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Mécontents...mais optimistes !
La Fondation Soros Roumanie, une association ayant pour but de promouvoir le développement des valeurs et des principes qui se trouvent à la base d’une société ouverte, vient de lancer le Baromètre d’Opinion Publique 1998-2007. C’est une étude-synthèse sur l’évolution de l’état d’esprit des Roumains pour les dernières dix années. Malgré tout, il paraît qu’on se trouve sur la bonne voie... mécontents, mais optimistes !
De rerum natura
La Roumanie se présente toujours comme un pays ou l’état d’esprit de son peuple demeure dans le mécontentement. Selon le sociologue Dumitru Sandu, un des auteurs de l’étude, « le Roumain moyen n’est pas mécontent parce que c’est dans sa nature de l’être, mais parce que, du point de vue économique, les choses vont mal, parce que la santé de la population est précaire et parce que les institutions de l’État font toujours preuve de mauvais fonctionnement. »
Le gouffre se creusant entre les différentes couches sociales devient de plus en plus évident si l’on analyse l’inégalité de revenus. Une diminution de celle-ci pendant les périodes de récession économique rendait tous « plus égaux », mais, après 2000, la révitalisation de l’économie a fait que l’inégalite s’est accentuée. Les différences entre les divers niveaux de la société roumaine commencent à se faire voir : la distance entre les plus riches et les plus pauvres est, en fait, une des plus accentuées de l’Union en ce qui est de l’inégalite de revenus.
D’une part, on a les gagnants des transformations postcommunistes : les personnes plus jeunes, ayant poursuivi des études ou ayant acquis une qualification recherchée sur le marché du travail, du milieu urbain, et de l’autre part, les soi-disant vaincus : les personnes avec un niveau réduit de scolarisation, sans aucune qualification, la plupart du milieu rural. Les enfants, les personnes d’ethnie rrome, les personnes avec un niveau réduit de scolarisation, les chômeurs et les personnes travaillant dans le secteur informel, gardent toujours un risque significatif de pauvreté.
C’est vrai que la pauvreté a connu une décroissance impressionnante après 2000 sur fond de croissance économique : de 8 millions de personnes en état de pauvreté absolue en 2000, à 3 millions en 2006, mais dans le contexte européen, la Roumanie a toujours un niveau de pauvreté particulièrement élevé. C’est toujours le milieu rural qui est le plus atteint par un taux de pauvreté de 22%, par rapport au 7% du milieu urbain. Le milieu rural semblait être satisfait de ses conditions de vie, mais après 2003, le rapport s’est inversé et l’urbain a pris le dessus. En 2007, on est plus contents en ville qu’à la campagne, qui continue à s’appauvrir.
Parmi les projets à court terme de la plupart des Roumains se trouve celui de se faire construire, ou de s’acheter une maison. « Avoir une maison comme il faut » est devenu le but principal de 20% d’entre eux. La deuxième place dans cette hiérarchie est occupée par ceux qui veulent avoir leur propre entreprise (14%) et la troisième revient à ceux qui désirent aller travailler à l’étranger (12%).
En ce qui concerne la vie politique, 70% des citoyens considèrent qu’ils n’ont pas les compétences nécessaires pour y participer et 80%, que le système politique ne peut pas être influencé par les citoyens (leur vie est influencée par les décisions politiques, mais ils ne peuvent pas les influencer). Il y a là une rupture profonde entre le politique/les institutions politiques et la plupart des citoyens, une rupture qui s’avère ne pas etre favorable à la construction facile d’une vie politique démocratique et participative. La méfiance characterise toujours cette dynamique entre le peuple et le gouvernement auquel on reproche surtout son inefficacité dans la lutte contre la corruption.
En guise de conclusion
La structure sociale roumaine peut être caractérisée par une tendance de polarisation qui devient de plus en plus accentuée à cause de la croissance continue des inégalités. Entre les extrêmes, on a la grande majorité de la population, plus ou moins pauvre, qui fait de son mieux pour réussir à garder « la bonne voie », selon son capital, son imagination et selon le contexte toujours en changement. Ce « milieu » est celui qui essaie de rester optimiste dans son mécontentement.
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Les cafés libertés comme espace de mobilisation citoyenne
Le groupe AJ (Action Jeunesse) de l’association du FMAS (Forum des Alternatives Maroc) organise, dans le cadre de ses activités, des cafés libertés. Il s’agit en fait d’espaces de débat et d’échanges libres, organisées autour d’un thème concernant la jeunesse, ce sont des rencontres organisées par des jeunes et pour des jeunes. L’objectif de fond est de pouvoir ouvrir un espace de libre expression, de discussion et de débat, autour d’une thématique prédéfinie.
Les cafés libertés : une méthodologie bien ficelée
C’est donc dans cet ordre d’idée que le groupe AJ organise ce type d’événement de cafés libertés. Généralement cela se passe au sein de cafés, transformés pour l’occasion, en espaces de débats, ou dans des locaux associatifs, mis à la disposition des jeunes d’Action Jeunesse qui le transforment en café. Les thèmes abordés sont des sujets qui touchent les jeunes, pas forcément impliqués dans le champ politique ou social. Les discussions sont donc animées par des jeunes exaltés de vouloir échanger, et apporter des propositions claires à la problématique posée.
Les cafés libertés ne sont donc pas des endroits pour discuter de tout et de rien. Le groupe AJ a mis en place une méthodologie [1] très soignée sur l’organisation ces rencontres. Ce n’est surtout pas une discussion improvisée et désorganisée, mais une rencontre réfléchie, et animé de bout en bout.
Les objectifs spécifiques des cafés libertés se déclinent en 4 points :
- Susciter le débat
- Ecouter les préoccupations et les propositions de jeunes
- Synthétiser et capitaliser les idées ressorties du débat
- Entraîner la proposition d’alternatives et de moyens susceptibles de les développer
- Café liberté organisé à Casablanca du 30.09.07
Dans les cafés libertés tous les jeunes peuvent s’exprimer librement, mais pour la bonne tenue des débats le groupe AJ trouve qu’il était essentiel de mettre au centre un animateur ou deux animateurs. Ils ont pour rôle d’animer, mais seront aussi responsable de l’ouverture, de l’accueil des participants, et de tout ce qui concerne le bon déroulement. Les animateurs s’assurent que les étapes du débat et les règles de fonctionnement sont bien respectées.
Pourquoi l’idée du café ?
Le terme café est utilisé ici parce que ces rencontres prennent modèle sur le concept du café littéraire qui prend son origine dans l’Italie du XVI e siècle. A cette époque le café, comme produit était très mal perçu. Les académies de médecines, les groupes religieux et même l’état s’opposaient fermement à sa consommation. Le café a très vite suscité un engouement, il était alors apprécié par quelques originaux. A cause des interdits, sa consommation devait être clandestine. Elle créait ainsi un phénomène de réunion autour des cafés attirants poètes, révolutionnaires, intellectuels, jeunes et autres agitateurs sociaux. C’est de là qu’est nait le concept du café littéraire, endroit où on échange les idées, on débat sur des sujets de fond, avec passion, et surtout autour d’un café, produit de controverse, de désirs secrets et interdits.
Le café littéraire devient le symbole de luttes sociales, de combats révolutionnaires et de discussions intellectuelles. Ces rencontres ont permis a beaucoup d’écrire, de réaliser des œuvres qui ont, pour beaucoup, marqué les pages de l’histoire de l’art, des idées et des lettres.
Le groupe AJ a choisi ce model de rencontre pour le symbole du lieu contestataire, et parce que les jeunes se sentent plus en confiance de s’exprimer dans un lieu où les idées s’échangent plus "librement" qu’ailleurs. Le café est aussi un choix pragmatique, les jeunes ont l’habitude de les fréquenter, c’est un lieu fédérateur et créateur de liens socioculturels. De plus, les cafés libertés sortent un peu du schéma formel, et rigide des rencontres organisées dans un lieu de conférence, neutre de tout symbole. Les cafés libertés connaissant un intérêt très vif de part leur forme. Les jeunes se montrent comme une force de propositions, et mettent tout en œuvre pour que ces rencontres soient capitalisés pour la suite des projets du groupe.
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Et si je vous disais « Foggia » ?!
Fort probablement ce nom ne suscitera aucune réaction pour la plupart de ceux qui sont en train de lire cette brève. Allons donc effectuer un petit voyage au cœur de cette ville, sans gloire et pourtant fascinante dans laquelle je me trouve.
Commençons par le début : Foggia se situe au Nord de la région des Pouilles (dans le sud-est de la péninsule italienne) au centre d’une vaste plaine agricole et jouit d’un climat méditerranéen. Fondée au IX siècle, elle compte aujourd’hui environ 150 000 habitants. Elle est le chef-lieu du département homonyme et centre universitaire.
Contrairement à beaucoup de villes italiennes, Foggia n’est pas touristique, elle n’a pas de monuments importants ni de personnages historiques très fameux. Elle n’est pas renommée non plus pour une tradition culturelle particulière. Les statistiques officielles la classent comme une des villes les plus pauvres d’Italie.
En 2006, elle a tristement défrayé la chronique après la publication d’un reportage sur les conditions d’exploitation des travailleurs migrants pendant la période de la cueillette de la tomate dans le département.
Dans les régions du Nord d’Italie, on l’imagine sale, chaotique et vaguement dangereuse. Les habitants des Pouilles la décrivent comme la ville la plus moche et la plus ennuyeuse de la région…
Arrivée à Foggia avec ce bagage d’informations plus ou moins fondées, éparpillées et pas très élogieuses, j’ai découvert une ville loin d’être inintéressante.
Le centre historique est plutôt soigné et joli, on y trouve des bâtiments anciens et des immeubles de la période fasciste à coté d’édifices récents. Les allées principales qui rejoignent le centre sont larges et bordées de palmiers, pour rappeler qu’on n’est pas loin de la méditerranée. Une longue rue piétonne traverse le centre historique de part et d’autre. Il s’agit de « la rue de la promenade » où les habitants se promènent, comme le nom l’indique, en petit groupes ou en couples tout en regardant les vitrines des magasins les plus luxueux de la ville. Sans jamais y rentrer, évidemment, à cause des prix trop élevés !
Hormis cet espace, tout le reste de la ville est presque toujours congestionné de véhicules, certainement à cause aussi de l’inefficacité patente des transports en commun.
Pour ce qui est de l’ambiance, la ville est plutôt gaie et populaire : les personnes qui habitent au rez-de-chaussée étendent leur linge sur les trottoirs et les gens ont l’habitude de discuter dans la rue de façon très conviviale.
Les manifestations culturelles sont nombreuses, il y a plusieurs salles de cinéma et de théâtre. Un festival de cinéma indépendant est en train de se dérouler en ce moment.
Le mouvement associatif est riche, y compris dans le domaine des migrations et de la médiation culturelle. On trouve à Foggia plusieurs centres interculturels, structures d’aide aux immigrés et associations culturelles d’étrangers.
Mais en même temps on n’aperçoit pas beaucoup d’étrangers se promener au centre ville. Quand ils le font, il leur arrive de se faire montrer du doigt et apostropher dans la rue par des italiens, surtout lorsqu’ils ont la peau noire. Il est fréquent d’entendre des discours racistes de tout genre un peu partout, dans les cafés et dans la rue.
Un des salariés de mon association d’accueil a l’habitude de dire que Foggia est une ville schizophrénique, caractérisée par de profondes contradictions.
Ce commentaire rejoint mes premières impressions. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle reste-il me semble- une ville en plein mouvement, à explorer et comprendre d’avantage.
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La coopération entre pays du Sud : l’avenir de la solidarité internationale ?
Arrivée à Rio début novembre, je fais pour la première fois ma petite valise pour me rendre à Belo Horizonte, dans un autre Etat du Brésil, pour assister aux « IIèmes rencontres de la coopération décentralisée franco-brésilienne » qui se sont déroulées du 12 au 14 novembre 2007.
Mais qu’est-ce que la coopération décentralisée me direz-vous ? C’est lorsque des collectivités locales de pays différents (villes, départements, régions…) concluent des accords pour travailler ensemble sur des thématiques. Prenons l’exemple de la ville de Paris qui a un partenariat avec la ville de Rio de Janeiro. Elles coopèrent notamment dans le domaine du développement urbain. C’est ainsi que le réaménagement partiel d’un quartier de la ville merveilleuse [2] a vu le jour…
Lors de ces rencontres, une expérience singulière a été présentée aux participants : une coopération entre la ville de Montreuil (France), la ville de Diadéma (Brésil), la province de Hai Duong (Vietnam) et le Yélimané (Mali) où le fruit de la coopération mûrit. La ville brésilienne intervient notamment sur la question du traitement des déchets. Un reportage montrait un technicien de Diadéma, spécialiste de ces problématiques, lors de son déplacement dans le Yélimané. Ce dernier travaille dans son pays sur le traitement des déchets, notamment dans les favelas. Et, d’une certaine manière, on peut penser qu’il est plus « qualifié » qu’un spécialiste français. Car, les bidonvilles brésiliens ont sûrement des caractéristiques socio-économiques et environnementales plus proches du Mali que de n’importe quel territoire français !!! De la même manière, l’équipe vietnamienne est chargée de la mise en place de rizicultures et de la diversification agricole dans le Yélimané. Je ne connais pas précisément les « résultats » de cette expérience mais je trouve l’idée intéressante. Intéressante parce qu’enfin on n’est plus dans un rapport exclusivement Nord-Sud. Intéressante parce que probablement plus pertinente en termes d’échange d’expériences. Intéressante parce qu’on reconnaît les compétences et l’expérience de certains pays du Sud.
Et si c’était l’avenir de la coopération internationale…
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Istanbul, les « Gypsy Stars » et Moi...
Croyez-moi, les Roms d’Istanbul sont des « supers stars » ! Oui, oui, je dis bien : « des supers stars » ! Une semaine à peine s’est écoulée depuis mon arrivée à Istanbul. Journalistes de presse, reporters télé, caméramans se pressent à Sulukule, le quartier rom, pour faire des reportages, recueillir les derniers événements...D’ici et d’ailleurs. Tous les jours. Ou presque. Où en est le projet de la mairie ? les démolitions ? la réaction des habitants ? Quand les médias ne sont pas là, les porte-parole du quartier sont en ville pour se confronter à la mairie et aux autres institutions. Tiens, jeudi dernier, ils étaient même au Parlement Européen à Bruxelles. Imaginez, l’Europe. Ce week-end risque d’être très très médiatique pour le coup ! Et moi ? Hmhm...Inutile de vous dire que je ne suis pas une super star. Hier, assise à ma table attitrée dans le café du quartier, où l’association pour la solidarité et le développement de la culture rom de Sulukule a élu son siège, je m’assure dans mon fort intérieur que tel mot en turc s’écrit bien ainsi et pas autrement. C’est une langue phonétique, dit-on, comme l’espagnol par exemple ! Oui, oui, bien sûr. Ah, je ne vous ai pas dit ce que je fais : j’écoute les habitants et rédige leurs lettres qui vont être données à la Commission des Droits de l’Homme à l’Assemblée Nationale à Ankara...La semaine prochaine : direction Ankara en bus. Cela ne vous étonne plus j’espère. Aujourd’hui, je bois le thé et discute avec un habitant que l’on a contraint à vendre sa maison. Il continue de venir au quartier tous les jours et me dit :« Que l’on me donne la planète entière, ma maison est ici. » A côté, deux jeunes journalistes à peine plus âgés que moi de CNN Türk cherchent des habitants à interviewer. Un des représentants très actif du quartier s’exclame : « N’ayez pas peur de la caméra ! Ne fuyez pas la caméra ! C’est toujours les mêmes que l’on voit à la télé. Vous aussi, vous vivez la même chose, non ? Alors, venez raconter votre histoire... ». Pas difficile de trouver quelques volontaires dans l’assistance.
Et demain ? Conférence de presse, bien sûr ! Quelle question. A Istanbul, les médias rattrapent le temps perdu, celui où Sulukule leur était invisible, celui où ils n’osaient à peine franchir les limites de ce quartier...Et les quelques musiciens présents vont chercher leur instrument pour jouer devant la caméra.
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