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Radio Bois Caïman, première expérience de communication participative populaire en Haïti
4 août 2008 par Marie Visart

Radyo Bwa Kayiman (Radio Bois Caïman) située à Mare Rouge, au Môle Saint Nicolas (Département du Nord Ouest), est la première expérience radiophonique communautaire qui a vu le jour en Haïti il y a cela 17 ans. Depuis 15 ans elle bénéficie de formations et d’accompagnement technique, promulgués par la Société d’Animation et de Communication Sociale (SAKS), pour continuer la lutte de transformation sociale dans la communauté de Mare Rouge et œuvrer à la démocratisation de la communication en Haïti

La naissance de Radio Bois Caïman [1]

Créée en 1990 par un nommé Tchatchou, à l’origine, Radyo Bwa Kayiman n’avait pas pour mission d’être une radio d’expression communautaire. Son fondateur Tchatchou, qui est mort depuis, aimait réparer les radios. Au fur à mesure de cette activité, il a commencé à collectionner un certain nombre de postes et d’émetteurs radiophoniques.

Après avoir effectué divers arrangements techniques, il décide alors de faire un essai de transmission. Un visiteur en possession d’un récepteur radio qui flânait dans la commune, interpelle les locaux pour connaître le nom de cette station qu’il écoutait. Les habitants lui expliquent qu’ils avaient effectivement entendu cette station mentionner la localité de Mare Rouge mais qu’ils n’en connaissaient pas le nom. Au premier de répliquer que cette station ne pouvait être que la radio Mare Rouge. C’est de cette anecdote que Radyo Bwa Kayiman vu le jour.

Suite à cette expérience effectuée sur une distance de 15 à 20 mètres, les habitants de Mare Rouge ont pris conscience que si certaines villes du territoire pouvaient se doter d’une station de radio, il en était de même pour leur communauté. Ainsi, à l’initiative de l’organisation locale Mouvman Nèg Mawouj (MONEM), les habitants ont commencé à réfléchir et à échanger leurs idées pour pouvoir permettre à cette radio de diffuser dans un périmètre plus vaste. Aussi, en comprenant l’impact que pourrait avoir une telle initiative, des personnes de l’étranger ont diffusé l’information au sein de la diaspora haïtienne qui par la suite donna un coup de pouce pour permettre que cette radio devienne réalité. Le 26 juillet 1990, Radyo Bwa Kayiman était sur pied. Aujourd’hui, elle est appuyée par le Groupe de Recherche et d’Appui au Far-Ouest (GRAF).

Un contexte politique difficile

Avant la création de Radyo Bwa Kayiman, la communication était loin d’être évidente. Par chance certaines personnes réussissaient à capter, de temps à autre, les émissions de radio Lumière qui venait de s’implanter dans le secteur.

Dans les années 1990, période pendant laquelle le pays a connu plusieurs coups d’état, la majeure partie des médias traditionnels étaient dans l’incapacité de fonctionner. La communauté de Mare Rouge avait essentiellement accès aux émissions diffusées par la Voix de l’Amérique. De plus, ceux qui possédaient une radio étaient des personnes qui en avaient les moyens, ce qui n’était pas fréquent dans cette localité.

Malgré ce contexte d’instabilité caractérisé par la terreur qui plongeait la population dans une pauvreté extrême, le besoin de liberté d’expression et de faire circuler l’information s’intensifiait. C’est ainsi que la radio communautaire de Mare Rouge a intégré en 1993 les réseaux de radios communautaires communication réalisant à son tour, des expériences de communication participative et de proximité.

Lutter pour un changement social

Pour répondre aux besoins de la communauté, les animateurs ainsi que l’ensemble de l’équipe de Radyo Bwa Kayiman ont décidé de se former aux techniques radios. N’ayant aucune expérience dans ce domaine, certains membres de la communauté leur ont fait bénéficier de quelques contacts à Port-au-Prince (la capitale) pour pouvoir joindre des formations.

De manière générale, que ce soit dans ou hors la capitale se rendre à une formation était un exercice périlleux dans un tel contexte de méfiance et d’insécurité. Ainsi, les membres de la radio ont mis en place une stratégie pour y accéder. En faisant croire que les formateurs étaient des membres de l’église qui animaient des séances de catéchisme, l’équipe de Radyo Bwa Kayiman a pu assister aux différentes formations sans éveiller aucun soupçon.

Néanmoins, pendant ces coups d’états successifs, la radio était contrainte de diffuser des émissions musicales sans pouvoir poursuivre le travail commencé, c’est-à-dire celui d’un média qui agis au sein de la communauté et permettre l’expression de la citoyenneté en vue d’un changement social.

Radyo Bwa Kayiman du nouveau millénaire `

Depuis, la radio a repris la diffusion d’émissions éducatives en faveur de la communauté. Durant l’année 2006 elle a accédé aux nouvelles technologies grâce à un programmelancé 4 ans avant par SAKS et l’organisation des Nations Unies pour l’éducation la culture et la communication (UNESCO/PIDC).

Ce programme qui consiste à implanter des centres multimédias dans les communautés reculée comme à Mare Rouge, permet aux membres de Radyo Bwa Kayiman et les jeunes qui fréquentes le centre d’avoir en leur possession des outils de nouvelles technologies de communication dans le but de poursuivre le travail de démocratisation.

Aujourd’hui Radyo Bwa Kayiman, avec les autres radios communautaires partenaires de SAKS, oeuvre pour la ratification d’un projet de loi garantissant la liberté d’expression et la pluralité du paysage médiatique haïtien.

Les 17 et 18 juillet 2008 derniers, des membres de Radyo Bwa Kayiman se sont rendus à la rencontre nationale des radios communautaires organisée par SAKS. Rencontre pendant laquelle ils ont participé à la création d’un nouveau réseau national, appelé Association des médias communautaires haïtiens (Ameka).


[1] Nou Pran Lapawol, bulletin mensuel mars/avril 2008, SAKS




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