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Haïti / Medias Alternatifs /

Des vaches solidaires et du lét Agogo !
19 décembre 2007 par Cindy

Rencontre avec Michel Chancy, directeur de Veterimed

Depuis 2004, le Collectif Haïti de France s’est engagé dans un partenariat avec l’ONG haïtienne Veterimed [1] et l’ONG française Agronomes et Vétérinaires sans Frontières, dans le cadre du programme Lèt Agogo. Il s’agit d’organiser des campagnes de mobilisation d’investissement solidaire pour soutenir les éleveurs haïtiens.

Les paysans et le lait en Haïti

Haïti est un pays très rural, 61% de la population habite « l’en dehors » pour reprendre le vocabulaire local. L’élevage pratiqué dans les campagnes est très peu spécialisé, les producteurs sont à la fois agriculteurs et éleveurs. En fonction des caractéristiques climatiques et physiques de la zone concernée et des niveaux de revenus de l’agriculteur, l’élevage peut être orienté ou bien vers la production de viande ou bien vers la production de lait.

Haïti importe l’équivalent de 40 millions de dollars US en produits laitiers, soit quasiment 14 % du total de ses importations, ce qui situe le lait à la seconde place après le riz. Parallèlement la production potentielle totale de lait est d’au moins 145.000 tonnes par an, alors que réellement la quantité exploitée par les ménages n’est que d’environ 45 000 tonnes par an. Au final, ce ne sont pas moins de 100 000 tonnes de lait par an qui seraient « perdus ». Michel Chancy explique à ce sujet que la production de lait souffre de deux handicaps : la concurrence des produits importés et les difficultés de commercialisation par manque d’organisation de la filière.

L’opération « Lèt Agogo [2] »

C’est dans ce contexte que Veterimed a lancé son opération « Lèt Agogo » qui met en place un réseau de micro laiteries où les paysans peuvent vendre leur lait ce qui leur assure ainsi un revenu plus stable. L’opération existe depuis 2004 et, aujourd’hui, treize laiteries sont en fonctionnement à travers le pays. Quatre ont été créées, en cette année 2007, à Marmelade, Hinche, Papaye et Cap Rouge. Une seule, celle de Thomazeau a fermé.

Pour les 13 laiteries qui sont opérationnelles, toutes fonctionnent sur leurs ressources propres c’est à dire par le système rentable de l’achat-vente. Toutes les laiteries du Réseau Lèt Agogo, sont des initiatives de groupes locaux (organisation de jeune, coopératives d’éleveurs ou autres associations locales) mais elles fonctionnent sous la supervision technique de VETERIMED qui est propriétaire du label « Lèt Agogo ». Les responsables des laiteries sont recrutés sur place. Au niveau de chaque laiterie, les paysans producteurs possèdent une partie importante du capital et sont regroupés au sein d’une organisation de producteur de lait. Aujourd’hui, environ 1000 producteurs de lait approvisionnent les laiteries Lèt Agogo.

Le lait produit et ses dérivés, comme les yaourts, s’écoulent à travers différents canaux : les commerces, les cantines scolaires et les chariots. La vente par chariots ambulants, une nouvelle composante des activités de Veterimed, permet d’aller vers l’acheteur, de toucher une autre clientèle que celle des supermarchés. Mais l’extension de ce type de vente demande encore des améliorations notamment dans le mode de fixation des salaires (partie fixe, partie au pourcentage) pour rendre le travail attrayant et aussi dans le choix du matériel (des sachets en pastique plutôt que des bouteilles). Les chariots ambulants sont opérationnels dans sept (7) villes du pays (Limonade, Cap Haïtien, Marmelade, Pétionville, Port au Prince, Verrettes et Jacmel). Ils peuvent certaines fois représenter le plus gros point de vente du pays comme cela a été le cas pour Pétionville.

Lèt Agogo dans les écoles nationales

Par ailleurs, en avril 2007, Veterimed a signé un accord de collaboration avec le Ministère de l’éducation afin d’alimenter les cantines scolaires en produits « Lèt Agogo ». Quarante-quatre écoles sont concernées soit vingt-six mille rations par semaine. De septembre 2007 jusqu’au mois de juin 2008, les écoliers bénéficieront gratuitement d’une bouteille de lait stérilisé ou pasteurisé, aromatisé et sucré. Le lait de vache pur proviendra exclusivement des laiteries affiliées au réseau national de « Lèt Agogo ». Les cantines scolaires, qui constituent le débouché le plus important (un peu plus de 50% de la production des laiteries) représentent, certes, une aubaine selon Michel Chancy, mais certains risques existent précise t-il. Tout repose en effet sur la capacité des laiteries à gérer leurs surplus durant les vacances scolaires. D’ores et déjà, les techniciens ont envisagé une diversification de la production avec la fabrication de fromage à pâte dure par exemple. Mais, d’autres choses sont à inventer et à créer aussi.

La campagne « Solidaires des éleveurs haïtiens »

En parallèle à son opération Lèt Agogo, Veterimed, en partenariat avec le Collectif Haiti de France et Vétérinaires sans Frontières, organise, depuis 2004, une campagne solidaire afin que des investisseurs européens achètent une vache pour un/e producteur/trice haïtien/ne. Une première phase de la campagne a permis en 2004 de récolter des fonds pour acheter dix-neuf (19) vaches. Toutes les vaches ont été confiées à des femmes de la région de Limonade (nord d’Haïti). En 2005-2006, ce sont cinquante-deux (52) vaches qui ont été financées et soixante quinze (75) en 2007. Le choix du bénéficiaire est décidé collectivement. Dans 80% des cas, ce sont des femmes qui bénéficient des ces « vaches solidaires » puisque, bien souvent, ce sont elles les plus vulnérables. La vache leur est cédée sous contrat avec l’Association locale et Veterimed et après deux jours de formation avec un agronome et un vétérinaire. A ce jour, il y a eu cent soixante-dix (170) bénéficiaires. Le programme proposé s’inspire du système de gardiennage traditionnel où propriétaire et gardien tirent l’un et l’autre un profit de l’animal. Le système traditionnel est ici régulé sur un rythme de quatre années. L’investisseur européen verse le prix d’achat d’une jeune vache prête à la reproduction. Au bout de quatre ans, il peut, soit recevoir en argent la somme à laquelle la vache aura été vendue, au moins à son prix initial. Cette somme permettra alors de confier des animaux à d’autres bénéficiaires, soit de réinvestir pour quatre ans dans les mêmes conditions. Qui dit gardiennage, dit évidemment pâturage. Michel Chancy confirme que les paysans concernés sont souvent confrontés à l’insécurité quant à leur droit d’usage des terres. Ils ont fini par obtenir l’arpentage par l’INARA (Institut National de la Réforme Agraire) et ainsi la légalisation de leurs parcelles, mais la Direction des Impôts traîne pour leur délivrer les bordereaux d’affermage. Veterimed pense qu’une réponse ne tardera pas à être donnée pour que les gardiens des vaches puissent enfin jouir de leurs pleins droits sur les terres. A suivre…

Pour en savoir plus sur Veterimed


[1] VETERIMED est une ong locale qui s’est donné pour mission d’aider, par la formation, la recherche et l’appui technique en santé et production animale des éleveurs haïtiens pour augmenter leur production et leurs revenus.

[2] lait à gogo en français




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