Dans la peau d’une migrante haïtienne A l’occasion de la journée internationale de solidarité avec les migrant-es, le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR) organisait une journée d’information à Port-au-Prince. Au menu, présentation de la valise pédagogique élaborée par le groupe genre sur le thème de la migration des femmes. Un jeu pour comprendreLes femmes représentent la moitié des migrants Haïtiens vers la République dominicaine. Pour cette raison, le GARR a décidé de sensibiliser le public aux nombreuses difficultés qu’elles rencontrent sur leur route. La valise pédagogique est le support de cette sensibilisation. Elle contient un jeu pour 15 personnes. Chacun porte le nom imaginaire d’une migrante et, à travers 5 étapes, est plongé dans la situation de la vie en République dominicaine. Le départ d’abord et le passage de la frontière : le groupe s’applaudit d’avoir survécu et d’avoir échappé aux trafiquants de personnes. Puis il s’agit de ne pas se faire repérer comme sans papier, tout le groupe se met à siffloter tandis que l’un de ses membres joue le rôle d’un policier. Le jeu se poursuit dans les rires. On calcule combien il faut vendre de bouteilles de shampoing en une journée dans la rue pour espérer survivre. Une situation migratoire catastrophiqueCette campagne de sensibilisation se poursuivra dans les comités locaux haïtiens, le long de la frontière dominicaine. Les migrations vers la République dominicaine se font dans des conditions désastreuses pour les droits humains et la santé. Beaucoup des Haïtiens qui migrent en République dominicaine travaillent 15 à 16 h par jour dans des bateys (exploitation de canne à sucre) [1], d’autres exploitations agricoles ou dans des structures touristiques. Agriculture et tourisme sont les premiers postes de l’économie dominicaine. Les 800 000 immigrés haïtiens en sont la première source de main d’oeuvre. Si la reconnaissance d’une situation générale de violation des droits humains commence à être reconnue au plan international, elle peine toujours à trouver sa voie en Haïti et en République dominicaine. Le gouvernement haïtien n’a pas pris clairement position à ce jour. Son voisin dominicain est plus fervent de démagogie et de populisme que de respect humain dans ce domaine. Le rôle de soutien aux personnes engagées dans ce processus de migration repose donc entièrement sur les associations. Le GARR donne une assistance aux personnes rapatriées de force de République dominicaine et participe à la diffusion de l’information sur cette situation qui fait injure à l’humanité. Pour en savoir plus : Une présentation des perspectives de la migration haïtienne, par Colette Lespinas L’article de Cindy sur le racisme anti-haïtien en République dominicaine. [1] Ce système d’exploitation assimilable à de l’esclavage a fait l’objet d’une belle et éloquente exposition de photographies à travers le monde : Esclaves au paradis. |
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