbole de cette évolution. Aujoud’hui décédé, il fut lui-même l’un des initateurs de la Révolution verte et a passé l’ensemble de sa carrière dans l’agro-industrie à développer et encourager l’usage des fertilisants NPK. Pourtant, arrivé à l’âge de la retraite, le Dr Doshi, riche résident de Bandra, un quartier huppé de Bombay, est devenu un militant infatigable de l’agriculture organique qu’il voyait avant tout comme une méthode efficace de gestion des déchets organiques urbains utilisés comme compost pour ses cultures. Il a ainsi créé un véritable potager sur sa terrasse de près de 400 m2 où il récoltait 5 kg de fruits, légumes, céréales et légumineuses par jour, 300 jours par an.
Lors de la session organisée par le CED deux femmes ont également partagé leur expérience d’agriculture organique urbaine en Inde.
Preeti Patil est responsable de l’unité de restauration du Mumbai Port Trust (MPT) qui sert chaque jour les repas à plus de 2000 employés travaillant au port de Bombay. Désireuse de trouver une solution satisfaisante pour la gestion de l’énorme masse de déchets produits par la cantine, et s’inspirant des techniques de R.T Doshi, elle a décidé en 2003 d’utiliser ces déchets organiques pour en faire du compost naturel destiné à la culture de fruits et légumes sur la terrasse de 900 m2 du MPT. Elle a commencé avec deux plants de chickoo (fruit du sapotier) et deux de goyaves. Après avoir surmonté quelques difficultés techniques, P. Patil et ses employés ont fait de la terrasse un véritable jardin d’Eden qui produit 116 différentes variétés de fruits, légumes et plantes ornementales : noix de coco, ananas, tomates, concombres, pommes cannelle, gingembre, papayes, bananes, mangues, cerises, amla, goyaves, menthe, fraise, tamarin sont autant d’aliments que ces agriculteurs urbains rapportent chez eux après leur journée de travail passée dans les cuisines et sur la terrasse.
Preeti Patil insiste également sur les retombées psychologiques positives de cette activité : effet appaisant pour des citadins souffrant généralement de stress mais aussi valorisation de l’individu qui retire un plaisir et une satisfaction personnelle à observer la pousse des plantes, beaux et vivants fruits de son travail.
De son côté, dans la ville de Pune, Snehalata Srikhande a, dès les années 80, constitué le Kachra Manthan, avec le même souci de recycler les ordures. S’inspirant des revendeurs de plastique fouillant dans les poubelles pour en retirer le matériau qui sera réintégré dans un nouveau cycle de production, ce groupe de femmes a commencé à trier les déchets, remettant aux chiffonniers les déchets inorganiques afin de leur faciliter la tâche, et transformant les déchets organiques en compost afin de produire de nouveaux aliments. Pour S. Srikhande, l’agriculture organique urbaine permet ainsi à la fois de participer à la gestion des déchets et de produire l’esentiel des aliments consommés par un foyer.
Enfin chacun s’est accordé à voir dans l’agriculture organique urbaine une manière de recréer un lien avec la nature et ses mystères, de ne plus être un consommateur passif et tout à fait ignorant.
Une sensibilité écologique à développer
L’une des questions brièvement débattues à la fin de cette session fut : qu’est-ce-qui nous arrête ? (What’s stopping us ?), pourquoi ne développe-t-on pas davantage cette technique dans les villes indiennes ? Parmi les ébauches de réponses proposées figurent :
l’absence consternante de conscience environnementale chez la majorité des Indiens [3]
l’absence similaire de volonté politique pour encourager la gestion et le tri des déchets
la course à la consommation et à l’augmentation du niveau de vie dans les villes, au détriment de l’amélioration de la qualité de vie
l’absence de sensibilisation des architectes à cette activité qui pourrait être facilitée par une organisation de l’espace plus appropriée à ce type de cultures.
Notons pour terminer que le CED a organisé cette rencontre au nom du forum de discussion entre scientifiques et acteurs de la société civile intitulé Knowledge in Civil Society (KICS, le savoir/la connaissance dans la société civile) qui partage les principes du prochain forum social mondial "Science et Démocratie", sans toutefois s’y référer.
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Forum de la Via Campesina : Semer les graines de l’espoir
Dans le cadre de la V Conférence Internationale de la Via Campesina, qui se réalisera en octobre au Mozambique, s’est tenu à Rosario le 10 et 11 août dernier, le Forum de la Via Campesina Amérique du Sud « Contre le pillage et la pollution, pour la souveraineté alimentaire » . Un moment très fort d’échanges et de débats où la voix des compañeros et des compañeras du continent lançait un appel émouvant à un modèle de société solidaire et durable.
Le Forum au coeur de l’agrobusiness
Le lieu était parfait. Rosario, le coeur de la “pampa humeda”. Le coeur de l’agrobusiness où le soja transgénique à délogé, ces dix dernières années en Argentine, des milliers de familles paysannes et indigènes qui n’ont eu comme unique destination les bidonvilles des grands centres urbains du pays.
Effectivement selon un rapport du Movimiento de Campesinos de Santiago del Estero (Mocase) en 1997 on cultivait dans le pays 11 millions de tonnes de soja transgéniques sur 6 millions d’hectares, dix ans plus tard, les chiffres sont passés à 47 millions de tonnes sur 16,6 millions d’hectares.
Et ici on ne consomme pas le soja, il est exporté pour alimenter les animaux de Chine et d’Europe et pour produire des agrocombustibles. “L’unique objectif des transgéniques est le contrôle de l’agriculture et pas de résoudre le problème de la faim dans le monde. Ceci est clair quand on voit que le soja en Argentine ne nourrit personne” expliquait Carlos Vicente de l’ONG GRAIN durant un atelier de travail.
Ici, en Argentine, 4 personnes seulement suffisent pour travailler 1000 hectares de soja pendant que les multinationales de l’agrobusiness (exportatrices et fournisseuses de facteurs de production) s’enrichissent honteusement, comme c’est le cas de Monsanto, Dupont ou Cargill entre autres. Chaque année en Argentine ce sont 200 millions de litres de glifosato (herbicide, propriété de Monsanto) et autres agrotoxiques qui polluent fortement la terre et ses enfants : eux, moi, nous. Cet agrotoxique a été dénoncé de nombreuses fois par les mouvements et organisations sociales pour causer des malformations et des cancers.
Quand Carlos Vicente de GRAIN fait un bilan des effets du modèle de monoculture dans le pays il soutient “qu’ils sont très clairs : déplacement des paysans, pollution par fumigation, contrôle corporatiste étant donné que les semences sont la propriété des entreprises, concentration de la terre (affermant la terre aux pools de semis), perte de notre culture et nos aliments, de nos semences. »
C’est ici, dans la ville de Rosario, le coeur de ce “modèle” agricole que les délégués-ées des Organisations Paysannes, Indigènes, de Femmes, de Sans-Terre, de petits agriculteurs de la Via Campesina Amérique du Sud ont convoqué les mouvements sociaux, les collectifs et les organisations affiliés à la Via Campesina, durant le 10 et 11 août au Forum ouvert “Contre le pillage et la pollution, pour la souveraineté alimentaire”.
Ils sont venus des 4 coins du continent
Les activités ont permis d’échanger, de débattre et de réfléchir sur un thème crucial pour un futur solidaire et durable du peuple paysan du continent. Et environ 1000 personnes ont répondu à à l’appel. Ils sont venus du Brésil (MST, MPA, MAB), du Paraguay (MCP, MCNOC, CONAMURI), du Vénézuela (Frente nacional Ezequiel Zamora, CANEZ, IALA), de Bolivie (Movimientos de Mujeres Bartolinas Sisas, MST), du Chili (RANQUIL, ANAMURI, Mujeres Campesinas Indígenas de Chile), de Colombie (FENSUAGRO, FENACOA), du Pérou (CNA, Central Campesina), de l’Equateur ( FENACLE, CNC, FENOCIN), de la République Domincaine, d’Haiti, du Honduras, du Mexique et bien sur d’Argentine au travers de Poriajhu- COCITRA et du MNCI (Movimiento Nacional Campesino Indígena).
Toutes ces organisations appartiennent à la Via Campesina, un mouvement international de paysans et paysannes, petits et moyens producteurs, femmes rurales, indigènes, sans terre, jeunes ruraux et travailleurs agricole qui défend les valeurs et les intérêt basiques de ses membres. Le mouvement rassemble des organisations de 56 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe.
Quelles ont été les activités ?
Le 8 et le 9 août, en guise d’ouverture au Forum, s’est déroulé le Séminaire International “Changements climatiques : impacts sur les femmes et la souveraineté alimentaire” duquel ont participé les membres de la CLOC (Coordinadora Latinoamericana de Organizaciones del Campo)afin de réfléchir sur les différentes luttes des femmes paysannes du continent [4]. En parallèle, le samedi les paysans et paysannes déjà sur place ont pu partager leur vécu et leur expériences au travers de différentes activités et ateliers organisés dans différents quartiers de Rosario en lien avec des organisations locales comme Giros, Mercado Solidario, Surastilla, Taller ecologista et le Foro de Soberania alimentaria.
Quant au Forum Ouvert, il s’est déroulé le dimanche 10 et lundi 11 dans le Club Libertad. Différents panels et discussions plénières ont eu lieu autour de différentes thématiques : la crise alimentaire et ses impacts en Amérique Latine ; les monocultures et leur impact sur la diversité alimentaire des peuples d’Amérique Latine ; la situation des territoires en terme de biodiversité, d’eau, de forêts et de sols et le droit à l’alimentation et à la souveraineté alimentaire. De nombreux débats ont été ouverts durant lesquels les compañeros et compañeras ont pu s’enrichir, échanger et réfléchir construisant des réseaux et des moyens d’actions pour résister et construire un modèle de développement durable pour les peuples.
Le lundi midi, la rencontre multiculturelle et partisane a remplit de couleurs et de chansons les rues du centre de Rosario, au travers d’une manifestation. Le parcours s’est organisé autour de trois points stratégiques : La Bourse de Commerce, l’entreprise multinationale Cargill et enfin le Syndicat “Sociedad Rural” (organisation patronale de grand producteurs). « Ici à l’intérieur il y a les responsables de l’avancée du soja qui n’arrête pas d’expluser les petits producteurs de leurs terres. Ce sont les responsables du neolibéralisme qui nous condanne à la faim » criait Ángel Strapazón, dirigeant du Movimiento Campesino de Santiago del Estero (Mocase) devant les portes de la Bourse de Commerce.
Alerta ! Que camina la lucha campesina
Dans chaque discours, dans chaque lutte, dans chaque expérience de vie et avec beaucoup d’émotion tous les participants exprimaient la même chose : pourvoir vivre dignement de leur travail en développant une agriculture durable et une égalité basée sur la production à petite et moyenne échelle.
Ils réclament haut et fort le droit à la souveraineté alimentaire c’est à dire le droit des peuples et de leurs états à définir leurs politiques agricoles et alimentaires : que produire, comment le faire, comment échanger les biens produits ? Cette notion de souveraineté alimentaire est fondamentale et central dans la lutte de Via Campesina. Elle a été porté, pour la 1e fois, au débat public à l’occasion du Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996. Elle promeut les productions locales pour alimenter le peuple, l’accès des paysans et des sans-terre à la terre, l’eau et les semences. C’est dans cet objectif que tous réclament des réformes agraires, la préservation de l’eau comme bien public et qu’ils luttent contre le transgénique (pour le libre accès aux semences).
Les discours condamnent fortement les politiques néolibérales qui donnent la priorité au commerce international et non à l‘alimentation des populations. A ce sujet Egidio Brunetto du Mouvement des Sans Terre (MST) [5] relève que “ la mécanisation de l’agriculture s’est étendue, les semences transgéniques, la formation d’une agroindustrie qui imposent un modèle de production qui a pour conséquence d’empêcher les paysans de produire leurs aliments. Avec le modèle actuel néolibéral, on est passé à produire des marchandises et non des aliments”. Un autre intégrant du MST souligne que ces politiques néolibérales n’ont en rien contribué à éradiquer la faim dans le monde, au au contraire, elles ont accru la dépendance des populations envers les importations agricoles. « Au Brésil on importe 90% du blé consommé. On devient tous dépendants de ce que font les transnationales », il ajoute qu’« il n’y a pas une crise d’aliments dans le phénomène de la crise alimentaire. Jamais il n’y a eu autant d’aliments. La crise est de surproduction, pas une crise de manque de nourriture. C’est une crise de modèle, du modèle capitaliste, le modèle néolibéral, dont les produits n’ont jamais été concentré dans les mains d’un nombre aussi petit d’entreprises. ». Par ailleurs, dans le monde entier, des importations agricoles à bas prix (dumping) détruisent les économies agricoles locales (comme c’est le cas en Haiti). Ce modèle de l’agrobusinness et les politiques néolibérales mettent en danger le patrimoine génétique, culturel et environnemental de la planète. Il met en danger la planète dans son essence la plus profonde.
C’est dans ce contexte, que le mouvement Via Campesina travaille à une « concientisation » depuis le bas, entre les genres, les générations et les peuples, pour l’organisation de réseaux entre la ville et la campagne sur la base de la souveraineté alimentaire et d’un commerce équitable, pour la préservation de la culture, des droits et des savoirs ancestraux des peuples paysans du monde entier.
Marcelina, venue de Moquegua,une ville de province à 30 heure de Lima, la capitale péruvienne, m’a raconté sa lutte dans le cadre du mouvement Via Campesina. Ses yeux noirs et profonds pétillent d’espoir pendant qu’elle me dit “Nous sommes unis pour affronter avec un seul poing le néolibéralisme qui avance dans nos pays. Nous devons trouver les véritables coupables de la destruction de la nature, de l’environnement et de nos territoires. Nous devons trouver des stratégies pour nous défendre et continuer avec la lutte. Nous avons une grande tache, celle de faire pression sur nos gouvernements parce que nous ne voulons plus ni pillages, ni morts. Nous allons continuer à résister, hommes et femmes pour changer ce monde. Ensemble, ville et campagne, nous pouvons sortir vainqueur”.
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Nouvelle brève
Dans le cadre de la V Conférence Internationale de la Via Campesina, qui se réalisera en octobre au Mozambique, s’est tenu à Rosario le 10 et 11 août dernier, le Forum de la Via Campesina Amérique du Sud « Contre le pillage et la pollution, pour la souveraineté alimentaire » . Un moment très fort d’échanges et de débats où la voix des compañeros et des compañeras du continent lançait un appel émouvant à un modèle de société solidaire et durable.
Le Forum au coeur de l’agrobusiness
Le lieu était parfait. Rosario, le coeur de la “pampa humeda”. Le coeur de l’agrobusiness où le soja transgénique à délogé, ces dix dernières années en Argentine, des milliers de familles paysannes et indigènes qui n’ont eu comme unique destination les bidonvilles des grands centres urbains du pays.
Effectivement selon un rapport du Movimiento de Campesinos de Santiago del Estero (Mocase) en 1997 on cultivait dans le pays 11 millions de tonnes de soja transgéniques sur 6 millions d’hectares, dix ans plus tard, les chiffres sont passés à 47 millions de tonnes sur 16,6 millions d’hectares.
Et ici on ne consomme pas le soja, il est exporté pour alimenter les animaux de Chine et d’Europe et pour produire des agrocombustibles. “L’unique objectif des transgéniques est le contrôle de l’agriculture et pas de résoudre le problème de la faim dans le monde. Ceci est clair quand on voit que le soja en Argentine ne nourrit personne” expliquait Carlos Vicente de l’ONG GRAIN durant un atelier de travail.
Ici, en Argentine, 4 personnes seulement suffisent pour travailler 1000 hectares de soja pendant que les multinationales de l’agrobusiness (exportatrices et fournisseuses de facteurs de production) s’enrichissent honteusement, comme c’est le cas de Monsanto, Dupont ou Cargill entre autres. Chaque année en Argentine ce sont 200 millions de litres de glifosato (herbicide, propriété de Monsanto) et autres agrotoxiques qui polluent fortement la terre et ses enfants : eux, moi, nous. Cet agrotoxique a été dénoncé de nombreuses fois par les mouvements et organisations sociales pour causer des malformations et des cancers.
Quand Carlos Vicente de GRAIN fait un bilan des effets du modèle de monoculture dans le pays il soutient “qu’ils sont très clairs : déplacement des paysans, pollution par fumigation, contrôle corporatiste étant donné que les semences sont la propriété des entreprises, concentration de la terre (affermant la terre aux pools de semis), perte de notre culture et nos aliments, de nos semences. »
C’est ici, dans la ville de Rosario, le coeur de ce “modèle” agricole que les délégués-ées des Organisations Paysannes, Indigènes, de Femmes, de Sans-Terre, de petits agriculteurs de la Via Campesina Amérique du Sud ont convoqué les mouvements sociaux, les collectifs et les organisations affiliés à la Via Campesina, durant le 10 et 11 août au Forum ouvert “Contre le pillage et la pollution, pour la souveraineté alimentaire”.
Ils sont venus des 4 coins du continent
Les activités ont permis d’échanger, de débattre et de réfléchir sur un thème crucial pour un futur solidaire et durable du peuple paysan du continent. Et environ 1000 personnes ont répondu à à l’appel. Ils sont venus du Brésil (MST, MPA, MAB), du Paraguay (MCP, MCNOC, CONAMURI), du Vénézuela (Frente nacional Ezequiel Zamora, CANEZ, IALA), de Bolivie (Movimientos de Mujeres Bartolinas Sisas, MST), du Chili (RANQUIL, ANAMURI, Mujeres Campesinas Indígenas de Chile), de Colombie (FENSUAGRO, FENACOA), du Pérou (CNA, Central Campesina), de l’Equateur ( FENACLE, CNC, FENOCIN), de la République Domincaine, d’Haiti, du Honduras, du Mexique et bien sur d’Argentine au travers de Poriajhu- COCITRA et du MNCI (Movimiento Nacional Campesino Indígena).
Toutes ces organisations appartiennent à la Via Campesina, un mouvement international de paysans et paysannes, petits et moyens producteurs, femmes rurales, indigènes, sans terre, jeunes ruraux et travailleurs agricole qui défend les valeurs et les intérêt basiques de ses membres. Le mouvement rassemble des organisations de 56 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe.
Quelles ont été les activités ?
Le 8 et le 9 août, en guise d’ouverture au Forum, s’est déroulé le Séminaire International “Changements climatiques : impacts sur les femmes et la souveraineté alimentaire” duquel ont participé les membres de la CLOC (Coordinadora Latinoamericana de Organizaciones del Campo)afin de réfléchir sur les différentes luttes des femmes paysannes du continent [6]]. En parallèle, le samedi les paysans et paysannes déjà sur place ont pu partager leur vécu et leur expériences au travers de différentes activités et ateliers organisés dans différents quartiers de Rosario en lien avec des organisations locales comme Giros, Mercado Solidario, Surastilla, Taller ecologista et le Foro de Soberania alimentaria.
Quant au Forum Ouvert, il s’est déroulé le dimanche 10 et lundi 11 dans le Club Libertad. Différents panels et discussions plénières ont eu lieu autour de différentes thématiques : la crise alimentaire et ses impacts en Amérique Latine ; les monocultures et leur impact sur la diversité alimentaire des peuples d’Amérique Latine ; la situation des territoires en terme de biodiversité, d’eau, de forêts et de sols et le droit à l’alimentation et à la souveraineté alimentaire. De nombreux débats ont été ouverts durant lesquels les compañeros et compañeras ont pu s’enrichir, échanger et réfléchir construisant des réseaux et des moyens d’actions pour résister et construire un modèle de développement durable pour les peuples.
Le lundi midi, la rencontre multiculturelle et partisane a remplit de couleurs et de chansons les rues du centre de Rosario, au travers d’une manifestation. Le parcours s’est organisé autour de trois points stratégiques : La Bourse de Commerce, l’entreprise multinationale Cargill et enfin le Syndicat “Sociedad Rural” (organisation patronale de grand producteurs). « Ici à l’intérieur il y a les responsables de l’avancée du soja qui n’arrête pas d’expluser les petits producteurs de leurs terres. Ce sont les responsables du neolibéralisme qui nous condanne à la faim » criait Ángel Strapazón, dirigeant du Movimiento Campesino de Santiago del Estero (Mocase) devant les portes de la Bourse de Commerce.
Alerta ! Que camina la lucha campesina
Dans chaque discours, dans chaque lutte, dans chaque expérience de vie et avec beaucoup d’émotion tous les participants exprimaient la même chose : pourvoir vivre dignement de leur travail en développant une agriculture durable et une égalité basée sur la production à petite et moyenne échelle.
Ils réclament haut et fort le droit à la souveraineté alimentaire c’est à dire le droit des peuples et de leurs états à définir leurs politiques agricoles et alimentaires : que produire, comment le faire, comment échanger les biens produits ? Cette notion de souveraineté alimentaire est fondamentale et central dans la lutte de Via Campesina. Elle a été porté, pour la 1e fois, au débat public à l’occasion du Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996. Elle promeut les productions locales pour alimenter le peuple, l’accès des paysans et des sans-terre à la terre, l’eau et les semences. C’est dans cet objectif que tous réclament des réformes agraires, la préservation de l’eau comme bien public et qu’ils luttent contre le transgénique (pour le libre accès aux semences).
Les discours condamnent fortement les politiques néolibérales qui donnent la priorité au commerce international et non à l‘alimentation des populations. A ce sujet Egidio Brunetto du Mouvement des Sans Terre (MST) [7] relève que “ la mécanisation de l’agriculture s’est étendue, les semences transgéniques, la formation d’une agroindustrie qui imposent un modèle de production qui a pour conséquence d’empêcher les paysans de produire leurs aliments. Avec le modèle actuel néolibéral, on est passé à produire des marchandises et non des aliments”. Un autre intégrant du MST souligne que ces politiques néolibérales n’ont en rien contribué à éradiquer la faim dans le monde, au au contraire, elles ont accru la dépendance des populations envers les importations agricoles. « Au Brésil on importe 90% du blé consommé. On devient tous dépendants de ce que font les transnationales », il ajoute qu’« il n’y a pas une crise d’aliments dans le phénomène de la crise alimentaire. Jamais il n’y a eu autant d’aliments. La crise est de surproduction, pas une crise de manque de nourriture. C’est une crise de modèle, du modèle capitaliste, le modèle néolibéral, dont les produits n’ont jamais été concentré dans les mains d’un nombre aussi petit d’entreprises. ». Par ailleurs, dans le monde entier, des importations agricoles à bas prix (dumping) détruisent les économies agricoles locales (comme c’est le cas en Haiti). Ce modèle de l’agrobusinness et les politiques néolibérales mettent en danger le patrimoine génétique, culturel et environnemental de la planète. Il met en danger la planète dans son essence la plus profonde.
C’est dans ce contexte, que le mouvement Via Campesina travaille à une « concientisation » depuis le bas, entre les genres, les générations et les peuples, pour l’organisation de réseaux entre la ville et la campagne sur la base de la souveraineté alimentaire et d’un commerce équitable, pour la préservation de la culture, des droits et des savoirs ancestraux des peuples paysans du monde entier.
Marcelina, venue de Moquegua,une ville de province à 30 heure de Lima, la capitale péruvienne, m’a raconté sa lutte dans le cadre du mouvement Via Campesina. Ses yeux noirs et profonds pétillent d’espoir pendant qu’elle me dit “Nous sommes unis pour affronter avec un seul poing le néolibéralisme qui avance dans nos pays. Nous devons trouver les véritables coupables de la destruction de la nature, de l’environnement et de nos territoires. Nous devons trouver des stratégies pour nous défendre et continuer avec la lutte. Nous avons une grande tache, celle de faire pression sur nos gouvernements parce que nous ne voulons plus ni pillages, ni morts. Nous allons continuer à résister, hommes et femmes pour changer ce monde. Ensemble, ville et campagne, nous pouvons sortir vainqueur”.
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