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Turquie / Exclusion urbaine /

A Istanbul, l’arrondissement d’Ümraniye : « Diviser pour mieux régner » !
3 mars 2008 par Derya

A Istanbul, la mairie d’Ümraniye « prépare le terrain » pour mettre en place ses projets de spéculation foncière : en octobre 2007, elle prend la décision de modifier le découpage administratif de l’arrondissement à l’échelle des quartiers. Zoom sur le quartier de Mustafa Kemal, connu et nommé par tous : le quartier du 1er mai. [1]

Ümraniye, 2ème arrondissement d’Istanbul en superficie, a actuellement le nombre de quartier le plus bas : 14. Le maire de l’AKP (parti pour la justice et le développement de mouvance islamiste au pouvoir) va diviser l’arrondissement en 42 quartiers, qui vont être répartis entre les arrondissements de Kadıköy, d’Üsküdar et d’Ümraniye du côté asiatique. Ne pensez pas : « La division d’un arrondissement en plusieurs quartiers va améliorer les services urbains et sociaux ! » Non.

11 quartiers sont effectivement concernés par cette mesure municipale. 3 quartiers sont épargnés : le quartier où le maire est domicilié et deux autres quartiers proches de sa famille politique. Cette mesure semble bien être aléatoire : comparons ! Le quartier du 1er mai : le nombre d’habitants = 31 000, les règles d’urbanisme = autorisation de construire deux étages maximum. Le quartier du maire : le nombre d’habitants = 42 000, les règles d’urbanisme = autorisation de construire sept étages maximum [2]. Autre chiffre. Un autre quartier de l’arrondissement, de 755 000 hectares va être divisé en 4 –soit des quartiers de 190 000 hectares chacun, alors que le quartier du 1er mai de 121 000 hectares va être divisé en 2 –soit des quartiers de 60 500 hectares chacun ! Pourquoi cherche-t-on alors « à tout prix » à diviser le quartier du 1er mai ?

Dans la presse, 10 maires de quartier (en turc, muhtar) sur 14 s’opposent à cette mesure municipale. Selon eux, c’est la première étape pour mettre en œuvre et augmenter les projets de spéculation urbaine. Ils se plaignent de la mairie qui ne les consulte pas pour ce type de décision. La mairie, elle, prétend que les maires de quartier ne parviennent pas à assurer l’ensemble des services (administratifs) aux habitants. En réalité, oui, la mairie va entreprendre des projets et par la même occasion, –comme le souligne justement un des maires de quartier- elle va pouvoir renforcer ses activités auprès de ses électeurs et embrigader plus aisément à l’échelle des quartiers.

Pour en revenir au quartier du 1er mai, il est certes bien situé, proche des centres urbains du côté asiatique (Kadiköy, Ümraniye) et des infrastructures routières (autoroute E-5). La résistance aux tremblements de terre a été prouvée ; en somme terrain idéal pour des projets de spéculation foncière. Mais pourquoi vouloir faire un découpage administratif dans ce quartier, dont la superficie et le nombre d’habitants sont inférieurs à d’autres quartiers d’Ümraniye ? Car, cet ancien bidonville s’est construit grâce à de longues batailles des habitants avec la police ; car, cet ancien bidonville a une forte histoire politique de gauche. Diviser le quartier pour mieux briser des mouvements éventuels de contestation contre les projets urbains et les démolitions, qui vont bientôt faire jour...voilà pourquoi.

Pourtant, la nouvelle de la division dans le quartier du 1er mai laisse tout le monde serein, sauf le maire de quartier qui s’est approprié cette cause. C’est peut-être d’ailleurs pour cette raison que les habitants n’ont pas réagi. Encore une manigance du maire de quartier, qui cherche à gagner des voix avec les élections de 2009...Agit-il vraiment pour l’intérêt de son quartier ? Est-il vraiment contre des démolitions ? Malgré une campagne de sensibilisation et la signature d’une pétition contre la division du quartier initiée par le maire de quartier, c’est le sentiment général partagé. Surtout après une réunion d’information où les 300 participants n’ont pas eu le droit à la parole mais le « droit à l’écoute ».

Comme le dit un militant de la vie associative et politique du quartier en le regrettant : « Il y a du potentiel ici pour se mobiliser mais on n’a pas su l’utiliser. C’est notre faute. » Et il ajoute : « Il y a tellement de tendances et de partis politiques ici...on n’a pas appris à travailler ensemble par le passé... »


[1] le quartier du 1er mai a changé de nom en 1980 lors du coup d’état militaire en devenant « Mustafa Kemal » (nom du premier président turc). Le 1er mai fait référence à l’année 1977 : lors du défilé traditionnel, 27 militants de gauche sont morts suite à des attaques de l’extrême-droite. Cette date annonce aussi une période de quasi-guerre civile entre les militants de gauche et de droite (plus de 5 000 morts jusqu’en 1980). Aujourd’hui il est majoritairement habité par des kurdes et des alévis.

[2] le quartier du maire est de plus le plus grand mais on ne dispose pas de l’information précise




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