Ca commence comme ca : j’entends le cocorico du coq et la sonnerie du réveil. Il est 5 heures du matin et on se réveille à Port au Prince. On déjeune, on s’active, on se prépare. Le quatre roues motrices s’ébranle dans la cour, la famille à l’intérieur : les timouns [1] en habit d’écolier, les parents bien agencés, tout le monde est près. Moi j’ai encore la moitié du cerveau dans mon lit. Une semaine que je suis arrivée, une semaine que je le fais, mais va savoir pourquoi, l’idée même de me lever à cette heure si si matinale me donne des sueurs froides... bienvenues ceci dit vu la chaleur tropicale qu’il fait ici !

Tap tap dans le quartier de Bon Repos

Circulation à Port au Prince

Donc voilà, on y est, nous dans le 4/4, les gamins du voisinage dans la benne, et c’est parti pour une course automobile à faire pâlir Sébastien Lobe. Oui, je vous le jure il ferait pas le fier ici le Seb ! C’est vraiment du sport de conduire à Port au Prince et un miracle d’arriver entier au taff.

Pour faire vite, conduire ici, c’est éviter les trous et anticiper (pas toujours efficacement) les défauts de la chaussée, naviguer et zigzaguer entre les motos, les vélos, les taps-taps [2], les nombreux passants et les quelques animaux qui s’aventurent dans cette jungle. Conduire ici c’est aussi doubler ceux qui ne vont pas assez vite et tourner sans regarder, et surtout klaxonner à fond les ballons...Au début ca me faisait flipper, moi qui n’avais jamais donné dans le sport auto mais maintenant ca me fait rigoler.

Tap tap à Port au Prince

Le soir on remet ca mais avec un degré de difficulté en plus : on éteint la lumière ! Oui il fait nuit à 17h30 et l’éclairage public même pas t’y penses ! Alléluia, les phares n’étaient pas en option ! Et pareil, le miracle quotidien à lieu, nous arrivons sains et saufs à la maison et n’avons renversé personne... Après une telle journée Bibi a bien mérité sa petite Prestige [3]...bon souvent elle n’est pas fraîche puisque la fée électricité n’a pas fait son apparition durant la journée et le frigo n’a donc pas fonctionné, mais tampis ! La journée est terminée, je suis rincée, je vais me baquer (au vrai sens du terme) et m’écroule dans les bras de Morphée...