Document sans titre
bando
>>> PROMOTION 8


 Droits des étrangers
 Exclusion urbaine
 Media alternatifs
 Mobilisations citoyennes




 Aude
 Benoît
 Cindy
 Lucie
 Marie
 Nadia
 Souad
 Valérie


Maroc / Droits des étrangers /

Des accords privilégiés entre le Maroc et les pays d’Afrique subsaharienne
5 juillet 2008 par Nadia Khrouz

"L’histoire du Maroc est fondamentalement liée à celle de l’Afrique. Elle puise ses origines de ce continent. Pourtant, seuls 4 jeunes sur 776 disent se sentir une âme africaine, que ce soit en première ou en seconde position" [1]

Pourtant, et malgré une certaine ambivalence, l’appartenance du Maroc à l’Afrique se traduit par des accords et des liens privilégiés multiples, signes de cette appartenance reconnue.

L’Agence Marocaine de Coopération internationale (AMCI)

L’AMCI a été créée en 1986 et "constitue l’instrument de mise en œuvre des programmes de coopération Sud-Sud du Royaume" [2].

Les activités de l’AMCI :
- Formation des cadres "de pays frères et amis" avec pour l’année 2007-2008, environ 7350 étudiants étrangers (dans 17 villes marocaines) . Sur cette communauté, plus de 6600 étudiants bénéficient de la bourse de coopération octroyée par l’AMCI.

- Coopération technique avec les autres pays en développement (expertise, stages de formation, coopération bilatérale ou triangulaire)

- Coopération économique et financière (micro-projets à caractère économique et social)

Les Dispenses de visa

Le Maroc a signé des accords incluant des dispenses de visas pour les ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne suivants [3] : Congo, Côte-d’Ivoire, Guinée (république de), Mali, Niger, Sénégal.

Ces accords permettent à leurs ressortissants d’entrer sur le territoire marocain sans visa avec l’exigence d’un passeport en cours de validité ou de tout titre de voyage reconnu par l’Etat marocain. Cette dispense de visas d’entrée signifie également qu’en-deça d’une période de 3 mois, les ressortissants de ces pays entrés au Maroc séjournent au Maroc légalement. Rappelons néanmoins que les autorités aux frontières peuvent refuser l’entrée au Maroc des ressortissants de ces pays dans certains cas.

L’intégration dans des sous-ensembles régionaux

Au niveau régional, le Maroc est lié à des Etats d’Afrique subsaharienne francophone [4] par :

l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF) Etats membres : Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Maroc, Sénégal, Tchad, Togo et Tunisie.

La Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) La CEN-SAD a pour mission la mise en place de programmes de développement commun dans les domaines de l’agriculture, l’industrie, l’énergie, mais aussi pour les aspects sociaux et culturels. Etats membres : Bénin, Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Djibouti, Egypte , Erythrée, Gambie, Guinée, Guinée Bissau , Libéria, Libye, Mali, Maroc, Niger , Nigeria, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad, Togo et Tunisie.

•Le Marché Commun pour l’Afrique Australe et Orientale (COMESSA) Le traité établissant le Marché Commun pour l’Afrique Australe et Orientale (COMESA) a été signé en novembre 1993 et ratifié en décembre 1994. Il remplace l’ancienne Zone de Commerce préférentielle, qui existait depuis 1981. Le Maroc rejoint la COMESSA en 2001. Etats membres : Angola, Burundi, Comores, Congo (DR), Djibouti, Egypte, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Namibie, Ouganda, Rwanda, Seychelles, Soudan, Swaziland, Zambie et Zimbabwe.

• La Banque Africaine de Développement (BAD) : La BAD est une banque de développement régionale et multilatérale dont les actionnaires sont les 53 pays africains et les 24 pays non africains des Amériques, d’Asie et d’Europe (pays membres non régionaux). La Banque a pour objet de promouvoir le développement économique et le progrès social de tous les pays membres régionaux (PMR).

• Le Fonds africain de développement (FAD) Le Fonds africain de développement (FAD), qui comprend la BAD et les États participants, a été créé en 1973 et a commencé ses opérations en 1974. Il a pour objectif principal de faire reculer la pauvreté dans les PMR, en accordant aux pays à faible revenu des prêts concessionnels pour financer des projets et des programmes, ainsi qu’une assistance technique pour des études et des activités de renforcement des capacités.

Notons aussi que le Maroc est le seul Etat du continent non membre de l’UA [5] (l’Union Africaine).

Présence marocaine en Afrique subsaharienne

Après la conférence anti-colonialiste de Casablanca en 1961, le soutien au Congo de Lumumba, le ralliement du camp des non-alignés (conférence de Bandoeng),…, par Mohamed V, le règne de Hassan II s’est davantage orienté vers son projet de "Grand Maroc" et sur la question du Sahara. Hassan II a ainsi écrit en 1976 que "le Maroc ressemble à un arbre dont les racines nourricières plongent profondément dans la terre d’Afrique et qui respire grâce à son feuillage bruissant aux vents de l’Europe" [6].

Comme l’attestent les différentes tournées de Mohamed VI dans d’autres Etats Africains (Sénégal, Burkina Faso et Gabon en juin 2004 et nouvelle tournée en février 2005) et sa tournée récente (19 février 2006) accompagné de certains de ses ministres [7] chez ses voisins du sud que sont la Gambie, le Congo, la République démocratique du Congo (RDC) et au Gabon, le nouveau souverain marocain s’intéresse au reste du continent et n’est pas seulement tourné vers l’Europe en ce qui concerne les alliances stratégiques qu’il souhaite mettre en place. Le journal Le Matin, proche du Palais, parle d’une "coopération fraternelle Sud-Sud que S .M. le Roi hisse au premier rang des priorités de notre politique étrangère" [8].

En juillet 2003, 270 accords de coopération ont été signés. Ces accords concernent des programmes de coopération relatifs à l’agriculture, à l’hydraulique, aux aménagements urbains, aux infrastructures, à l’éducation,…

Au-delà, de plus en plus d’entreprises du Royaume, privées mais aussi publiques (ex : Royal Air Maroc, COMANAV) voient en l’Afrique subsaharienne un véritable marché à conquérir.

Exemples de la participation du Maroc aux conflits et crises extérieures :
- Le Maroc intervient dans la crise zaïroise (1960-1979),
- le soutien apporté au Niger lors de la crise alimentaire due à la sécheresse,
- la participation de 1250 militaires à l’opération de maintien de la paix "restore hope" en Somalie entre 1992 et 1993.

Les ressortissants marocains sont également présents dans les pays d’Afrique subsaharienne. Pour illustration, lors des évacuations de ressortissants étrangers de novembre 2004 en Côte d’Ivoire, on dénombrait 1200 ressortissants marocains [9] (une autre source avance le chiffre de "1500 ressortissants selon l’ambassade" [10]). La plupart des ressortissants marocains en Côte d’Ivoire sont commerçants. Au Sénégal, "en plus du millier de Maroco-Sénégalais et/ou de Sénégalo-Marocains, c’est-à-dire des Marocains naturalisés ou ayant la double nationalité, y vit un autre millier de ressortissants marocains dont 400 étudiants" [11].

Liens privilégiés entre le Maroc et certaines communautés migrantes

Sénégalais et maliens : la présence Tijâniyya au Maroc.

Les "commerçants et confréries religieuses sénégalais ou maliens avaient leurs habitudes(qu’ils maintiennent encore), avec différentes régions du Maroc, notamment Fès" [12].

C’est ainsi qu’ayant vécu certaines années de mon enfance à Fès il m’a été donné de sympathiser, dans le cadre d’une petite initiative d’organisation de camps de vacances, avec de jeunes sénégalais (ou marocco-sénégalais avec une mère marocaine) dont la présence à Fès s’expliquait par cette tradition d’échange et de migration dans le lieu sacré que constitue pour les Tidjani la ville de Fès (pèlerinages).

Des regroupements et forums rassemblant des membres de la confrérie tidjania sont organisés et la compagnie aérienne marocaine (RAM) facilite aujourd’hui les pélérinage à fes pour les tidjanistes maliens et sénégalais [13].

Le lien entre les gouvernements marocains et congolais (RDC) : l’héritage de Mobutu.

Depuis les années 60, le Maroc et la RDC (ex-Zaïre) ont entretenu des relations privilégiées, dont le point d’orgue a été l’exil au Maroc du président déchu Mobutu et de "sa suite" (dont certains sont d’ailleurs toujours réfugiés à Rabat).



BMP - 872.1 ko
organisations arabes, régionales et islamiques concernant l’Afrique en 2004
Questions internationales : Le Maghreb (n.10 novembre-décembre 2004)

[1] KADIRI Mouna, "musulmans et marocains, une identité bien cadrée", "grande enquête sur les jeunes d’aujourd’hui", les documents de l’Economiste, Mars 2006, p 74-75

[2] Plaquette de présentation de l’AMCI, élaborée par le Ministère des affaires étrangères et de la coopération, septembre 2005

[3] Site du Ministère des affaires étrangères et de la coopération : www.maec.gov.ma

[4] voir egalement carte en fin d’article

[5] Membre de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) dès sa création, le Maroc s’en retire le 12 novembre 1984, suite à l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et la reconnaissance de cette dernière par une partie de l‘organisation africaine.

[6] ALAOUI Hassan, "Mohammed VI l’Africain", Le Matin, 21 février 2005

[7] Dont ceux des Affaires étrangères et de la Coopération, de l’Agriculture et de la Santé.

[8] ALAOUI Hassan, id., Le Matin, 21 février 2005.

[9] DAKI Aziz, "Les FAR dans le guêpier ivoirien", Aujourd’hui le Maroc, 10 novembre 2004

[10] http://www.telquel-online.com/150/actu_150.shtml

[11] THIAM Bachir, "Nos émigrés du Sud", Maroc Hebdo International, n°467, 1- 7 juin 2001, p20-21.

[12] LAHLOU Mehdi, "Filières migratoires subsahariennes vers l’Europe (via le Maghreb)", dans Laurence Marfaing et Steffen Wippel (dir.), les relations transsahariennes à l’époque contemporaine : un espace en pleine mutation, 2004, p125.

[13] par le biai de tarifs préférentiels, en permettant des visites de lieux saints d’autres villes marocaines




  Argentine
  Brésil
  Haïti
  Inde
  Maroc