Le nouveau rapport de Médecins Sans Frontières sur les conditions de travail des saisonniers agricoles en Italie du Sud est édifiant, et le bilan décourageant.
L’enquête
De juillet à novembre 2007 une équipe mobile de Médecins sans frontières a sillonné les campagnes des régions méridionales de l’Italie. Environ 600 étrangers ont été examinés, soignés, orientés et interviewés.
L’objectif principal de l’enquête était de vérifier les conditions générales de vie des étrangers employés dans le secteur agricole, afin de les comparer avec celles rendues dans le rapport que MSF avait publié en 2005 sur le même sujet [1].
Une attention particulière a été réservée aux conditions de santé des travailleurs et aux obstacles qu’ils rencontrent pour accéder au système sanitaire public.
Quelques données
La quasi-totalité des personnes interrogées sont des hommes (97%), en majorité jeunes et originaires d’Afrique et du sud-est asiatique.
Pour ce qui concerne le statut juridique, 72% des personnes interviewées ont déclaré être sans–papiers et 90% travailler sans contrat de travail.
Pour ce qui est des conditions de vie, 65% des saisonniers interviewés vivent dans des structures abandonnées, souvent sans électricité, ni services hygiéniques ou eau potable.
De nombreuses pathologies liées aux conditions de vie et de travail ont été observées. Ce sont des obstacles tels que la désinformation, le manque de moyens, l’éloignement des centres habités, ou la peur de se manifester aux autorités, qui rendent difficile l’accès au service sanitaire public.
Des conclusions qui laissent peu d’espoir
Ce nouveau rapport ne fait que confirmer la situation déjà observée et dénoncée en 2004 par MSF : la majeure partie des saisonniers étrangers employée dans le secteur agricole en Italie du sud, travaille dans des conditions graves d’exploitation et vit dans des conditions dramatiques sur le plan hygiénique et sanitaire, dans un état de pauvreté extrême et d’exclusion sociale.
Et cela, malgré les engagement qui ont été pris par les autorités après la publication du premier rapport de MSF en 2004 et après le scandale éclaté à la suite du reportage du journaliste Fabrizio Gatti sur les conditions d’exploitation des étrangers dans le département de Foggia.
Avec ce nouveau rapport MSF veut « dénoncer encore une fois cet état de choses inacceptable et demander un acte de responsabilité immédiat de la part des autorités locales et nationales, afin de sauvegarder le droit à santé et le respect de la dignité humaine de ces personnes ».
Le rapport complet est disponible en italien sur le site de Médecins sans frontières