A İstanbul, dans le bidonville d’Ayazma, des familles luttent dans des cabanons Coincées entre le stade olympique d’Atatürk et des usines, les ruines du bidonville d’Ayazma regardent perchées sur la colline l’autoroute et les tours construites par TOKİ (agence pour le développement du logement). Derrière les ruines, des cabanons et des familles... Des décombres de briques. Plus une trace du quartier d’Ayazma, où vivaient 1500 familles principalement d’origine kurde. Détruit en février 2007, voilà ce qu’il en reste. « Nettoyer un foyer terroriste » [1], tel est l’argument utilisé par la mairie pour légitimer son projet de rénovation urbaine. Plus une trace ou presque. Quelques propriétaires en litige avec la mairie, qui réclament des compensations équitables en l’échange de leur maison. Quelques familles en litige avec la mairie, qui réclament un toit. La plupart des propriétaires a en effet été relogée dans les tours construites par TOKİ à Bezirganbahçe. Les locataires ont été évincés de ce droit. Or, la mairie avait bien dit que tous les habitants, propriétaires et locataires, allaient être relogés. La mobilisation des locataires a été brisée par la mairie et ses stratégies malhonnêtes. Les locataires se sont alors dispersés dans d’autres bidonvilles grâce à leurs réseaux sociaux et familiaux. Mais ce dispersement signifie avoir la capacité de pouvoir payer son loyer tous les mois. 18 familles sont toujours là, dans des cabanons. Elles restent mobilisées contre la mairie, attendent d’être relogées et ne céderont pas. Elles défendent leur droit au logement. « La mairie doit tenir sa promesse et nous donner un logement dont nous sommes en mesure de payer le loyer tous les mois », disent les familles restantes à Ayazma. Mais la mairie ne semble pas coopérer. Au contraire. La police est venue détruire à deux reprises les cabanons. La dernière intervention (le 30 novembre) s’est déroulée vers 5h du matin au milieu des pleurs des enfants et des heurts entre les policiers et les familles. « Certains policiers avaient même la larme à l’oeil », racontent les familles face à leur détresse. Trois habitants ont été pris en garde à vue. « Quand [l’Etat] nous a envoyé 1500 policiers pour détruire nos cabanons, qu’est-ce-qu’il y avait à l’intérieur ? Que des enfants, que des cris de femmes et d’enfants. Que cherche à faire la mairie ?... », dit une mère de famille. 18 familles pour une horde de policiers : quelle est la logique de ces actions ? Les familles refusent catégoriquement les accusations de PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) : « on nous accuse d’être un foyer terroriste, pourquoi on cherche à salir notre image ? » La peur de la police ne laisse pas le sommeil tranquille lors de ces nuits d’hiver. Cette colline dévastée est sous surveillance quotidienne de la police, de la mairie. La censure des médias télévisés qui ne relayent pas l’information, accroît ce sentiment d’isolement : « tu sais, c’est quoi notre peur ? Tu vois la télé...personne ne nous montre. Si demain ils nous arrivent quelque chose, que la mairie vient et nous tue tous, on dira de nous : "c’était des PKK"... » Lorsqu’on fait de la résistance au projet de la mairie, lorsqu’on se bat pour un toit et qu’on est d’origine kurde, est-ce le prix à payer ? « Qu’ils continuent de détruire nos cabanons, nous continuerons de les reconstruire jusqu’à une solution. » [1] source article de Guillaume Perrier, Le Monde du 23 mars 2007 |
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