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/ Carnet de bord  /

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Retours sur Fortaleza...
28 mai 2008

Par Benoît

Petit à petit, je me fonds dans la ville géante du nordeste, retour sur mes premières impressions absolument subjectives de celui qui n’a pas encore compris la réalité de la vie ici....

- Fortaleza est la plus grande ville du nordeste brésilien et la capitale de L’état du Ceará. Située au bord de l’atlantique (qui est chaud ! Si si !!), elle compte environ 2 millions et demi d’habitants, plus de 3 avec la périphérie. Elle est très étalée, ce qui donne une impression de gigantisme. Quelques buildings et tours viennent relever le décors d’une ville plutôt basse en périphérie, et leur nombre s’accroît au fur et à mesure que l’on s’approche de la mer. Là habitent les classes moyennes et hautes (les classes augmentent à mesure que les tours s’élèvent...), celles des gros 4x4 et des berlines aux vitres fumées. La ville est un circuit à ciel ouvert, où le flux de voiture est continue et impressionnant et avec des pompes à essences et à éthanol à chaque coin de rue. Les voitures slaloment entre les nids-de-poule voir d’autruche de la chaussée et cherchent à éviter les bus, véritables bombes ambulantes. Ils ne s’arrêtent (enfin pas tout le temps...) qu’une fraction de seconde pour happer les voyageurs, voltigeant dans la carcasse du bus et qui essaient, tant bien que mal, de sortir leurs pièces pour payer le guichetier. Le réseau de « onîbus » est plutôt bon et dense à Fortaleza, seul manque les horaires, les plans, les numéros des bus aux arrêts, ce qui est un peu compliqué pour circuler... mais bon on se débrouille. On voue un culte à la voiture (portes toujours verrouillés), symbole de richesse dans une des villes les plus inégalitaires du pays.

- Un sentiment d’insécurité enveloppe la ville, enfin, je ne le sens pas trop, mais on me le dit... En fait j’ai plus peur du moustique de la dengue... Ce sentiment est nourri par un nombre important d’ « assaltos » (d’attaques), mais est peut-être aussi monté en épingle par les médias (aurai-je un réflexe français ?). Reste que chaque fenêtre est renforcée par des barreaux de fer, chaque immeuble ou maison est masqué par un mur de deux mètres, surélevé de barbelés et/ou de morceaux de ver ou de fer. Des gardiens occupent les entrées de chaque immeuble et ne laissent entrer que les gens « connus ». La première fois que je suis rentré tout seul et que le gardien ne me connaissait pas, j’ai dû montrer patte blanche sous peine de rester à la porte.

- On met en cause les populations pauvres vivant à Fortaleza. La ville est située dans la région traditionnellement la plus pauvre du pays, région sans eau (et avec une absence « traditionnelle » de politique pour améliorer la situation) engendrant des sécheresses et famines fréquentes. C’est la région des migrants qui vont nourrir les zones les plus riches du Brésil, au Sud , à São Paulo, Rio ou encore Brasilia selon les époques. Il n’y avait donc pas beaucoup d’esclaves noirs, car il n’avait que peu de chose à produire, hormis l’élevage extensif. De par cette histoire, Fortaleza a une population plutôt métissée indienne et un tipe de nourriture composé de viandes grillées accompagnées de riz et de haricots (feijão) et de farofa (farine de manioc frit), à boire avec de la bière gelée. Il y a aussi les « salgados » (petits pains fourrés avec de la viande, du fromage...et c’est bon ! Pas très diététique... Et encore meilleur avec un café au lait sucré !). Ah si, ils mettent du ketchup et de la mayonnaise sur les pizze, madonna, dai !

- Cette inégalité à aussi produit une dizaine de favelas dans la ville, comme Rosalina, composées en grande partie de paysans des terres sèches de l’intérieur, le Sertão. Ils sont venues rejoindre la ville industrielle, portuaire (terminal pétrolier de Petrobras), touristique (des km de plage et une chaleur tropicale, ça aide) et qui tend à se développer.

- La ville est aussi le centre universitaire du Nordeste et la vie culturelle est active. Actuellement se déroule un festival sur « échos de 68 » sur la situation du Brésil des années 60 à 68 (avènement de la dictature et des années de plomb). La ville est aussi rythmée par les airs du Foro (deux coups de hanche à droite, deux coups à gauche, deux coups de hanche à droite, deux coups à gauche, deux coups de hanche à droite, deux coups à gauche...).

- Politiquement, la ville est gérée par une jeune maire de 40 ans, Luizianne Lins, (élue en 2005), affiliée au Parti des Travailleurs et dynamique dans sa politique. Elle essaie de gouverner sur le mode participatif, en facilitant les rencontres, les activités des communautés, en luttant contre le tourisme sexuel, en privilégiant l’éducation, tout en maintenant une ligne économique ouverte à l’international (elle était cette semaine aux États-Unis, pour attirer les investisseurs potentiels), proche de la ligne actuelle du PT national.

- Je vais continuer à m’acclimater (le terme est juste, tant il fait chaud, et encore c’est l’hiver !) et ramener d’autres d’informations sur la ville et ses habitants, ses activités, il y a beaucoup à découvrir, pour ne pas rester en surface. Déjà, je commence à comprendre le nordestino, certes on rit un peu de mon accent du Portugal... Bon, je crois que je vais aller manger un salgado et boire un suco (jus de fruit à base de concentré, de sucre et d’eau et bien évidemment gelé !)

Pêcheurs indiens : en marche pour la survie
19 mai 2008 par Valérie

Alors que le gouvernement central indien vient d’annoncer l’application, dès fin juin 2008, de la nouvelle réglementation sur la gestion des zones côtières, les petits pêcheurs s’organisent pour tenter de défendre leurs moyens de subsistance et par là-même de protéger le littoral.

Zones côtières : une législation controversée

Les côtes indiennes s’étirent sur 8.118 km et recèlent une grande diversité de milieux naturels : dunes et plages de sable, mangroves, estuaires, lagunes, récifs coraliens… autant d’écosystèmes riches d’une extraordinaire biodiversité.

Conscient de leur fragilité, le Gouvernement indien avait promulgué, en 1991, un texte législatif sur la réglementation des zones côtières (Coastal Regulation Zone Notification) visant à les protéger aussi bien du point de vue de l’environnement que de la préservation des activités économiques traditionnelles, principalement la pêche.

Mais, sous la pression de puissants lobbies industriels, commerciaux et touristiques, cette législation n’a guère été appliquée et il est apparu que de nouvelles mesures devaient être prises. En décembre 2004, les effets dévastateurs du tsunami n’ont fait que rendre encore plus évidente l’urgence de la situation.

Pour autant, le nouveau texte sur la gestion des zones côtières (Coastal Zone Management Notification), présenté en 2007, relève du plus pur cynisme. Il n’est désormais plus question de protection mais de gestion, de croissance économique et de défense nationale. Sans avoir jamais consulté les représentants des communautés de pêcheurs, le Gouvernement valide et encourage aujourd’hui tous les manquements au texte de 1991 ! Au nom d’une certaine conception du développement, l’économie traditionnelle et les écosystèmes marins de l’Inde sont sacrifiés au profit d’industries portuaires et minières polluantes, de centrales électriques, de la pêche industrielle ou de complexes touristiques.

Marche nationale pour les droits des pêcheurs

Face à un tel scandale qui mobilise malheureusement fort peu les media et encore moins les citoyens indiens, le Forum national des pêcheurs (National Fishworkers’ Forum, NFF) organise une grande marche de protestation afin de défendre les 3,5 millions d’Indiens vivant traditionnellement de la pêche.

Cette campagne, baptisée en hindi Machhimar Adhikar Rashtriya Abhiyan (marche nationale pour les droits des pêcheurs), a été lancée le 1er mai 2008 depuis la côte occidentale, dans l’Etat du Gujarat. Les marcheurs atteindront Kolkata (Calcutta), située sur la côte orientale, le 27 juin prochain, après avoir longé l’ensemble du littoral indien. Puis les pêcheurs entameront une seconde marche vers la capitale New Delhi afin de remettre un mémorandum au Parlement (Sansad).

Itinéraire de la marche nationale pour les droits des pêcheurs

Rappelons qu’en Inde, le recours à la marche comme moyen d’expression et de pression politiques remonte à la célèbre et victorieuse « marche du sel » menée en 1930 par le Mahatma Gandhi contre les colons britanniques. Plus récemment, en octobre 2007, l’impressionnante marche des sans-terre, Janadesh, initiée par l’organisation gandhienne Ekta Parishad et bénéficiant d’un soutien international, a contraint le Gouvernement central à revoir la question de la réforme agraire.

Souhaitons aux pêcheurs en lutte pour la préservation de leurs conditions de vie de rencontrer le même succès au bout de leur long et difficile chemin !

Pour en savoir plus et apporter votre soutien :
- M. Menon, S. Rodriguez, A. Sridhar, Coastal Zone Management Notification `07. Better or bitter far ?, ATREE, July 2007
- Site Internet de la campagne Machhimar Adhikar Rashtriya Abhiyan

Ecoutez cette histoire...
4 mai 2008 par Cindy

Fernando Solanas, célèbre cinéaste argentin engagé, a signé en 2002 et 2005 deux documentaires qui nous raconte la folle histoire de l’Argentine, ce pays que je retrouve avec émotion. J’ai revisionné Memoria del saqueo (Mémoire du saccage) et La Dignidad de los nadies (La dignité du peuple) et vous invite à écouter l’histoire que nous raconte Solanas. L’histoire d’un pays, d’un peuple qui se relève après l’invraisemblable dégringolade de 2001. Un pays dévasté mais aussi pleins d’espoirs et de luttes...

2001 : Un pays dévasté par l’ultra-libéralisme

Dans Mémoire du saccage , le cinéaste montre comment les différents gouvernements de droite d’après la dictature (après 1983), notamment ceux de Carlos Menen et de De la Rùa, ont appliqué à la lettre, en « bons élèves du FMI », une politique ultra-libérale. Avec la soutien de Washington et des institutions monétaires internationale, cette politique a conduit à la privatisation totale du secteur public (eau, électricité, gaz…), aux licenciements de dizaines de milliers de fonctionnaires, à la parité forcée entre le peso et le dollar, à la hausse des taux d’intérêt et à libéralisation des échanges extérieurs… L’Argentine est à cette époque une sorte de laboratoire économique. Résultat de l’expérience : en 2001, l’économie argentine se retrouve entièrement entre les mains de multinationales étrangères, l’État est en cessation de paiement, le chômage touche 25 % de la population, plus d’un Argentin sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté, les salaires sont bloqués et la classe dirigeante, totalement corrompue, place son argent à l’étranger. En décembre 2001, le ministre de l’Économie décide de geler les comptes des petits épargnants pour rembourser les dettes abyssales des banques. La classe moyenne, étranglée et appauvrie, n’en peut plus. Le 19 décembre, les Argentins se révoltent enfin, provoquant la chute du gouvernement.

L’Argentine rebelle

Dans La Dignité du peuple Solanas retrace à travers différents portraits la lutte exemplaire du peuple argentin plongé dans un chaos économique et social effarant et effrayant, qui pour survivre et sortir de la misère invente, crée et reconstruit son quotidien par des actions solidaires et innovantes. On voit par exemple ces piqueteros qui bloquent les route par les camps et qui ont fait plier le pouvoir à plusieurs reprises. On voit ces centaines d’usines et d’entreprises, que les propriétaires ont abandonné en 2001 qui sont reprises par leurs employés dans un système d’autogestion, en inventant un modèle économique alternatif (empresas recuperadas). On voit ces expropriations combattues avec succès au tribunal par des campesinos (paysans) qui entonnent à tue-tête l’hymne argentin, empêchant ainsi les ventes aux enchères des terres saisies. On voit cette argentine rebelle et émotionnelle qui se relève petit à petit dans la solidarité et l’inventivité d’alternatives...

Haïti comment ça va ?
28 avril 2008 par Lucie

Après la semaine de manifestations et d’émeutes qui a secoué Haïti début avril, le pays a retrouvé un semblant de calme. Pour combien de temps ?

Les vitrines du centre ville et de Pétion-Ville [1] ont été remplacées par des panneaux de bois, des voitures circulent avec les marques des impacts de pierres sur leurs pare-brises. Le quidam soutient que les réclamations étaient légitimes, tout en déplorant les violences qui les ont accompagnées. Les chars de l’ONU ont regagné leurs campements et chacun a repris ses activités quotidiennes.

La nomination récente du nouveau premier ministre [2] pourrait calmer les esprits. Néanmoins, les rumeurs vont bon train sur la reprise potentielle des mouvements. Les prix des denrées demeurent excessivement élevés. Même si la présidence et l’aide internationale se sont mobilisés pour tenter de trouver des solutions rapides, elles demeurent incertaines. Il ne suffit pas de trouver de l’argent, encore faut-il utiliser des circuits de distribution qui permettent d’arriver du donneur jusqu’au bénéficiaire. Et bien sûr le bon bénéficiaire. On parle déjà de détournements des premiers sacs de riz.

Qui plus est, les questions de fonds demeurent. La crise récente est le reflet de l’extrême dépendance dans laquelle se trouve Haïti. L’agriculture locale est à genou. Les importations - autrefois à bon marché - ont des effets désastreux sur les capacités locales. A quand des investissements efficaces dans la production nationale ? Comment limiter l’impact du rapatriement massif de riz gratuit ou à bon marché, issu de l’aide d’urgence, sur cette même production ?

Jusqu’où la dépendance peut-elle aller ? Non seulement en terme d’agriculture, mais également concernant les vases communiquants des marchés financiers internationaux. La crise américaine des subprimes aux Etats-Unis et la montée des prix du pétrole ont renforcé les spéculations sur les céréales. Aucun pansement d’aide d’urgence ne peut soigner ces plaies là. Mais le danger de cette aide est qu’elle fasse office de leurre pour les opinions publiques du nord. Instrument de la bonne conscience au détriment de la durabilité.

Enfin, à une crise aigüe peut s’ajouter une réponse idéologique populiste et dangereuse. Les récupérations politiques des manifestations en Haïti inquiètent et interrogent à nouveau sur la solidité et la réalité de la démocratie dans le pays.

Autant de dossiers qui attendent le nouveau premier ministre haïtien, mais aussi les bailleurs de fonds et nos sociétés, du sud comme du nord. Car à la lumière de ces problématiques, on peut difficilement croire que la crise est terminée.

Les programmes d’échanges s’ouvrent aux pays du Sud…
21 avril 2008

… parce que l’engagement dans la solidarité internationale c’est ici et là-bas,

… parce qu’il n’y a pas un « nous » spécifique et un « eux » lointain,

… parce que c’est ensemble que nous arriverons à construire ce monde que nous voulons plus juste et plus solidaire…

Souad, Cindy, Lucie, Aude, Marie, Benoît, Nadia et Valérie vous feront partager leurs expériences au travers des brèves et articles qu’ils publieront au fil des semaines passées sur le terrain.

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