Depuis 2002, l’Italie gère ses flux migratoires. Chaque année, le gouvernement établit par décret les quotas d’étrangers autorisés à entrer et travailler en Italie, selon les besoins de main d’œuvre identifiés.
Depuis décembre 2007, une nouveauté a été introduite. Désormais la procédure pour l’embauche des travailleurs étrangers ne peut-être effectuée que par voie informatique. L’employeur doit remplir sa demande en ligne en se connectant sur le site du Ministère de l’Intérieur. Puis, il doit envoyer la demande, toujours par voie informatique, à partir d’une date fixée.
Certaines organisations syndicales et associatives, ayant signé un accord avec le Ministère, peuvent prendre en charge les demandes des employeurs et les envoyer à leur place.

Puisque le nombre de demandes dépasse toujours les quotas, et que la priorité est donnée aux premières demandes reçues, la date fixée pour le début de l’envoi est très attendue.
Imaginez un instant : le jour J, à l’heure dite, des milliers de gens (étrangers, employeurs, militants et salariés d’associations et syndicats) tous devant l’écran de l’ordinateur, l’index placé sur le bouton de la souris, la montre à la main, prêts à cliquer pour envoyer la demande…. C’est le « click day ».

Quelques détails sur les premiers click day

Trois click day ont eu lieu à ce jour, le 15, 18 et 21 décembre 2007, tous en relation avec le « decreto flussi » du 30 octobre 2007. Les trois dates correspondaient à des typologies de demandes différentes.
La première date était réservée aux demandes d’embauche des travailleurs non communautaires ressortissants de pays qui ont souscrit avec l’Italie des accords bilatéraux [1].
La deuxième concernait les demandes pour les emplois qui relèvent du travail domestique et de l’assistance à la personne pour les nationalités non prévues au 15 décembre.
Le 21 décembre a été réservé aux demandes relatives aux autres types d’emplois et de nationalités et pour les demandes de changement de statut.

Un bilan controversé

Les premiers click day ont été l’objet d’une attente frénétique et ont catalysé l’attention des médias italiens.
Le système informatique du Ministère a globalement tenu le coup, mais de nombreuses associations, syndicats et particuliers ont dénoncé les anomalies de ce nouveau système. Dès les premières heures du 15 décembre, des centaines de réclamations ont été enregistrées sur la toile, sur des sites tels que Melting Pot.
Ce qui a été principalement remis en cause, c’est la non transparence du système : des différences de temps non négligeables entre l’envoi et la prise en compte des demandes ont été remarquées. Le temps de réception de la demande pouvait varier de quelques minutes à quelques heures sur des ordinateurs situés dans un même bureau, avec la même connexion Internet. De surcroît, de nombreux messages d’erreurs ont été reçus, avec la contrainte de tenter à nouveau l’envoi de la demande.
Forte des centaines de signalements reçus sur son site, la rédaction de Melting Pot fait un bilan impitoyable : le click day ne ferait que révéler « la vraie nature du mécanisme des flux, un tirage au sort sans aucun critère » [2].
Le Ministère de l’Intérieur, quant à lui, a reconnu les retards et les erreurs, mais son bilan reste fortement positif. Le site du Ministère parle de « révolution télématique » [3].
De plus, on n’a pas manqué de mettre en évidence les avantages de ce système par rapport au précédent : auparavant, les demandes devaient être déposées auprès des bureau des Postes italiennes, ce qui obligeait des centaines de personnes à attendre devant ces bureaux pendant des heures, parfois des jours, avec l’espoir d’être les premiers à déposer leurs demandes.

Le 1er février 2008 : le click day des saisonniers

Le prochain click day aura lieu le 1er février 2008 et concernera les 80 000 unités prévues par le décret publié le 3 janvier 2008 pour le travail saisonnier (voir article avec les details du décret). Bilan à suivre…