Rencontre avec la porte-parole de Jean-Luc Mélenchon qui revient sur les raisons du clivage au sein de la gauche pour une primaire populaire en vue de la présidentielle. Selon la conseillère municipale du 20e arrondissement, un candidat unique n’est pas à l’ordre du jour.
par Céline Dupuis
La récente victoire de Gabriel Boric, plus jeune président de l’histoire du Chili (Convergence sociale) a été possible grâce à une alliance allant du Parti communiste au centre gauche. Pourquoi les gauches françaises ne parviennent-elles pas à s’allier ?
Danielle Simonnet Une première alliance autour de Gabriel Boric au Chili s’est faite au premier tour mais d’autres candidats se sont présentés, notamment issus de la sociale démocratie et ont échoué. Au second tour, Gabriel Boric l’a emporté sur un programme radical qui est en résonance avec celui de Jean-Luc Mélenchon, L’Avenir en commun. C’est la victoire électorale d’un mouvement de revendication citoyenne pour une constituante. Nous proposons nous aussi de passer à la VIe République par la convocation d’une assemblée constituante.
Mais 85 % des sympathisants de gauche souhaitent une candidature unique. Or l’appel d’Anne Hidalgo ou d’Arnaud Montebourg pour une primaire populaire reste lettre morte chez Jean-Luc Mélenchon.
Leur incantation à l’unité est hypocrite. Ils avaient d’ores et déjà décidé d’être candidats. Sans programme, sans dynamique, ils cherchent une porte de sortie. Mais leur primaire, c’est la spirale du désespoir.
La question de la primaire populaire ne s’envisage donc pas du côté de l’union populaire ?
Les plus motivés pour cette primaire sont les cadres autour du PS qui sont en situation d’échec. Dans notre campagne de porte-à-porte, personne ne nous parle de primaire. Il n’y a aucun enthousiasme pour Anne Hidalgo, Christiane Taubira, Christophe Jadot ou Arnaud Montebourg.
Il n’y a pas un fossé entre les sympathisants de gauche qui souhaitent une unité et les cadres des partis qui ne parviennent pas à la faire ?
Cela ne peut se faire que sur un programme clair si on veut fédérer les classes populaires et moyennes pour les ramener vers le vote plutôt qu’en faisant des alliances d’appareil sans contenu.
Qu’est-ce qui s’est passé avec la candidature de Fabien Roussel du Parti communiste, alors qu’en 2017, vous faisiez candidature commune ?
C’est un gâchis. Il n’y a pas de sens politique historique dans sa candidature. La présence de Fabien Roussel à la manifestation des syndicats d’extrême droite de la police (NDLR : le rassemblement du 19 mai à l’appel des syndicats de policiers) et ses positions sur le droit d’asile démontrent une recherche de différenciation avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon en contradiction totale avec les marqueurs communistes. D’ailleurs, beaucoup rejoignent notre campagne de l’union populaire.
Jean-Luc Mélenchon est crédité de 11 % d’intention de vote dans le sondage d’Elabe pour BFM TV, et Yannick Jadot est derrière avec 5 %. L’écologie politique ne peut-elle pas être un programme commun ?
Nous défendons un programme applicable. Par exemple, la fin du glyphosate n’est pas compatible avec la concurrence libre et non faussée. La bifurcation écologique nécessite un protectionnisme vert. L’objectif est de nourrir le pays tout en préservant la terre et le respect de la condition animale et non de produire toujours plus pour exporter.
Pour vous, une candidature unique ne peut se faire que derrière Jean-Luc Mélenchon ?
La candidature portée par Jean-Luc Mélenchon est la seule force à gauche en progression. Je remarque que 33 % des sympathisants estiment qu’il est la personnalité la plus à même de l’incarner. (NDLR : 21 % pour Taubira et 11 % pour Jadot selon le sondage d’Elabe pour BFM TV). Le parlement de l’union populaire démontre que de nouvelles personnalités issues du mouvement social et écologique, culturel et citoyen rejoignent la campagne.