Un centre culturel à Port-au-Prince, et bien plus encore La Fondation connaissance et liberté (FOKAL) m’accueille en Haïti jusqu’en septembre 2008. Basée à Port-au-Prince, elle travaille également sur l’ensemble du territoire haïtien par son réseau de bibliothèques et ses projets de développement. Si vous voulez bien me suivre, je vous invite à une petite visite. La Fokal appartient au réseau des Open Society Institute financé par le mécène américain Georges Soros [1]. Elle s’est constituée en 1995 autour de projets de développement intégré sur la santé, l’eau, l’aide à la production, articulés autour de l’éducation. Depuis elle a démultiplié ses activités, toujours dans l’objectif de participer à l’expansion d’une société démocratique, juste et solidaire.
Donner des moyens à l’éducation et l’apprentissagePlus de 30 personnes travaillent quotidiennement à la Fokal, avenue Christophe à Port-au-Prince, dans le centre culturel dédié entièrement à la fondation. Le grand escalier central fourmille toute la semaine de jeunes gens, livre sous le bras, qui se rendent, seuls ou en classe, à la bibliothèque Monique Calixte [2]. Le cyber café à mi-étage accueille des adolescents en uniformes ou fournit les outils d’un cours d’informatique. La Fokal a vocation à favoriser l’autonomie et l’esprit critique. Dans un pays où l’accès à une éducation de qualité est un parcours du combattant, il s’agit d’une gageure [3]
Ce principe est à l’origine du développement d’un réseau de 35 bibliothèques autonomes sur le territoire haïtien. La Fokal les subventionne, en forme les animateurs et fournit des exemplaires des publications de presses haïtiennes. La volonté de promouvoir l’éducation et la pédagogie se traduit également par un programme de formation au débat et le suivi de 17 écoles dans le pays. Promouvoir un développement durableHaïti est la terre d’élection d’innombrables ONG et institutions internationales. Les projets de développement y sont légion. Cependant, peu d’entre eux ont pour base des associations haïtiennes et s’inscrivent dans le long terme. La Fokal met en œuvre plusieurs projets d’accès à l’eau potable dans le pays. L’indigence des structures d’alimentation en eau fait de ce domaine une urgence pour la santé, l’autonomie et l’économie. Le projet de revitalisation urbaine du quartier de Martissant (Port-au-Prince), sur lequel je travaille, s’inscrit dans la droite ligne des projets précédents. Il s’agit de protéger l’une des dernières poches de verdure de la capitale sous laquelle court l’eau d’une source naturelle. De permettre à des équipements sociaux-culturels de s’implanter dans un quartier en déficit de lieux ouverts. Mais aussi de travailler sur le long terme à l’amélioration des conditions de vie dans Martissant, vieux quartier bidonvilisé et meurtri par la violence des gangs. Stimuler la société civileLa Fokal a bénéficié jusqu’à récemment de financements suffisants pour lui permettre d’attribuer des subventions à des associations de la société civile. Elle a ainsi pu soutenir le Réseau national de défense des droits humains, des associations de femmes, des associations de paysans. Les capacités financières actuelles de la Fokal ne lui permettent plus de jouer ce rôle de bailleur. Elle continue néanmoins à être partenaire de ces associations et les accueille sous la tonnelle du centre culturel ou dans l’auditorium pour des séminaires ou des conférences. Ouvrir les portes de la cultureEn fin d’après-midi, les lecteurs de la Fokal que nous avions laissé à la bibliothèque se massent derrière le comptoir de l’accueil ou à la cafétéria bordée de bougainvilliers. Ils attendent impatiemment la programmation du soir. Théâtre, musique, projection, conférence. La Fokal s’anime chaque semaine d’un nouvel événement. L’année est ponctuée par plusieurs festivals. Le public est jeune et enthousiaste. Peut-on voir ailleurs une pièce de Tchekhov pareillement baigner dans les rires d’une salle comble ? Les représentations sont rares dans la capitale port-au-princienne et les formations en art dramatique plus encore, alors le public en redemande. Pour en savoir plus : Le site internet des Open Society Institute Le site internet de l’Association Monique Calixte Le site internet du Réseau national de défense des droits humains [1] Voir aussi l’article de Ana, "Mécontents... mais optimistes" [2] L’association Monique Calixte et la Fokal ont travaillé conjointement, depuis 1996, à la fondation de cette bibliothèque à Port-au-Prince [3] L’éducation en Haïti est assurée à plus de 80% par des congrégations religieuses. L’école est par conséquent payante. Néanmoins, la qualité des formations est très critiquée. Les maîtres, s’ils ont reçu une formation initiale, n’ont quasiment pas de formation continue. Le niveau de l’enseignement est très faible et les méthodes pédagogiques sont basées sur le « par cœur ». L’apprentissage de la grammaire du français s’arrête au début du secondaire. Les élèves qui parviennent à achever leur lycée n’ont donc pas la garantie de maîtriser la 2e langue officielle du pays, pourtant omniprésente à l’université. |
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