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Haïti / Medias Alternatifs /

Encore des attaques contre la presse en Haïti !
7 novembre 2007 par Cindy

Des dizaines de journalistes ont déjà été assassinés en Haïti entre 2000 et 2007. La justice fait traîner les dossiers, les crimes ne sont presque jamais élucidés, les coupables rarement punis.

Contexte législatif haïtien sur le droit d’expression

La Constitution Haïtienne de 1987 le proclame dans son titre III, la liberté d’expression est un droit fondamental « Tout haïtien ou toute haïtienne a le droit d’exprimer librement ses opinions, en toute matière par la voie qu’il choisit. » [1]. Elle protège également les journalistes dans l’exercice de leur fonction « Le journaliste exerce librement sa profession dans le cadre de la loi. Cet exercice ne peut être soumis à aucune autorisation, ni censure sauf en cas de guerre. » [2] L’actualité nous plonge dans une triste réalité : en Haïti ces principes sont bafoués.

Un journaliste menacé de mort et une chaîne de télévision attaquée

Reporters sans frontière, militant pour la liberté de la presse dans le monde, exprime sa vive inquiétude quant aux menaces de mort dont à fait l’objet le directeur la Commission indépendante d’appui aux enquêtes relatives aux assassinats des journalistes , Joseph Guyler Delva , depuis le 25 octobre 2007. Animateur sur Radio Mélodie FM à Port-au-Prince, Joseph Guyler Delva est également correspondant en Haïti de la BBC, de l’agence Reuters, de la Caribbean Media Corporation et du Haitian Times, basé à New York.

Par ailleurs, Radio Kiskeya rapporte aujourd’hui même que des inconnus lourdement armés ont ouvert le feu mardi soir sur les locaux de Radio-Tele Ginen, une chaîne privée située à Delmas 31 (nord de Port-au-Prince). L’attaque n’a touché aucun journaliste de la chaîne mais à par contre blessé sérieusement une femme qui se trouvait de l’autre côté de la rue, selon des témoins.

Comme le souligne la société interaméricaine de Presse (SIP) les journalistes continuent d’être en Haïti une cible facile pour les bandes armées et les délinquants. Le 16 mai dernier Alix Joseph a succombé à cette violence organisée. Alix Joseph avait 38 ans et était le directeur et un animateur populaire de Radio Provinciale dans la région des Gonaives, au nord de Port au Prince.

Création d’une commission d’appui aux journalistes

C’est pour lutter contre cette violence faite aux journalistes et contre l’impunité des malfaisants qu’a été créee la CIAPEAJ, la commission d’appui aux journaliste. Elle a été créée le 10 août dernier à l’initiative de l’organisation SOS Journalistes et du président René Préval. Cette commission a été mise en place afin d’évaluer les progrès des recherches officielles par rapport aux crimes perpétrés contre des journalistes entre 2000 et 2007.Elle doit réviser les dossiers policiers et judiciaires de meurtres de quelques dizaines de journalistes pour déterminer les raisons de la stagnation dans les recherches et lutter ainsi contre l’impunité.

“Malgré les progrès effectués dernièrement, la liberté de la presse demeure fragile en Haïti comme le prouvent les intimidations reçues par Joseph Guyler Delva. Nous espérons qu’elles ne sont pas liées à son activité de directeur de la CIAPEAJ et à sa volonté de lutter contre l’impunité entourant les assassinats de journalistes. Les autorités doivent retrouver et sanctionner au plus vite les auteurs de ces menaces et garantir la sécurité de Joseph Guyler Delva, ainsi que de tous les professionnels de la presse en Haïti”, a déclaré l’organisation.

Des avancées positives malgré tout

Le tourbillon plutôt noir de l’actualité ne doit pas faire de l’ombre aux efforts et avancées positives de ces derniers temps. Reporters sans frontières rapporte à ce sujet l’arrestation, le 8 octobre 2007 à Port-au-Prince, de Wensley Boshomme , alias “Bertold”, gangster suspecté d’avoir participé à l’assassinat de Jacques Roche, chef du service culture du quotidien Le Matin, le 14 juillet 2005. L’individu a été appréhendé lors d’une opération conjointe de la Minustah [3]et de la Police nationale d’Haïti (PNH). Evadé du pénitencier national le 19 février 2005, Wensley Boshomme était connu pour appartenir au gang emmené par Junior Acdhély, tué lors d’un affrontement avec les casques bleus de la Minustah en juin dernier. La bande armée sévissait dans le quartier de Cité Soleil, où “Bertold” a été arrêté.

Voir aussi les articles Haïti-Presse : Agression armée et menaces de mort et Haïti : Le gouvernement doit faire davantage pour protéger les journalistes et les radios indépendantes sur le site d’Alterpresse


[1] article 28

[2] article 28.1

[3] Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haiti




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