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Haïti / Medias Alternatifs /

Haiti : Le défi de l’information
22 février 2008 par Cindy

En Haïti, il existe environ 290 stations de radios et de télévisions, (dont une trentaine de radios communautaires), 2 quotidiens, différents hebdomadaires et 3 agences de presse en ligne.

Des spécialistes parlent d’une "abondance médiatique" (Pour un pays de 8 millions d’habitants et de 27750 km²). Toutefois, les moyens pour mesurer le taux d’audience et le taux de pénétration sont, pour le moment, inexistants, ce qui rend difficile de se rendre compte empiriquement de la situation, malgré l’attrait connu des Haitiens pour les médias, en particulier la radio.

Le paysage médiatique haïtien

La tâche est rude dans ce pays, à tradition autoritaire, où les pouvoirs en place ont souvent tenté de manipuler les médias. Nombreux sont les journalistes qui ont dû s’exiler sous la dictature des Duvalier et nombreux sont, aujourd’hui encore, victimes de leur engagement. Face à cette violence faite aux journalistes et à l’impunité des malfaiteurs, une commission [1] a été mise en place afin d’évaluer les progrès des enquêtes sur les crimes perpétrés contre des journalistes entre 2000 et 2007.

Elle doit réviser les dossiers policiers et judiciaires de meurtres de plusieurs journalistes, dont ceux de Jean Dominique et de Brignol Lindor, les deux cas les plus emblématiques, pour déterminer les raisons de la stagnation dans les recherches et lutter ainsi contre l’impunité.

Dans un pays où le taux d’alphabétisation est de 53% et le niveau de vie très faible, on sait que la radio est le médium le plus populaire. Le journaliste Vario Sérant, dans son livre « Sauver l’information en Haïti » avance que les résultats préliminaires d’un sondage réalisé par l’Institut Gallup en août 2003, révèlent que 92% des Haïtiens possèdent ou ont accès à la radio et que 67% des auditeurs l’écoutent entre 2 et 5 heures par jour. Les personnes qui habitent à la campagne l’écoutent davantage que les urbains. Radio Métropole, Radio Vision 2000, Radio Kiskeya, Radio Guinen, Radio Caraïbe, Radio Lumière sont parmi les plus connues dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, où l’on compte pas moins d’une cinquantaine de stations.

Étant donné la structure géographique montagneuse du pays, la couverture nationale demeure un réel enjeu, d’autant que, depuis 1991, les radios sont, de manière générale, passées en FM, abandonnant les émetteurs AM, trop coûteux à faire fonctionner. Aujourd’hui, des radios, dont Vision 2000 et Métropole privilégient la formule de réseau propre ou de réseau partenaire pour étendre leur couverture, tandis que Radio Guinen maintient un émetteur et RadioLumière bénéficie de structures de réseau depuis plusieurs dizaines d’années.

Pour ce qui est des radios communautaires, elles sont, selon la SAKS (Société d’animation et de communication sociale) au nombre de trente. Ce sont les organisations de base (de paysans, de femmes) qui, pour la plupart, font une demande à la SAKS pour l’installation d’une radio communautaire. La SAKS effectue une étude de faisabilité (étude technique, logistique et organisationnelle). Si l’étude estime le projet viable, l’organisation sollicitatrice doit effectuer des démarches auprès de bailleurs pour financer les équipements et la SAKS se charge de former l’équipe de bénévoles (15 à 20 personnes).

Faute de pouvoir fonctionner toute la journée, en raison du manque d’électricité, les radios communautaires fonctionnent généralement l’après-midi grâce à des panneaux solaires. Elles diffusent de l’information locale et nationale (relais des radios de la capitale), créent des émissions éducatives sur la santé, l’agriculture et l’environnement par exemple.

Quant à la télévision, on compte une dizaine de stations non câblées, dont les plus connues sont Télévision Nationale d’Haïti (chaîne publique), Tele Max, Télé Caraïbe, Télé Guinen, Télé Eclair, Canal Bleu, Télé Lumière et une chaîne câblée : Télé Haïti. La télévision est essentiellement regardée dans la capitale et par les classes aisées où les gens peuvent investir dans un poste.

Pour la presse écrite, les deux quotidiens, Le Matin [2] et le Nouvelliste [3] sont en vente sur les principaux axes de la capitale et envoyés en petite quantité en province.

Les deux quotidiens, tout comme les hebdomadaires Haïti en Marche, Haïti Progrès et Haiti Observateur [4] sont principalement en français. La publication en Créole la plus connue est le mensuel catholique « Bon Nouvèl ».

Des difficultés structurelles et conjoncturelles

Il n’existe pas, à proprement parler, d’école de journalisme à statut universitaire en Haïti. Le département de communication sociale de la faculté des Sciences Humaines est le seul établissement d’enseignement supérieur reconnu par l’État pour former des ressources en communication sociale. Des écoles privées pullulent dans la capitale, mais sans contrôle de l’État. Cependant des séminaires sont régulièrement organisés pour les journalistes avec remise de diplôme aux participants.

D’autre part, les correspondants régionaux ou envoyés spéciaux sont peu nombreux car les sièges des médias manquent cruellement de moyens pour envoyer des équipes en régions. L’information est de ce fait globalement centralisée à Port-au-Prince. Le seul moyen de se déplacer en province reste, généralement, de profiter du déplacement d’une ONG ou d’une organisation internationale. Ceci n’est pas sans poser un grave problème d’éthique puisqu’une telle démarche est susceptible de nuire à l’indépendance des médias. Ce fonctionnement entraîne aussi une sorte de clientélisme : les organisations invitant souvent les mêmes médias.

Par ailleurs, les différents médias se limitent généralement à traiter de l’actualité brute. Les genres journalistiques qu’utilisent les médias ne vont pas au-delà de trois : brèves, comptes rendus et interviews, qui appartiennent au genre informatif, selon Vario Sérant. Les autres genres, explicatif, analytique ou réactif, sont quasiment inexistants dans le paysage médiatique haïtien.

La très faible part de journalisme d’investigation peut s’expliquer par le fait que le pays a une tradition de régime autoritaire où le bâillonnement des journalistes était, suivant la période, systématique. Mener une enquête approfondie, issue d’une connaissance de fond d’un problème, comme la criminalité à Port-au-Prince, relève, dans les conditions actuelles, de la gageure.

Les thèmes traités par les médias souffrent également d’un manque de diversité. Les sujets liés à la politique occupent la majorité des antennes. Sporadiquement, l’économie obtient une place importante, tandis que le social, la santé, la culture ou l’environnement, par exemple, sont le plus souvent délaissés, en tant que thèmes d’actualité.

Malgré des problèmes structurels et conjoncturels, les médias parviennent à refléter une certaine vitalité du journalisme haïtien et à forger le sentiment que les moyens de communication ont un rôle décisif à jouer dans l’avenir du pays. Ils sont effectivement porteurs de l’information qui est au centre de tout processus de transformation sociale et politique.


[1] Comission indépendant d’appui aux enquêtes relatives aux assassinats des journalistes (CIAPEJ)

[2] Tirage : 3000 exemplaires - Imprimé en République Dominicaine

[3] Tirage : 20000 exemplaires - Imprimé à Port au Prince

[4] Édités dans la diaspora haïtienne aux États-Unis




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