La Journée nationale des véhicules d’époque, le 25 avril, était l’occasion idéale pour découvrir la plus importante collection Citroën au monde, d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’une institution privée, alimentée par des passionnés.
Sur 6 500m², 400 véhicules environ retracent un siècle d’histoire industrielle française. Inaugurée en 2001 par Pierre Peugeot (alors Président du conseil de surveillance du Groupe PSA Peugeot Citroën), la collection est présentée chronologiquement, de 1919 à nos jours.
Le bureau d’André Citroën, dont le mobilier et les murs ont été récupérés dans les anciens locaux de la société, permet d’éclairer le parcours de l’entrepreneur. À peine diplômé de Polytechnique en 1900, André Citroën effectue un voyage familial en Pologne. Là, il découvre un système d’engrenages aux dents en chevrons et en acquiert le brevet.
En 1908, il devient Directeur Général des Automobiles Mors, les sauve de la faillite en les réorganisant et en doublant la production. En 1912, il installe ses bureaux au 31, quai de Grenelle, à Paris (XVème arrondissement). L’entreprise s’appelle désormais Société anonyme des engrenages Citroën. Son logo en « double V » s’inspire des chevrons polonais.
Pendant la Première Guerre mondiale, Citroën produit de l’armement. En 1919, l’entrepreneur reconvertit son site en bord de Seine en usine automobile et sort la Citroën Type A, première voiture en série de la marque, dont le prix de vente est très compétitif. Le succès ne tarde pas. Plus de 24 000 unités sont écoulées entre 1919 à 1921.
La marque innove constamment (carrosserie tout acier, moteur flottant, châssis monocoque). As du marketing, André Citroën se lance dans des projets qui marquent le grand public : installation du nom Citroën en lettres géantes sur la tour Eiffel en 1925 ; Croisière noire à travers l’Afrique (1924-1925) et Croisière jaune en Asie centrale (1931-1932) avec des modèles tout-terrain à chenilles. Le millésime 1934 voit la sortie de la première Citroën Traction Avant. C’est aussi l’année de la mise en liquidation judiciaire car, grand designer, le chef d’entreprise est un mauvais financier. Sa firme est reprise par Michelin en 1935. Quelques mois après avoir perdu le contrôle de la marque, le constructeur décède, à 57 ans. En 1958, le quai de Javel, le long duquel s’étaient étendues ses fabriques, est rebaptisé en son honneur. En 1984, l’usine est détruite pour faire place au parc André-Citroën. S’y dresse, bien sûr, un buste en bronze du célèbre chevalier d’industrie.
Les voitures sont regroupées par thème :
Les véhicules d’avant-guerre sont un délice pour les passionnés. Type A, B10, C4, C6, Rosalie ou encore Traction Avant, chacune de ces voitures bénéficiait de technologies révolutionnaires pour leur époque et a systématiquement donné une roue d’avance à Citroën.
Concept sorti en 1939, la TPV ou « très petit véhicule », succès mondial d’après-guerre, est l’ancêtre de la Citroën 2CV. Ces prototypes ont été cachés durant la Seconde Guerre mondiale et sont désormais exposés à Aulnay-sous-Bois.
Familièrement appelée « Deuche », « Deudeuch’ », ou encore « Deux-pattes » du fait de son moteur bicylindre, la Citroën 2CV est LA voiture populaire française. Produite de 1948 à 1990, elle est exposée ici sous toutes ses couleurs et tous ses modèles (fourgonnette, Charleston, Azam, Hermès…). À la huitième place des voitures françaises les plus vendues au monde – et à la première pour une Citroën –, elle s’est arrachée à plus de 5,1 millions d’exemplaires !
Autre icône de la marque : la Citroën DS. Déclinable en break, berline, cabriolet, coupé, DS19, 21, 23, Pallas, Chapron, ce modèle haut de gamme, produit de 1955 à 1970, a été vendu à un million d’exemplaires, avant d’être remplacé par la Citroën CX.
La Citroën Méhari est un autre genre de « déesse ». Apparue en 1967, elle a connu un beau succès. En effet, elle a été construite à près de 150 000 exemplaires. Ce véhicule de plage à la carrosserie en plastique, conçu sur une base de 2CV, est une voiture tout terrain, très confortable grâce à ses suspensions spéciales à grand débattement. Mise en avant dans la saga Le Gendarme de Saint-Tropez, elle cesse d’être produite en 1987. Néanmoins, sa légende est faite.
Sont également exposés des modèles contemporains, tels les Citroën Ami, AX, BX ou GS.
La Citroën Visa, une cinq-portes produite de 1978 à 1988, a remplacé la Citroën Ami 8, offrant des prestations plus haut de gamme. Reprenant la plateforme de la Peugeot 104 et incarnant la fusion entre les deux constructeurs français, la Citroën Visa est la grande concurrente de la Renault 5. La publicité pour le modèle GTI a marqué les mémoires. La voiture y est catapultée à 200 km/h avant de couler en mer. Quelques secondes plus tard, elle refaisait surface sur la proue d’un sous-marin. Une publicité choc, bien dans l’esprit de la communication offensive alors privilégiée par la marque.
Retrouvez l’histoire de la Citroen Visa II racontée par Denis Huille, Heritage Manager à l’Aventure Peugeot-Citroen-DS ci-dessous :
Nicolas PALMAS
Tout est fait ici pour faire (re)découvrir aux 4300 visiteurs annuels la célèbre marque française et tous les modèles qui ont fait son histoire.
Crédit photos : Nicolas Palmas – Citroen Origins