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Argentine / Media alternatifs /

Ambiance électrique au pays du tango !
8 juillet 2008 par Cindy Drogue

3 mois que ca dure. Les agriculteurs en colère. La présidente qui tient tête. Barrage des routes, piquete et cacerolas [3]...L’ ambiance est électrique au pays du tango.

Ce qui a mit le feu aux poudres

En mars dernier, le gouvernement a décidé d’augmenter de 25 % les taxes à l’exportation de soja et ses dérivés, principale richesse agricole du pays dont l’Argentine est le 3e exportateur mondial. Pour le gouvernement, la hausse des taxes à l’exportation avait notamment l’objectif de financer un programme de construction d’hôpitaux et de logements sociaux. Avec des prix tirés vers le haut par la demande chinoise et une hausse de 30 % des cours en 2007, les revenus du soja - qui représentent la moitié des 30 millions d’hectares cultivables en Argentine et 50 % des exportations - sont une véritable rente pour l’Etat. En réaction à cette mesure, les « agriculteurs » argentins mènent un mouvement de grève de commercialisation des grains (céréales et soja) et bloquent aussi régulièrement les routes du pays, les fameux piquete argentins !

La tension monte, les casseroles sonnent

Et on ne parle plus que de ce conflit ici, tout le monde y va de son analyse, de son commentaire et tout semble se dérouler dans une grande confusion. Les "pro campo" ont affronté le gouvernement à coups de casseroles lundi dernier à Buenos Aires et dans plusieurs villes de l’intérieur, des centaines de personnes se sont rassemblées pour apporter leur soutien au mouvement des agriculteurs et réclamer une solution à un conflit qui s’est aggravé le week-end dernier après l’arrestation pendant quelques heures d’un dirigeant agricole. En risposte une partie du secteur populaire est sortie dans la rue mercredi dernier pour appuyer le gouvernement et protester contre les manifestants issus du « campo », traditionnellement antipéronistes, qu’ils ont qualifiés « d’oligarques » et de « piqueteurs VIP ». La tension s’est encore accrue après des déclarations lundi de Luis D’Elia, leader social "kirchnériste", dénonçant l’existence d’un complot économique, fomenté par l’ancien président Eduardo Duhalde, adversaire de Mme Kirchner, bien qu’appartenant au péronisme, mouvement politique dont se réclame la présidente argentine.

Un pays paralysé

La reprise de la grève des agriculteurs la semaine dernière, la quatrième depuis le début du conflit en mars, pèse lourdement sur l’activité économique dans l’intérieur du pays et bloque également les exportations de grains, faute de renouvellement des stocks dans les silos du port de Rosario, capitale de l’agro-alimentaire et principal débouché des exportations agricoles. Elle commence également à provoquer des problèmes de ravitaillement, notamment d’essence et de certains produits alimentaires, en raison des nombreux barrages bloquant plusieurs routes dans l’intérieur du pays par des agriculteurs en colère et des routiers, excédés de ne plus pouvoir travailler.

Au delà de ce conflit où tout semble se mélanger et s’exacerber, c’est bien la forme de production de la terre, les relations sociales qui les sous-tendent, la propriété et l’usage des ressources naturelles, la distribution des richesses et des biens nationaux, qui est en jeu. Et à ce sujet, le peuple argentin s’interroge : à quoi va réellement servir les bénéfices tirés des "retenciones" ? [1] L’argent va t-il réellement être investi dans des biens publics ou sera t-il destiné à rembourser la dette abyssale argentine – 136 700 millions de dollars en 2007 soit 64% du PIB. Beaucoup pensent à ce sujet que le méga-projet de construction d’un train à grande vitesse confié à l’entreprise francaise Alstom serait un moyen de renégociation avec le « Club de Paris » avec lequel l’Argentine a une dette à honorer dans un futur proche...


[1] taxes à l’exportations en espagnol




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