Istanbul : manifestation populaire dans le quartier de Başıbüyük ! Depuis le mercredi 27 janvier, les habitants de Başıbüyük sont en résistance face à un projet de l’agence pour le développement du logement (TOKI) dans leur quartier. Dans les médias, la nouvelle reste timide ou erronée : « des habitants ont attaqué des bulldozers venus détruire leur bidonville... » Faux. Le chantier d’un projet de TOKI du type « endettement à long terme » pour les habitants des bidonvilles devait démarrer cette semaine. La visite des représentants de TOKI sur le terrain avec la protection de la police crée une vague de violence et de tensions –d’autant plus que la mairie refuse de recevoir les habitants. Depuis mercredi, le quartier de Başıbüyük, situé dans l’arrondissement de Maltepe du côté asiatique, est sous surveillance policière. Jeudi, de graves incidents ont lieu entre la police et les habitants (lancées de gaz, jets de pierres...) 2 jeunes sont blessés. L’un est gravement touché : ses jours sont toujours en danger à l’hôpital. 20 personnes sont mises en garde à vue mais relâchées le lendemain. Depuis vendredi, les habitants manifestent dans leur quartier et se tiennent devant les barricades installées par la police. Ce rassemblement atteint jusqu’à 2000 habitants.
Au cours de l’année 2006, l’agence pour le développement du logement (TOKI), la mairie métropolitaine d’Istanbul et la mairie d’arrondissement de Maltepe ont en effet signé un protocole. La mairie de Maltepe a vendu 90 hectares de terrain pour le projet de TOKI. Malgré les contestations des habitants, TOKI a ouvert en 2007 une procédure d’adjudication [1] à Ankara : deux sociétés ont déjà abandonné –paraît-il en raison des réactions des habitants. Les événements d’aujourd’hui vont-ils faire renoncer la 3ème société ? Ce quartier vote majoritairement (70%) pour le parti de mouvance islamiste au pouvoir (AKP) et le parti d’action nationaliste (MHP). Une telle mobilisation est surprenante et en particulier la présence marquée des femmes. De coutume, ce sont les milieux de gauche qui organisent de tels mouvements de contestation. Les réactions et les propos lors de la manifestation sont d’autant plus virulents à l’égard de la politique du gouvernement et du 1er ministre Recep Erdoğan.
Ce souffle de mobilisation ne va pas s’éteindre si facilement dans le quartier ; cette dynamique populaire redonne du moral aux militants qui luttent contre les projets de spéculation urbaine à Istanbul ! [1] acte par lequel les entrepreneurs sont mis en concurrence pour la réalisation des travaux ; les entrepreneurs proposant le prix le moins élevé sont en général retenus. |
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