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/ Carnet de bord  /

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Haïti à la recherche d’un Premier ministre
2 juillet 2008

Depuis les "émeutes de la faim" d’avril dernier, Haïti n’a plus de Premier ministre. L’ancien gouvernement règle les affaires courantes. Mais le contexte économique appelle plus que jamais des décisionnaires aux postes ministériels. En particulier, une bonne partie des fonds débloqués par la communauté internationale devant l’urgence de la situation alimentaire ne peut être assignée en l’absence d’un nouveau gouvernement. Deux premiers ministres désignés ont déjà été refusés. Près de trois mois sans personne à la tête du gouvernement. Pourquoi ça traîne ?

Le Premier ministre doit être désigné par le Président puis ratifié par les deux chambres du parlement, c’est-à-dire les sénateurs et les députés. Deux étapes marquent cette ratification. Le contrôle des pièces techniques, c’est-à-dire les pièces prouvant que le Premier ministre désigné par le Président est haïtien. Puis la déclaration de politique générale. Jusqu’à présent, Ericq Pierre et Robert Manuel, les deux premiers ministres désignés successivement par René Préval, Président, en avril et mai, n’ont pu passer cette première étape.

Ericq Pierre et Robert Manuel n’étaient pas haïtiens ?

D’après les commissions parlementaires en charge de l’examen de leurs pièces, non. Mais l’interprétation de la constitution de 1987 est large. Il est quasiment impossible de trouver un texte de loi qui définisse les pièces prouvant la nationalité haïtienne. Leurs dossiers ont été refusés car certains points étaient tangents d’après les parlementaires : Ericq Pierre n’avait pas les actes de naissance de ses grands parents et Robert Manuel n’était pas propriétaire. On peut s’interroger à juste titre sur la nécessité de telles pièces pour prouver sa nationalité. Tout d’abord, faut-il être propriétaire pour être Premier ministre ? Est-ce à dire que la République haïtienne est un système censitaire ?

Mais bien pis, ces commissions d’examen des pièces techniques ont fait fi de la réalité de l’état civil haïtien. Aujourd’hui, près de 95% des Haïtiens n’ont pas d’état civil en règle. L’administration est très désorganisée, et ce depuis des décennies. Combien d’Haïtiens peuvent donc prétendre au poste de Premier ministre dans ces conditions ? Vous avez dit démocratie ? Pour beaucoup, ces refus successifs des dossiers administratifs sont purement et simplement une insulte au peuple haïtien.

En réalité, l’examen des pièces administratives est un acte politique. Le Parlement n’a pas laissé à Ericq Pierre ou Robert Manuel le loisir de présenter leur politique générale. Le débat politique sur le gouvernement du pays a été purement et simplement écarté jusqu’à ce jour.

Alors pourquoi les parlementaires agissent-ils ainsi ?

Erick Pierre, après avoir été rejeté le 12 mai dernier, a fait plusieurs déclarations à la presse indiquant qu’il n’avait pas voulu négocier avec les parlementaires. Il a souligné clairement qu’il n’avait pas souhaité entrer dans le jeu de la corruption. Il serait bien hâtif néanmoins de conclure que seule la corruption et le clientélisme sont à l’origine de ces rejets. Il faut aussi compter avec l’absence de coalition politique solide, de force des partis pour imposer une ligne à leurs membres. Il faut compter avec l’ombre portée du gouvernement précédent et de son Premier ministre Jacques Edouard Alexis. Avec le rôle complexe du Président Préval : garant de la constitution, il n’a pas rappelé les chambres à l’ordre avec les deux refus successifs sur motifs administratifs. Et enfin avec le silence de la société haïtienne qui accepte tacitement ces manoeuvres politiciennes.

A quand le vrai débat politique ?

Concrètement, le débat politique n’a pas encore eu lieu. Une partie importante des députés seraient opposés au néo-libéralisme, mais personnellement je n’ai jamais pu lire aucune proposition contre les politiques néo-libérales. Haïti est, rappelons-le, l’un des pays les plus libéraux du monde (droits de douane ridicules, absence de services publics, de solidarité nationale, totale dépendance aux marchés étrangers....). Les bonnes questions de politique générale ne manquent pas.

Il y a une semaine, René Préval a désigné Michèle Pierre-Louis, actuelle directrice de la Fondation connaissance et liberté (FOKAL) où je travaille, au poste de Premier ministre. Depuis plusieurs jours, elle fait l’objet d’une campagne injurieuse mettant en cause sa "moralité" aux forts accents homophobes. A nouveau le débat politique est détourné.

De nombreuses voix se sont élevées dans le pays et à l’étranger pour défendre cette personnalité dont l’action a toujours été au service du pays et de ses habitants.

Je me joins à tous ceux qui espèrent que nous allons sortir de l’ornière des rumeurs et des trafics d’influence pour enfin aborder les questions de santé, d’éducation et d’économie. Si les commissions parlementaires confirment l’éligibilité de Michèle Pierre-Louis, je vous donne rendez-vous à la déclaration de politique générale.

Ambiance électrique au pays du tango !
23 juin 2008 par Cindy

3 mois que ca dure. Les agriculteurs en colère. La présidente qui tient tête. Barrage des routes, piquete et cacerolas [1]...L’ ambiance est électrique au pays du tango.

Ce qui a mit le feu aux poudres

En mars dernier, le gouvernement a décidé d’augmenter de 25 % les taxes à l’exportation de soja et ses dérivés, principale richesse agricole du pays dont l’Argentine est le 3e exportateur mondial. Pour le gouvernement, la hausse des taxes à l’exportation avait notamment l’objectif de financer un programme de construction d’hôpitaux et de logements sociaux. Avec des prix tirés vers le haut par la demande chinoise et une hausse de 30 % des cours en 2007, les revenus du soja - qui représentent la moitié des 30 millions d’hectares cultivables en Argentine et 50 % des exportations - sont une véritable rente pour l’Etat. En réaction à cette mesure, les « agriculteurs » argentins mènent un mouvement de grève de commercialisation des grains (céréales et soja) et bloquent aussi régulièrement les routes du pays, les fameux piquete argentins !

La tension monte, les casseroles sonnent

Et on ne parle plus que de ce conflit ici, tout le monde y va de son analyse, de son commentaire et tout semble se dérouler dans une grande confusion. Les "pro campo" ont affronté le gouvernement à coups de casseroles lundi dernier à Buenos Aires et dans plusieurs villes de l’intérieur, des centaines de personnes se sont rassemblées pour apporter leur soutien au mouvement des agriculteurs et réclamer une solution à un conflit qui s’est aggravé le week-end dernier après l’arrestation pendant quelques heures d’un dirigeant agricole. En risposte une partie du secteur populaire est sortie dans la rue mercredi dernier pour appuyer le gouvernement et protester contre les manifestants issus du « campo », traditionnellement antipéronistes, qu’ils ont qualifiés « d’oligarques » et de « piqueteurs VIP ». La tension s’est encore accrue après des déclarations lundi de Luis D’Elia, leader social "kirchnériste", dénonçant l’existence d’un complot économique, fomenté par l’ancien président Eduardo Duhalde, adversaire de Mme Kirchner, bien qu’appartenant au péronisme, mouvement politique dont se réclame la présidente argentine.

Un pays paralysé

La reprise de la grève des agriculteurs la semaine dernière, la quatrième depuis le début du conflit en mars, pèse lourdement sur l’activité économique dans l’intérieur du pays et bloque également les exportations de grains, faute de renouvellement des stocks dans les silos du port de Rosario, capitale de l’agro-alimentaire et principal débouché des exportations agricoles. Elle commence également à provoquer des problèmes de ravitaillement, notamment d’essence et de certains produits alimentaires, en raison des nombreux barrages bloquant plusieurs routes dans l’intérieur du pays par des agriculteurs en colère et des routiers, excédés de ne plus pouvoir travailler.

Au delà de ce conflit où tout semble se mélanger et s’exacerber, c’est bien la forme de production de la terre, les relations sociales qui les sous-tendent, la propriété et l’usage des ressources naturelles, la distribution des richesses et des biens nationaux, qui est en jeu. Et à ce sujet, le peuple argentin s’interroge : à quoi va réellement servir les bénéfices tirés des "retenciones" [2] ? L’argent va t-il réellement être investi dans des biens publics ou sera t-il destiné à rembourser la dette abyssale argentine – 136 700 millions de dollars en 2007 soit 64% du PIB. Beaucoup pensent à ce sujet que le méga-projet de construction d’un train à grande vitesse confié à l’entreprise francaise Alstom serait un moyen de renégociation avec le « Club de Paris » avec lequel l’Argentine a une dette à honorer dans un futur proche...

La culture en mouvements dans la périphérie de Rio de Janeiro
16 juin 2008 par Aude

De mai à septembre 2008, la grande périphérie de Rio de Janeiro, appelée Baixada Fluminense, va accueillir 4 projections-débats organisées dans le cadre d’un partenariat entre l’association brésilienne « Solidariedade França Brasil » (Solidarité France Brésil) et l’association française « Autres Brésils ». Le public composé de représentants de mouvements communautaires sera invité à réfléchir sur des thématiques qui le concerne directement à savoir l’organisation collective ou les questions urbaines.

Deux missions, un projet

Solidariedade França Brasil est basée à Rio de Janeiro. Cependant, l’association travaille aujourd’hui exclusivement en banlieue Nord, ce qu’on appelle la Baixada Fluminense. Son action consiste à soutenir des « centres d’éducation communautaires » créés par des groupes d’habitants dans des quartiers défavorisés. Ces habitants, bien que connaissant une situation de précarité économique, de marginalisation sociale et d’exclusion culturelle, se sont organisés pour faire face au manque d’infrastructures, dans des quartiers où les pouvoirs publics sont peu présents. Ainsi, Solidariedade França Brasil accompagne ces centres dans leur action éducative et de santé. Ces dernières années, l’association a aussi développé un travail qui consiste à améliorer l’accès à la culture, à travailler sur l’identité des communautés.
L’association Autres Brésils organise chaque année, depuis 2005, en France, Brésils en Mouvements, un cycle de projections-débats sur les thématiques sociales et environnementales au Brésil. L’édition 2008 s’est déroulée début juin à Paris. L’idée majeure de ce projet est de montrer et d’échanger sur des réalités brésiliennes souvent méconnues du grand public, le Brésil ayant une image lissée par des clichés populaires. En 2006, une version brésilienne du projet, Social em movimentos (Social en mouvements), s’est déroulée à Rio de Janeiro, avec la volonté de montrer que les réalités sociales françaises et brésiliennes ne sont pas si différentes. Par exemple, si la question des migrations ou des mouvements sociaux a des causes différentes en France et au Brésil, ce sont pourtant des problématiques sociales rencontrées dans ces deux pays.
Autres Brésils souhaitant faciliter l’accès des populations en situation d’exclusion urbaine à ses projections-débats et Solidariedade França Brasil accompagnant les représentants communautaires pour mieux exprimer leurs revendications, la collaboration entre les deux associations a paru intéressante. C’est ainsi que le projet des projections-débats dans la Baixada Fluminense est né.

L’inclusion urbaine par la culture

La Baixada Fluminense, région métropolitaine de l’Etat de Rio de Janeiro, est composée de 13 municipalités. On estime sa population à 3,5 millions d’habitants, ce qui correspond à 23,7% de la population totale de l’état. La région est connue pour sa concentration en pauvreté urbaine, ses déficits en infrastructures, l’absence de politiques publiques efficaces et la faible offre d’activités culturelles. Aussi, les quatre projections-débats se dérouleront dans 3 municipalités afin de faciliter l’accès au plus grand nombre. Si l’entrée est gratuite et ouverte à tous, les éducatrices et familles des centres communautaires avec lesquels Solidariedade França Brasil travaille sont spécialement conviées à assister aux évènements. Les documentaires qui seront projetés traitent de thématiques comme l’organisation collective et plus généralement l’exclusion urbaine. Le public sera invité à approfondir les thèmes centraux avec des représentants locaux du monde social, lors des débats qui suivront les projections. Ces évènements sont organisés en partenariat avec 3 structures locales : le SESC Nova Iguaçu, le Circo Baixada et le collectif Mate com Angu. Le SESC Nova Iguaçu fait parti d’un réseau de salles présent dans chaque état du Brésil et géré par les chambres de commerce. Il dispose notamment d’infrastructures culturelles. Le Circo Baixada propose des activités de cirque aux enfants les plus défavorisés de la Baixada Fluminense. C’est une association qui joue un rôle important au niveau local car elle propose régulièrement aux familles du quartier des activités culturelles. Enfin, le collectif Mate con Angu a été créé par un groupe de jeunes pour répondre au manque d’offre culturelle de la région. Une fois par mois, ils organisent des projections de films. Le projet réunit donc des partenaires avec des rôles et des missions différentes mais ils partagent une croyance commune : celle qu’un autre Brésil est possible !

A bientôt pour des informations sur le déroulement des projections...

Haïti : pour une sécurité alimentaire durable
11 juin 2008 par Marie

« Au seuil de ce nouveau millénaire la pauvreté est un défi mondial. Son incidence et sa sévérité sur le développement humain tant national que mondial constituent une préoccupation majeure ». Les manifestations qui ont ébranlé Haïti au mois d’avril, ont permis au peuple de lancer un cri d’alarme et d’exprimer son désarroi face à l’augmentation du coût de la vie. La communauté internationale a été très réactive face à cet appel. Néanmoins, en choisissant d’appliquer les méthodes traditionnelles d’aide alimentaire, les pays donateurs risquent de faire plus de mal que de bien au peuple haïtien, empêchant ainsi le développement durable de ce pays.

Les ménages haïtiens face à l’insécurité alimentaire

La situation d’insécurité alimentaire est massive et largement étendue en Haïti. D’après les estimations de l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI), en 2030, Haïti atteindra les 17 millions d’habitants. La demande en denrées alimentaires continuera à s’accroître sur un rythme soutenu. A l’heure actuelle, même si la balance alimentaire globale se rééquilibrait, il semblerait que les haïtiens n’auraient toujours pas accès à deux repas par jour.

En effet, le profil de la pauvreté établit que plus de 70% de la population haïtienne vit en dessous du seuil de pauvreté absolue. Ainsi, dans la course pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, les pays en voie de développement, tentent de rattraper leur retard en utilisant les mêmes ressources énergétiques que les pays développés. Le charbon, le pétrole ou le biocarburant ont ouvert la voie à l’industrialisation de ces pays, laissant finalement pour compte les besoins fondamentaux des populations locales.

En Haïti, la question de l’insécurité alimentaire touche en priorité le milieu rural où une majorité de personnes est affectée par l’extrême pauvreté. Cependant, l’augmentation du coup de la vie est une préoccupation quotidienne de l’ensemble de la population quelque soit sa classe sociale. Face à l’idée de développement imposé et l’absence de lois de protection du marché interne, les haïtiens sont confrontés à certaines dérives auxquelles ils ne peuvent faire face. Entre 2004 et 2005, le prix de la consommation avait augmenté de 87 pourcent. Ce qui implique que les ménages ont dû augmenter d’environ 92 pourcent leur dépense de consommation pour l’année 2004 uniquement. Face à la conjoncture actuelle, il est légitime de se demander ce qui a conduit les ménages haïtiens à survivre dans de telles conditions de vulnérabilité.

La détérioration de la situation des ménages caractérisée par une série de facteurs

La dégradation de la situation des ménages se manifeste sous plusieurs formes. L’inégale répartition des richesses en est une première forme. En effet, la pauvreté est la cause la plus évidente de l’insécurité alimentaire. En Haïti seules 2 pourcent de la population détiennent 26 pourcent du revenu total et 40 pourcent ne vivent qu’avec 6 pourcent du revenu global. Ainsi, aujourd’hui, plus de la moitié des ménages haïtiens tentent de survivre avec moins d’1$ US par personne et par jour, et environ les ¾ avec moins de 2$ US.

L’inflation en est également une conséquence. La dépendance du pays vis-à-vis des importations des produits alimentaires, dans un contexte où les exportations ne financent que le tiers des importations, conduit inéluctablement à la hausse des prix sur le marché local. Par conséquent, compte tenu des faibles revenus et des coûts élevés des denrées alimentaires, les ménages parviennent difficilement à joindre une ration alimentaire suffisante.

D’autres facteurs peuvent également caractériser l’insécurité alimentaire, comme par exemple les désastres climatiques, le faible accès aux services primaires de santé, la détérioration de l’environnement et des infrastructures, la décroissance de la production intérieure alors que le taux de croissance de la population se situe à 2 pour cent par an, la mauvaise gouvernance politique, économique...sans négliger la hausse des prix sur le marché mondial.

L’aide alimentaire de gouvernement à gouvernement : une solution tragique

Dans son rapport annuel intitulé "la situation mondiale de l’environnement et de l’agriculture", l’Agence pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a reconnu que le concept d’aide alimentaire n’est pas adapté. Il a vivement conseillé "d’éliminer l’aide alimentaire de gouvernement à gouvernement qui ne cible pas les groupes qui en ont besoin" en précisant qu’ "une tonne d’aide alimentaire sur quatre est vendue sur les marchés locaux des pays bénéficiaires pour générer des fonds pour le développement". Néanmoins, le mois dernier, le gouvernement Vénézuélien a acheminé deux tonnes de produits alimentaires en Haïti (riz, sucre, haricots, huile, farine, poulets, viandes de bœuf, chocolat, saumon, etc.). La semaine dernière, il a réitéré l’opération en livrant 14 containers de nourriture parvenus à Port-au-Prince.

Dans le cas des pays comme Haïti qui sont frappés par la crise de la hausse des prix des produits alimentaires, la FAO recommande de "fournir une aide en espèces ou en bons d’alimentation, là ou cela est possible", et de "recourir à l’aide alimentaire en nature qu’en cas de pénurie et non en présence de problèmes comme celui de l’accès à la nourriture". En effet, cette pratique encore très répandue de "l’aide liée" [3] risque de provoquer le déplacement des exportations commerciales ce qui accentuerait la dépendance du pays à l’aide internationale. En plus du Venezuela, les Bermudes ont apporté une aide de 25 mille dollars et quant aux Etats-Unis, ils ont promis une aide alimentaire supplémentaire de 25 millions de dollars en plus des 20 millions déjà débloqués depuis le début de la crise. Pourdant dans ce rapport il est également précisé qu’"à l’opposé de l’aide en nature, les transferts d’espèces ou les bons d’alimentation peuvent stimuler la production locale, renforcer les systèmes alimentaires locaux et responsabiliser les bénéficiaires, autant d’avantages que l’aide alimentaire traditionnelle ne peut apporter".

Ces pratiques reconnues nocives pour la population bénéficiaire risquent non seulement de déstabiliser les marchés locaux mais aussi de mettre en danger les moyens d’existence des producteurs locaux dont dépende la sécurité alimentaire. Par conséquent, il est plus qu’essentiel que les autorités publiques haïtiennes conçoivent, dès à présent, un plan de développement durable afin de renforcer les filières agricoles porteuses. Mais également, afin de mettre des moyens à la disposition de la population, pour lui permettre d’accéder à une alimentation non seulement équilibrée mais suffisante. Par ailleurs, l’aide internationale serait sûrement plus efficace si les efforts investis portaient sur l’amélioriation des infrastructures, telles que la réparation des routes, pour dynamiser les marchés locaux.

Sources
- Carte de pauvreté d’Haïti, Ministère de la planification et de la coopération externe, 2004
- Haïti : Bilan de la sécurité alimentaire 2003-2005
- L’apport quantitatif des pays étrangers : Le nouveliste du 8 juin 2008

- La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, rapport 2006 de la FAO
- Les formes d’insécurité alimentaire

Le Festival Mawazine à Rabat, c’est fini !
2 juin 2008

Par Nadia

La saison des festivals au Maroc a commencé et c’est avec un grand plaisir que j’ai considéré non seulement qu’assister à certains concerts me permettrait de ressentir l’ambiance et la chaleur de la foule marocaine mais que sous-jacent à ces concerts, la connaissance de la culture de l’autre au travers de la musique pouvait servir au rapprochement entre population subsaharienne notamment et population marocaine… les découvertes ont été bien plus larges !

Mawazine, c’est 9 jours et 40 pays représentés.

Du fait de mon emploi du temps, je n’ai pu assister qu’à certains concerts en particulier (Rokia Traoré, Al di Méola, Goran bregovic et Georges Benson) qui ont été pour moi marquants et m’ont fait percevoir l’importance de cet événement dans l’agenda touristique mais surtout comme événement populaire marocain et d’accès à la musique pour tous.

C’est lors du premier concert, où je me suis rendue seule, que j’ai le plus senti le climat, l’état d’esprit du public, près d’une barrière face à un écran géant où apparaissait le concert en live et Georges Benson ! Alors que le festival s’est tenu sur 9 scènes de la ville, je n’en ai faites que 4 et mes deux premiers concerts ont eu lieu sur les berges du fleuve Bouregreg que je redécouvrai depuis mon arrivée.

Arriver dans des rues pleines de jeunes, de familles, …, déboucher sur le fleuve Bouregreg et découvrir les changements découlant de l’aménagement des berges qui ont transformé le paysage. Longer la corniche, le Bouregreg d’un côté (et ses barques que je craignais disparues), la médina (et ses remparts en restauration) de l’autre. ... Les berges ne risquent-elles pas d’être appropriées par une population plus aisée ou par davantage d’hébergements touristiques et donc de dénaturer ce patrimoine ? Quelles ont été les réactions à ce projet ?

L’aménagement de la corniche de Rabat et des berges du Bouregreg

Les opposants et les soutiens à ce projet d’aménagement du Bouregreg continuent de s’affronter. Il semblerait néanmoins que cette opposition se soit adoucie avec le temps. Le projet aurait il convaincu le plus grand nombre ? Certains expliquent cet adoucissement par des actions de la part des « responsables » du projet pour faire taire toute contestation (en monnaie sonnante et trébuchante ? en contrepartie ? ou par la force de la conviction ?). Il est vrai que ce projet est d’une ampleur énorme, intégrant non seulement l’aménagement des berges mais également la construction d’un tunnel passant le long des Oudayas [4] sensé désengorger la circulation (et notamment celle des camions), l’aménagement de la corniche de Rabat [5], le projet Technopolis [6], un port de plaisance pour les yachts, des hôtels, un centre de conférences internationales, des milliers de logements, des bureaux de luxe équipés en bureautique et en technologie sur 200.000 m2, des centaines de boutiques et de magasins sur 100.000 m2, des centres commerciaux, et théâtres, des places et des amphithéâtres en plein air, etc. Et tous ces aménagements s’accompagnent de la mise en service prévue pour 2010 d’un tramway composé de deux lignes de 18 km sur Rabat-Salé. Sur une partie du patrimoine marocain de Rabat/Salé, le projet de l’aménagement du Bouregreg et de la corniche de Rabat a mobilisé des sommes d’argent énormes, attiré des investisseurs de tous bords et notamment étrangers [7] qui peuvent nous amener à nous interroger sur l’utilité publique d’un certains nombre des orientations choisies.

Retour au festival Mawazine

Pour le moment, je viens écouter Georges Benson au festival Mawazine, le cadre est magnifique... et les barques sont toujours là ! En approchant de la scène, des groupes, de jeunes hommes essentiellement, avancent dans la même direction. Nous longeons la corniche et les carrés d’herbes surveillés par des vigiles qui chassent tous ceux que le trottoir ne satisfait pas, attirés par les espaces fraîchement amenagés, quasiment vierge, aggrémentés de bancs et d’une pelouse accueillante … mais pourtant encore inaccessible au public.

Le rang du fond : les mobylettes et les vélos qui permettent à leurs propriétaires d’avoir un siège pour toute la durée du concert et de profiter du spectacle grâce aux écrans géants disposés tout autour. Quelques vendeurs à la sauvette : cigarettes (pas pour moi, seule et fille j’aimerai ne pas me coller une image qui pourrait mettre à mal ma tranquilité...), biscuits, pépites et autres friandises. Le service d’ordre et de sécurité est largement présent (personnel du festival et forces de l’ordre), en civil ou en uniforme. Je m’avance dans la foule et me trouve un petit coin d’où je peux voir Georges Benson de loin, avoir un écran géant à proximité, des jeunes autours et derrière moi une vue imprenable sur la voie de passage des VIPs. Un intérêt particulier pour moi à voir les personnes pénétrer au devant de la scène dans le carré VIP [8] : invités [9], spectateurs ayant payé leur entrée [10] et ceux qui parviennent à soudoyer les « videurs ». Les « videurs » en question avec qui j’échange quelques boutades me proposent de passer… je préfère rester dans l’ambiance chaleureuse qui m’entoure et avec les jeunes qui, comme moi, s’amusent des négociations de ceux qui veulent absolument intégrer la zone des « privilégiés ». Le retour de ce concert se fait au pas de course, la fin du concert ayant été saluée par une averse qui fait fuir les spectateur d’un seul et même élan, ce qui accroît un sentiment de cohésion qui ôte d’office toute crainte de marcher seule dans des ruelles sombres.

Une adhésion du public

Au cours des différents concerts que j’ai pu faire, belle ambiance ! Découverte et décalage apparent du public marocain pour le concert de Goran Bregovitch dont les magnifiques chœurs ont moins touché que la très rythmée « kalashnikov » ; une adhésion complète et une « standing ovation » impressionnante pour Al di Méola de la part du public du théâtre Mohamed V, le seul concert payant ou sous invitation auquel j’ai tenu d’assister. L’adhésion du public à une grande partie des concerts semble avoir été acquise (de Ziggy Marley au mythique groupe marocain nass el ghiwane) et quel plaisir d’écouter des groupes du monde entier ! La présence de musiciens subsahariens et d’artistes symboles des ponts entre les cultures que sont Dee Dee Bridgwater et Rokia Traoré notamment ont leur importance quand les liens entre les marocains et leurs voisins du sud semblent tantôt étroits et tantôt si violemment distendus. Au cours de ces concerts, et contrairement à celui de Youssou N’dour auquel j’ai assisté en 2006, je n’ai pas constaté de présence sugnificative des subsahariens au Maroc.... peut être trop de présence policière, peut-être des scènes parfois inaccessibles parce que trop éloignées de leurs lieux de résidence,...

Le succès de Mawazine et la saison des festivals au Maroc

Le festival Mawazine a eu un succès qui a su m’impressionner [11], pour ses invités extérieurs comme pour la valorisation de la musique nationale. Il a permis à une portion importante de la population de se divertir au son de musiques variées et qui ont été globalement incontestablement appréciées. Les nombreux sponsors et le coût non négligeable de cet événement [12], soutenu également par le contribuable marocain, auront-ils ainsi été justifiés ? La clôture du festival s’est faite en grand avec 80 000 spectateurs et la chanteuse Withney Houston qui a empoché le cachet le plus élevé après avoir été accueillie au palais royal de Skhirat pendant son séjour. Le festival Mawazine fait donc partie des événements de grande ampleur dans la multiplicité des festivals qui se sont créés et qui continuent de se créer au Maroc. Certains s’épanouissent, d’autres se spécialisent, d’autres encore disparaissent n’attirant pas assez ou n’ayant pas assez de fonds pour continuer. La dynamique est néanmoins agréable même s’il me semble très difficile de pouvoir assister au festival Tanjazz qui vient de commencer, à celui des musiques du monde d’Essaouira, au festival Jazz au Chellah (Rabat) qui commence dans deux semaines, etc. Comment les étudiants ont-ils su gérer leur période de révision pour leurs examenx de fin d’année et leur présence au festival Mawazine ?

Informations complémentaires :

1) Concernant le projet d’aménagement du Bouregreg : http://www.bouregreg.com/ ?lang=fr&Id=73&RefCat=36 http://www.dailymotion.com/video/x29bvh_projet-bouregreg-travaux-vont-bon-t_politics http://www.rabat.ma/index.php/content/view/557/1/ http://www.maroc-hebdo.press.ma/MHinternet/Archives_653/html_653/2milliard.html

2) Concernant le festival Mawazine http://www.festivalmawazine.ma/ http://www.lematin.ma/Actualite/Express/Article.asp ?id=91289

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