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/ Carnet de bord  /

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Journée d’action du Forum Social Mondial à Rio de Janeiro : crise locale ou crise mondiale ?
18 février 2008 par Aude

Pour la première fois cette année, le Forum Social Mondial (FSM) a eu lieu, en simultané, dans plusieurs villes du monde, le 26 janvier dernier. Huit villes brésiliennes ont participé à l’événement : Rio de Janeiro, Sao Paulo, Fortaleza, Porto Alegre, Belo Horizonte, Salvador, Belem et Curitiba. A Rio, l’événement baptisé « Rio avec vie » a été plus que décevant…

Journée d’action ou simple manifestation pour l’occasion ?

Un FSM décentralisé : l’idée est intéressante. Il s’agit de mobiliser la population au niveau local car il est parfois difficile de comprendre que les enjeux globaux sont directement liés aux enjeux locaux. A la seule échelle du Brésil, les paradoxes sont nombreux. Prenons l’exemple de l’agriculture : le pays est connu pour ses paysans sans terre mais aussi pour être l’une des puissances agricoles mondiales. Dans ce contexte, localiser les débats apparaît comme un défi important pour sensibiliser et faire participer les citoyens à des débats dont la question centrale est notre choix de développement.

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Journée d’action du FSM à Rio de Janeiro

La journée d’action proposée à Rio se voulait proposer un espace d’échange et de discussion en parallèle d’activités culturelles. Il faut rappeler que le programme annoncé de “Rio avec vie” [1] était ambitieux. Des chapiteaux thématiques où seraient abordaient les questions liées à l’alimentation, l’économie solidaire, la culture, le syndicalisme… Que dire ? Les chapiteaux étaient très distants les uns des autres pour des raisons écologiques [2] certes mais cela a morcelé l’événement. Comme plusieurs participants, j’avoue ne pas avoir été à tous les chapiteaux, faute de temps. L’espace réservé à l’échange est resté très discret voire intime. Il était si confiné qu’au delà des 15 personnes les plus proches, on ne pouvait pas entendre le contenu des discussions. Au final, les 10 000 participants annoncés par la presse brésilienne ont assisté à un événement qui ressemblait plus à une foire artisanale qu’à une journée d’action du FSM !!!!

Crise locale ou crise mondiale ?

Je ne sais pas ce qu’il en est des évènements organisés dans les 7 autres villes brésiliennes ni dans les villes des 72 pays participants. Ici, à Rio, la presse relate les faits mais peu de critiques.

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FSM ou foire artisanale ?

Les critiques se font plutôt entendre dans le monde associatif, apparemment déçu. Dans ce contexte d’« échec » du FSM à Rio, il faut rappeler que, plus globalement, certains n’hésitent pas à parler aujourd’hui de « crise du Forum Social Mondial » comme Ignacio Ramonet, actuel rédacteur en chef du journal Le Monde Diplomatique, dans une conférence donnée à Berlin en janvier dernier. Selon le journaliste, le FSM vit aujourd’hui un moment d’impasse politique. « Les mouvements sociaux internationaux n’ont pas réussi à trouver une forme d’articulation suffisante » pour faire face aux actuelles crises du monde.

Il faut souhaiter que cette crise soit courte car c’est le Brésil qui accueillera le prochain FSM « centralisé », en janvier 2009, à Belem…

L’agriculture... toujours en retard
11 février 2008 par Ana

L’effort continu de secouer le fardeau de la pauvreté est caractéristique à la région de Moldavie du nord-est de la Roumanie. Parmi les départements les plus pauvres, celui de Botosani est un des premiers. Dans le cadre du projet, pour la mission prévue en février, nous sommes allés parler avec quelques maires des villages du département de Botosani. Les discussions eues avec eux ont tracé les contours de l’impacte que le départ des jeunes à l’étranger et la population vieillie ont sur l’agriculture locale et nationale.

Après 1990, beaucoup de gens ont commencé à quitter les milieux ruraux pour les grandes villes, profitant du fait qu’on y avait enlevé les restrictions de résidence. En même temps, une grande partie de la population urbaine, et particulièrement la population plus âgée, est rentrée aux milieux ruraux après avoir repris ses terrains agricoles. Pour les paysans, c’était un moment d’euphorie post-communiste : ils étaient rentrés en possession de leurs terres ; mais la période de transition n’a rien apporté d’aidant. Les terres ne pouvaient plus être travaillés comme jadis, la modernisation du procès s’imposait et ils ont failli, en quelque sorte, s’adapter et l’Etat aussi a failli controler cette dégradation. La grande majorite n’a pas depassé le niveau de l’agriculture de subsistance. Même s’ils aimaient travailler la terre, après un certain point, les vieux n’en pouvaient plus. Ils se sont vus obligés de vendre leurs terres ou de les donner en métayage, et de vivre de ce petit revenu. Ce qui ne voulait pas dire que les nouveaux propriétaires s’en occupaient. Outre les spéculations immobilières nationales, il est moins connu qu’il y a des étrangers qui achètent des terrains dans les campagnes roumaines parce que dans leurs pays ils reçoivent une subvention s’ils ont des terrains à l’étranger. Et parce qu’un salaire minimum européen permet d’acheter même 10 hectares de campagne roumaine véritable, pourquoi ne pas s’en servir ?

Les jeunes, même s’ils ont vécu à la campagne, n’ont plus le désir de travailler en agriculture. Parce que ça ne rapporte pas et parce qu’ils ont perdu le goût de l’investissement temporel qu’est l’agriculture. Ils cherchent des moyens plus accessibles et plus rapides pour avoir de l’argent.

Ceux qui ont travaillé en agriculture à l’étranger, ils ont vu comment un seul homme avec toute la mécanisation nécessaire peut travailler 200 hectares. C’est un peu décourageant parce que pour eux c’est un exemple qui ne leur laisse pas de choix. Comment faire pour atteindre ce niveau de mécanisation ? Où même s’ils considéraient faire une agriculture bio qui ne nécessiterait tant de mécanisation, comment faire pour vendre les produits. Où, à qui ? Les jeunes cherchent ainsi d’autres solutions pour leurs problèmes finacières, une desquelles est à portée de main : partir travailler à l’étranger comme saisonnier. Le fait que la plupart d’entre eux investissent ce qu’ils gagnent dans la construction ou la modernisation de leur maison, ou en s’achetant une voiture, témoigne aussi d’une manque d’initiative dans le domaine actif des affaires. Ils investissent dans l’immédiat, le lendemain reste pour plus tard car ils trouveront sûrement un moyen pour se débrouiller... Et même s’ils ne partent pas travailler à l’étranger, ils quittent les village pour les villes. Exode rural à l’intérieur et à l’exterieur du pays.

L’Etat n’a pas réussi à redresser l’agriculture. Officiellement, il essaie de se rendre conforme aux principes de la PAC, selon l’engagement pris lors de l’Adhésion. On a la plus émiettée agriculture de l’Europe, avec des terrains de moins d’un hectare éparpillés autour des villages. Et ce puzzle devait être cartographié, préparé pour être conforme, pour avoir accès et donner accès aux fonds européens. C’etait un travail énorme prévu dans les conditions d’adhésion. Il n’est pas fini, mais en même temps il n’a pas été conscieusement fait. Alors, les paysans ont encore à attendre...

Visite du Centre d’Installation Temporaire de Portela, Aéroport de Lisbonne
4 février 2008 par Benoit

Le Portugal dispose d’un système d’enfermement des migrants illégaux, des citoyens ne respectant les conditions d’entrée sur le territoire et des réfugiés, divisé en trois catégories : centre de détention, centre d’installation temporaire et centre d’accueil.
 Le centre de détention est appelé “Unidade Habitacional de Santo António” (UHSA) et se situe à Porto. Sur le même principe que la vidéo du centre de Lisbonne, le lien vous emmène dans cette luxueuse pension qu’un des avocats des 23 marocains expulsés récemment avait nommé "Colonie de vacances"... Il est d’une capacité de 36 places. Un nouveau centre de plus grande capacité est en projet à Lisboa ( en 2009, peut-être à Sintra).
 Les Centres d’Installation Temporaire (CIT) sont au nombre de 5 et sont situés dans la zone internationale de chaque grand aéroport (Porto, Lisbonne, Faro, Funchal à Madeire, Ponta Delgada aux Açores). Ces deux types de centre sont des centres fermés.
 les centres d’accueil pour réfugiés et demandeurs d’asiles sont eux ouverts et tenus par des ONG portugaises.

la visite..

la visite s’est déroulée le 28 janvier à Portela, où se trouve l’aéroport de Lisbonne. L’accès aux bâtiments du SEF est facile et se situe près de la sortie arrivée de l’aéroport, bien qu’aucune enseigne ou panneau ne signifie le local. J’ai été reçu par le responsable du Poste Frontière de l’aéroport de Lisbonne. Ce n’est pas la première fois que le CIT reçoit des visites, plusieurs délégations sont venues visiter le centre qui est considéré par le SEF comme un “modèle” européen. Le premier étage est réservé au corps administratif du SEF qui gère le centre, le second étage est celui où se trouvent les personnes qui doivent être expulsées.

Selon le responsable la plupart des personnes passant par ce centre sont en défaut de papier (sans visa, avec des documents manquants, sans garantie financière, sanitaire, etc.) ou avec des papiers falsifiés. la deuxième catégorie est celle des demandeurs d’asiles arrivés par voies aériennes puis, en cas cas de surpopulation à l’UHSA à Porto (situation a priori exceptionnelle), des illégaux en voie d’expulsion. Le centre n’est de toute façon pas prévu pour des séjours longues durées. Environ 50% de la population passant par le centre vient du Brésil, suivent ensuite des personnes en provenance d’Amérique du Sud puis d’Afrique ou d’Asie. Ces dernières utilisant d’autres voies, terrestres ou maritimes. Les personnes restent pour la plupart un jour ou deux, le temps de reprendre un avion par vol régulier, il est rare que le temps d’attente dépasse une semaine. Cela dépend juste des correspondances aériennes avec le pays. L’aéroport reçoit chaque année 13 millions de passagers dont 4 millions sont contrôlés, environ 4000 passent par le centre.

Le centre dispose de 54 lits divisés en deux ailes fermées, une pour les hommes et une pour les femmes et les familles au besoin. Chaque aile est de nouveau divisée en deux chambrées avec trois douches et trois sanitaires. En cas de surpopulation on y rajoute d’autres lits. Deux grandes salles sont prévues pour les repas ainsi de deux patios à ciel ouvert. Une petite salle est prévue pour les avocats, représentants consulaires et les visites mais peut aussi servir de salle d’isolement. Lors de ma visite une personne violente y avait passé la nuit, problème de drogue m’a-t-on dit. Pas de fenêtre sur l’extérieur, quelques rares jeux et deux télévisions. Le lieu est plutôt exigüe pour la population mais est supposé accueillir les expulsables très peu de temps. L’accueil est réalisé par une entreprise de sécurité privé, pour des questions de coût, qui s’occupe d’assurer l’ordre, de tenir le carnet des entrées et d’enregistrer les effets personnels (papiers, argents, etc.). Les effets sont placés dans des coffres pour éviter les vols dans le centre. Un agent travaille de nuit pour assurer le calme.

Bien propre pour repartir

A leur arrivée, les personnes reçoivent un kit sanitaire avec brosse à dent, dentifrice, savon, shampoing, serviettes de bains et draps. Une carte téléphonique de 50 crédits doit être remises pour pour téléphoner à qui l’on veut (un téléphone par aile). Un feuillet est distribué (il existe en Portugais, Anglais et Français), il récapitule les droits et obligations résumant le règlement intérieur. Les repas sont assurés par une entreprise qui s’occupe de la distribution des plateaux repas dans l’aéroport. Bref, un système bien rodé, ne faisant pas de vague... de temps en temps, il arrive qu’on expulse des enfants mineurs venant rejoindre leur parents (c’est arrivé en fin d’année 2007), mais dans la majorité des cas tout se déroule comme sur des trains d’atterrissage.

Au-delà du mobilier...

Le jours de la visite, la salle “d’accueil” était plutôt remplie, entre le flux continue des arrivants et un groupe de brésiliens ayant raté l’avion qui les devaient les renvoyer. Une sorte de cohue étrange, entre les personnes rigolant de leur situation, d’autres en pleurs, d’autres fermées sur elle-même et une dame criant sur le personnel car ses bagages devaient être en train tournés sur le tapis roulant et qu’elle voulait les récupérer. Le responsable me répond qu’en cas de nécessité, ils vont les chercher sinon la compagnie aérienne les récupère. Le personnel rient de la situation. En visitant l’aile masculine, je discute avec un guinéen qui dit avoir fui le pays en raison d’un crime dans sa famille, on lui a fourni des papiers et il a pris l’avion, il trouve le centre plutôt tranquille et qu’il n’y a pas trop de problème, il voudrait cependant avoir de l’information sur ces droits. La situation est simple, il n’en a pas. Sa présence dans le centre, signifie qu’il a passé le contrôle et qu’il n’y a plus rien à faire. Il peut contacter un avocat certes, mais doit le payer à ses frais. Pas de commis d’office ni d’association dans le centre. Il est possible pour ces dernières de s’y rendre mais elles doivent en faire la demande sur des cas bien précis et cela prend le temps du traitement de la demande, trop long. Un projet de permanence juridique est dans les cartons depuis quelques temps mais nul ne sait où en est rendu le processus, entre le SEF, l’ordre des avocats et le Conseil Portugais aux réfugies, la décision étant politique. Le responsable n’est pas contre l’idée d’avoir une association dans le centre, il trouve cela bien, mais n’en voit pas l’utilité (les expulsions étant immédiates) la loi n’autorisant pas les personnes sans visa on ne peut rien faire juridiquement... Selon Timoteo Macedo, président de l’association Solidariedade Imigrante, la présence d’un avocat en zone d’attente permettrait d’élimer une grande partie des détentions, en indiquant, par exemple, qu’il ne faut pas répondre aux questions personnels pour ne pas se mettre en faux avec les informations écrites sur les papiers délivrés par l’ambassade du pays d’origine, etc.. Le responsable me dit que ce n’est pas toujours facile humainement de voir des cas compliqués mais que la loi est ainsi faite. Quand je lui demande sur il y a des problèmes, il me répond que cela arrive que les personnes se battent, faire cohabiter des situations de tensions, même quelques jours, a ces limites.

La visite s’achève, mes impressions sont mitigées : matériellement les conditions sont correctes, il n’y a pas, a priori, pas de manquement grave.Le problème se situe au niveau des droits de la personne à se défendre qui ne sont pas respectés et qui et doivent se faire en amont, dans la zone d’attente au moment du contrôle de la situation. Humainement c’est plus compliqué, du regard de certaines personnes dans le centre on peut sentir une profonde tristesse, amertume... difficile à expliquer mais bien présente et surtout coupler avec la sensation de faire la visite de ton prochaine appartement : là vous avez les chambres avec douches, ici les salles communes et le patio pour aller humer l’air d’un pays que vous verrez pas, si ce n’est d’avion... Dans une semaine je dois visiter le centre de rétention de Porto, là encore, “exemple” de la politique portugaise d’enfermement des illégaux. La réponse positive (après relance) m’a cependant été donnée après les expulsions des marocains, la politique passe avant tout, je vais pouvoir voir la colonie... de l’humain mis au service de la répression.

Quand la grève de la faim devient le seul critère de régularisation des étrangers ayant des attaches durables en Belgique
28 janvier 2008 par Diane

Le 31 octobre 2007, 12 sans-papiers algériens et marocains ont obtenu un titre de séjour de 6 mois renouvelables sur la base de l’article 9 ter de la loi du 15 décembre 1980 après avoir fait la grève de la faim durant 43 jours. Cette régularisation a été vécue comme une grande injustice pour les milliers de sans-papiers qui n’arrivent pas à être régularisés malgré leurs attaches durables en Belgique. En dépit des multiples occupations de lieux publics par les sans-papiers, la question de leur régularisation est toujours restée lettre morte. Dès lors, les sans-papiers en déduisent que "pour être régularisé aujourd’hui en Belgique, il faut faire la grève de la faim".

Une grève de la faim symbolique de 48h00

Suite à cette régularisation, 60 sans-papiers ont lancé, le jeudi 15 novembre 2007, une grève de la faim symbolique de 48h00 pour dénoncer ce critère de régularisation. Ils ont très vite été rejoints par de nombreux autres sans-papiers, on pouvait compter au final près de 300 grévistes de la faim. Cette action s’est déroulée à Schaerbeek, rue Van Oost, dans des locaux mis à la disposition des sans-papiers par la Fédération générale du travail en Belgique (Fgtb), syndicat socialiste. Outre le soutien de la Fgtb, ce mouvement a également été soutenu par l’Union des sans-papiers de Bruxelles (UDEP).

Les 300 sans-papiers ont demandé à rencontrer le ministre de l’intérieur M. Dewael afin de lui soumettre leur dossier et dénoncer l’arbitraire des décisions prises par son administration. Ils tenaient, par ailleurs, à ce qu’il réponde à la question suivante : "Est-ce que pour les personnes ayant des attaches durables en Belgique, la grève de la faim est le nouveau critère de régularisation appliqué par son administration, l’office des étrangers ?" Cette question est demeurée sans réponse.

Devant le mutisme du ministre de l’intérieur et de son administration, les sans-papiers ont repris leur mouvement d’occupation. Depuis le 15 décembre 2007, ils occupent un bâtiment de la Communauté française situé en plein cœur de Bruxelles au 91 rue Royale.

Une grève de la faim illimitée jusqu’à la régularisation collective

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L’occupation rue Royale à Bruxelles

160 sans-papiers occupent le bâtiment de la Communauté française avec laquelle ils ont signé un contrat. Parmi eux se trouvent des hommes, des femmes et des enfants. Ils sont Algériens, Marocains, Tunisiens, Mauritaniens, Egyptiens, Togolais, Equatoriens, Colombiens, Iraniens, Guinéens, Kurdes... et vivent tous en Belgique depuis de nombreuses années. Ils vivent dans la clandestinité, dans la peur d’être arrêtés, ils n’ont d’autre choix que de travailler au noir et se font exploiter. Ils vivent dans le présent, sans espoir de futur et réclament leur droit de vivre dans la dignité.

Face à l’indifférence affichée du ministre de l’intérieur M. Dewael à la question qui lui avait été posée en novembre 2007 - question qui n’a cessé d’être relayée par les députés, les avocats, les associations et les syndicats qui soutiennent les sans-papiers -, ces derniers ont opté pour le choix du désespoir et ont décidé, le mardi 1er janvier 2008, de commencer une grève de la faim illimitée jusqu’à la régularisation collective de leur situation administrative.

Seules les femmes qui ont des enfants ne font pas la grève de la faim, tous les autres ne s’alimentent plus depuis déjà 28 jours ! Le nombre important de grévistes pose le problème du suivi médical.

Malgré tout, les grévistes s’organisent, ils essaient de rendre leur mouvement plus visible, de multiplier les actions à travers tout le pays de manière à renforcer leur action.

Donner une visibilité au mouvement, multiplier les actions

Depuis le début de la grève de la faim, les porte-paroles des grévistes se sont réunis à deux reprises afin de déterminer un plan d’action.

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Le Cercle du Silence, Place de la Liberté à Bruxelles

Plusieurs actions ont été décidées, notamment celle du Cercle du Silence. Le principe est de faire un cercle silencieux autour des promesses de régularisation des sans-papiers faites par le PS et le CDH et qui ne les ont pas tenues une fois entrés dans le gouvernement intérimaire. Le silence signifie que tout a été dit sur la question, qu’il est désormais temps d’agir ! Le Cercle du Silence se tiendra chaque mercredi à 18h00 pendant 30 minutes dans plusieurs villes de Belgique et devant un lieu symbolique. A Bruxelles, il avait été décidé de faire ce cercle autour de la Colonne du Congrès, au pied de laquelle se trouve la flamme du soldat inconnu. Finalement, l’autorisation n’a pas été donnée et le premier Cercle du Silence a eu lieu, mercredi 23 janvier, à quelques mètres de là, place de la Liberté.

Il a également été décidé de multiplier les occupations de bâtiments publics partout en Belgique, avec ou sans grève de la faim.

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Banderole accrochée sur les grilles de la Bourse à Bruxelles

A l’occasion du Forum social mondial qui a eu lieu samedi 26 janvier 2008, une manifestation de soutien aux grévistes est partie de la Bourse pour rejoindre l’occupation rue Royale, via l’Office des Etrangers. Cette manifestation n’a pas rassemblé beaucoup de monde, mais elle a quand même permis de montrer aux grévistes qu’ils étaient soutenus.

Par ailleurs, une action choc a été envisagée, celle de faire une journée de grève nationale du travail de tous les sans-papiers (la Belgique compte 100 000 à 150 000 sans-papiers). Une telle action est difficilement réalisable car elle supposerait, pour avoir un impact fort, la participation de tous les sans-papiers. Cependant, il est clair que les sans-papiers non syndiqués ne prendront pas le risque de perdre leur travail ni même celui de perdre une journée de salaire. Une telle action impliquerait donc la collaboration de tous les syndicats nationaux. D’une part, pour permettre aux sans-papiers de se syndiquer à des conditions favorables et de garantir aux grévistes le paiement de la journée non prestée ; d’autre part, pour organiser et médiatiser une telle grève.

Vers un renforcement de la coopération des acteurs de terrain à l’échelle européenne ?

Unifier les luttes sur le plan national est sans conteste capital, mais la question des sans-papiers n’est pas propre à la Belgique. Au contraire, elle ne fait que répéter à l’identique des situations européennes. Prenons pour seul exemple, celui de la grève de la faim des sans-papiers qui a eu lieu à Lille durant l’été 2007. Ce mouvement a rassemblé une centaine de personnes, et sur une cinquantaine de dossiers réexaminés, seuls 26 ont abouti à une régularisation.

En France, nombre de sans-papiers vivent dans la détresse en attente d’un sort meilleur, de même qu’en Belgique et que partout ailleurs en Europe. Ils sont là mais n’ont pas de droits, ils sont exploités et pourtant participent à l’enrichissement culturel et économique de l’Europe, ainsi qu’à celui de leur pays d’origine.

Indifférente à cette réalité, l’Union européenne ne parle que de gestion des "flux migratoires", de renforcement du contrôle de ses frontières extérieures, sans jamais faire état de la situation inadmissible dans laquelle se trouvent les sans-papiers en Europe. Situation provoquée par sa propre politique d’asile et d’immigration, dont l’application sur le plan interne ne se traduit que par des règlementations et des pratiques administratives arbitraires et dissuasives. Comment faire pour obtenir de l’UE qu’elle protège les droits des migrants et non qu’elle les bafoue ?

A un problème européen, ne faudrait-il pas répondre par une lutte unifiée à l’échelle européenne ? A l’évidence la réponse est oui. Il est donc urgent de renforcer la coopération entre les différents acteurs de terrain des pays européens de manière à inscrire les luttes dans un cadre européen. N’est-ce pas justement ce vers quoi tend l’action d’Echange & Partenariat ?!

Site de l’UDEP : http://sanspapiers.skynetblogs.be/

Haiti : petit frère oublié !
21 janvier 2008 par Cindy

Cela fait deux mois. Deux mois que je vis ici. En Haiti. Dans ce petit pays, de 27 500 km² et de moins de 9 millions d’habitants. Qui partage l’île Hispaniola avec la République Dominicaine. Et qui a été la première République noire a devenir indépendante, en 1804.

A l’évocation de son nom : mon entourage a de manière générale manifesté deux réactions : la curiosité pour ce « petit frère » francophone et la peur, quand il pensait à sa réputation de violence, d’atteinte aux droits de l’homme, de carrefour de la drogue, ect.

Je parle de « petit frère » et il est vrai qu’ « autant les relations de la France avec le Zimbabwe, Cuba ou la Birmanie par exemple relèvent de sa politique étrangère autant avec Haïti les choses sont différentes. Nos rapports sont plus délicats, émotifs et rétractiles. Tout cela parce qu’en clair-obscur, ils mettent en jeu les rapports de la France avec elle-même. De la République avec son passé monarchique, impérial et colonial » [3]

Les français - nous, moi, vous- restons pour le meilleur et pour le pire les co-auteurs de ce résultat sophistiqué, chrétien et vaudou, à cheval entre l’Afrique et les États-Unis, pré-moderne et post-moderne où la mort est banale et la vie plus intense.

Mais ce « petit frère »la France l’a laissé tombé. Aucun président français n’a encore visité Haïti. Sarko s’est engagé à le faire avant la fin de son mandat, nous verrons ! Quoiqu’il en soit et malgré quelques signes de rapprochements, nos élites n’ont pas jugé nécessaire que les petits français apprennent l’histoire d’Haïti. Apprendre l’invraisemblable dégringolade qui a fait passer en deux siècles, la « perle des Antilles » à un niveau de malédiction à faire pâlir :
- espérance de vie : 55 ans
- mortalité infantile (des moins de 5 ans) : 150/1000
- 154e rang mondial/177 pays pour l’IDH [4]
- 2/3 heures d’électricité publique par jour dans la capitale pour plus de détails sur les statistiques : estimations de la banque mondiale ici

C’est peut être le problème, Haïti fait partie de notre Histoire mais pas de notre mémoire. Que dire quand les quidams la confondent avec Tahiti ! Que le lapsus au sens freudien est si fort de sens qu’il est inutile d’en rajouter.

Sachez simplement que si la violence, la mort, la survie forment ici un voile douloureux, jamais face à la destruction, la création n’a été aussi belle. Vivre à Haiti est effectivement un acte de création quotidien où chaque matin il faut inventer la fin de journée et le lendemain. Et à l’heure du carnaval, le pays démontre une vitalité peu commune et offre une culture parmi des plus originales et des plus colorées...

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