Gilets jaunes de Montreuil : moins de manifs mais toujours solidaires

Des Gilets jaunes de Montreuil (93) investissent chaque mercredi une cantine sociale de la ville. Fruits et légumes sont récupérés, cuisinés et proposés à prix libre. Une manière pour les anciens manifestants de poursuivre leur action collective.

« On a arrêté les manifestations parce qu’on n’arrivait même plus à en faire une complète, tellement on était encadrés par les flics », déplore François Gloriaux, 66 ans. Malgré l’épuisement du mouvement social, des Gilets jaunes de Montreuil poursuivent leur action collective autrement grâce au milieu associatif montreuillois autogéré. Chaque mercredi, ils participent à une cantine à prix libre.

Un projet qui s’insère dans le tissu associatif et militant de Montreuil

Plusieurs fois par semaine, les membres de l’association Les bons petits légumes récupèrent à Rungis fruits et légumes. Les denrées sont ensuite réparties entre les différentes cantines de l’AERI, association humanitaire d’entraide et de rencontre à Montreuil. Plusieurs groupes en profitent, notamment le collectif des Gilets jaunes. Le public peut ensuite consommer les plats préparés en payant le prix qu’il souhaite. Les plus précaires peuvent le faire gratuitement : « C’est une cantine sociale quand même, pas un restaurant », précise Giorgio Lahiani, qui participe aux assemblées générales du collectif. Il s’occupe notamment de l’« auto-wash » : un système de bassines permettant à chacun de nettoyer sa propre vaisselle. 

Une bénévole sert le repas préparé pendant la matinée à la cantine des Gilets jaunes. Montreuil, 21/12/2022. © Ophélie Loubat

Monique Pedren est une des initiatrices du projet. Elle a tenu pendant un an la cabane des Gilets jaunes de Montreuil, construite en janvier 2019 place Jacques-Duclos, dans le quartier de la Croix-de-Chavaux. Les premiers repas ont été organisés peu avant le confinement en mars 2020 et ont repris juste après : « Depuis, on n’a jamais arrêté », commente-t-elle.

Contre « la hiérarchie »

La plupart de ces Gilets jaunes ont déjà été bénévoles dans d’autres associations. Tous apprécient l’horizontalité de l’organisation. À l’inverse, Monique Pedren confie avoir vécu une mauvaise expérience dans une autre structure : « Il y avait énormément de rapports de pouvoir entre le chef, le sous-chef, le sous-sous-chef… »

Accueil du public à la cantine des Gilets jaunes. Montreuil, 21/12/2022. © Ophélie Loubat

Derrière le comptoir, Pascal Germain dresse les desserts : une génoise roulée au chocolat, accompagnée d’une tranche de carambole taillée en étoile. Il avoue être « tombé amoureux du lieu » dès son arrivée en tant que cuisiner, il y a un an et demi. Diplômé d’un CAP cuisine, il avait quitté son premier travail car il n’y « supportai[t] pas la hiérarchie ». Il est ensuite devenu cadre ingénieur à EDF. Aujourd’hui retraité, la cantine des Gilets jaunes, comme plus largement l’AERI, lui permet de « boucler la boucle », en retrouvant les gestes de son premier métier.

Infos pratiques :
AERI, 57 rue Étienne Marcel, 93100 Montreuil
M° Croix-de-Chavaux
Email : cantinegjmontreuil@riseup.net

Texte : Imane Lakhbar

Photos : Ophélie Loubat