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Brésil / Exclusion urbaine /

La question du logement (1) : Le modèle brésilien de répartition territoriale
2 septembre 2008 par Benoît Guichard

Cette série article fait suite au Séminaire sur le droit humain au logement qui s’est déroulé à Fortaleza les 21 et 22 août, à une rencontre avec le Cearah Periferia, ONG de Fortaleza et à mes propres interrogations de non-spécialiste sur le problème. L’habitation au Brésil est une question incontournable, complexe et difficile à résoudre. Elle croise l’héritage historique de répartition foncière avec les difficultés économiques et sociales d’une partie de la population. Le logement, plus que tout autre chose, reflète la division sociale du pays. Il concentre les problèmes de discriminations sociales, les conditions de vie inhumaine, et maintient une population sous la joug de la domination et de l’exploitation. Le droit brésilien est pourtant en avance, il offre des outils pour répondre aux problèmes des « habitats à bas loyer » (favelas), son application est cependant loin d’être respectée.

Des latifundiaires au favelas...

Depuis l’arrivée portugaise au Brésil, la répartition foncière au Brésil est par essence inégalitaire. La domination et l’expropriation sont les fondements de la distribution des terres. L’élite latifundiaire de la colonie pouvait disposer de vaste pan de terre, tandis que les populations noires n’avaient aucun droit à la propriété (ce qui entraîna la création des quilombos, villages de l’intérieur créés par les esclaves en fuites et combattus par le pouvoir). Les populations indiennes ont vu leur terres occupées, accaparées au fur et à mesure des avancées des latifundiaires et leur population réduit à l’esclavage.

Les population touchées par les problèmes de logement sont en grande partie les héritières de cette histoire. Avec l’industrialisation du pays, ceux qui n’avaient pas ou peu de terre pour survivre sont venus progressivement habiter les villes.

La loi de la terre de 1950 et le Statut de la Terre de 1964 (établis par la dictature) entérinèrent ce système inégalitaire. Ils légalisèrent toutes les occupations réalisées par les latifundiaires et par ceux ayant « acheté » des terres. En octroyant des titres de propriétés, Ces lois offrirent une protection juridique à ceux détenant la terre et affirma ainsi le processus d’exclusion sociale. Par ailleurs, cette période vit aussi le démantèlement des ligues paysannes qui luttaient pour la terre.

L’histoire continue

Cette héritage historique est toujours à l’oeuvre, notamment dans les terres intérieures ou sur les côtes. Preuve en est, la manifestation d’indiens de plusieurs ethnies du Ceará, le 20 août 2008 à Fortaleza. La manifestion appelait à la défense et à la mobilisation des indiens victimes d’expropriation ou de processus d’expropriation (au profit d’entreprises portugaises, espagnoles ou brésiliennes, etc) et en luttent pour la terre. Ces entreprises cherchent à profiter de la situation ambiguë des indiens et, dans certains cas, elles sont appuyés par la politique de « développement » de l’Etat du Ceará, Celui-ci va jusqu’à nier l’existence de certaines ethnies pour justifier les expropriations (la défense du territoire des indiens étant constitutionnelle).

Plus globalement, cette situation de tension foncière et sociale est générale dans le pays (voir aussi les luttes du MST et la criminalisation du mouvement dans le Rio Grande Sul) et maintient le Brésil au second rang des pays les plus inégalitaires au monde dans la répartition des terre.

A la discrimination coloniale, a donc succédé la domination du capital. On produit pour l’exportation ou on construit des hôtels sur les côtes du Ceará pour le tourisme de masse. Entre le développement par la recherche de devises extérieures et le respect des peuples, de la constitution ou de l’environnement, l’équilibre est parfois difficilement tenable. [1]

- La question du logement (2) : un droit en avance


[1] Cela s’illustre par le mot d’ordre présidentiel, qui est d’offrir à tout le pays, trois repas par jours. Il faut donc créer la richesse à tout prix en misant sur la répartition, aussi faible soit-elle, et quitte à sacrifier certains pans du pays. C’est ce qui explique une certaine passivité face à ces tensions foncières. Pour aller plus loin, les chiffres officiels démontrent que 50% de la population a atteint la classe moyenne au Brésil. Ils furent d’ailleurs célébrés par les médias, faisant la une de nombreux journaux. L’armada médiatique tourne uniquement autour de la consommation avec un matraquage publicitaire pour les produits mobiliers, de l’achat de motos, de voitures, de maisons. Cela donne une impression d’un élan général, d’un effet de rattrapage difficilement maîtrisable. La puissance publique peine d’ailleurs à suivre cette élan, la répartition des richesses, entre ceux qui profitent du boom économique et ceux qui en sont exclus, est encore très largement insuffisante, malgré les améliorations apportés par les programmes d’inclusion sociale et les bourses destinées aux populations défavorisés. Cela pose plusieurs questions sur le choix de résolution des problèmes sociaux : La question du logement suit-elle la même logique ? Celle-ci serait : celui qui a accès à la classe moyenne peut s’offrir un logement du marché privé. Il serait donc préférable de laisser le marché faire sans intervenir massivement, en supposant que la croissance va inclure toujours plus de monde et va permettre l’accès au logement. Les programmes de logements sociaux sont très largement inférieurs en nombre à la demande et les structures chargées de financer le logement d’intérêt social n’ont pas vue leur situation s’améliorer fondamentalement. Par ailleurs, le prix du marché du logement privé est en croissance continue, la demande de crédit à explosé, ainsi que les phénomènes de spéculation.




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