Hauts de 1,50 m, ces arbres de Noël réutilisables ont été distribués dans les écoles et centres de loisirs de la ville, suite à un appel d’offres de la mairie. Deux mois de travail ont été nécessaires pour ce projet, qui a mobilisé une trentaine de personnes.
par Aurélie Marty
Menuisier-ébéniste de formation, Daniel Fernandez, 60 ans, compte parmi les chevilles ouvrières de l’Établissement et service d’aide par le travail (Esat) de Montreuil depuis trente-six ans. Il encadre aujourd’hui le pôle « conditionnement et façonnage », où ont été usinés 78 sapins écolos et gracieux, constitués de 44 planchettes qui torsadent autour d’une tige. « Nous avions créé l’hiver dernier des petits sapins-spirale sur le même modèle pour les vendre aux particuliers dans notre boutique. Ils avaient rencontré un certain succès. La mairie a dû en avoir vent. »
Dans cet Esat fondé en 1894 s’affairent 270 personnes – les « usagers » – atteintes d’un handicap, quels qu’en soient la nature et le degré, et en capacité de travailler. « Certains sont chez nous depuis leur majorité jusqu’à la retraite ! Ils sont polyvalents et participent à tous les travaux que mène l’établissement, en fonction de leurs envies. Rien n’est imposé », explique Daniel.
« Une grosse opération »
Avant de se lancer dans la production, Daniel adapte les outils et les techniques de coupe et d’assemblage pour en faciliter le maniement par les usagers. « 1,8 t de bois – du sapin, pour l’authenticité – nous a été livrée en planches de 4 m. On était un peu envahis ! », relate-t-il en souriant, tout en sommant un jeune homme de cesser de tourner sur sa chaise. La métamorphose passe par un certain nombre d’étapes : scier les planches pour qu’elles deviennent des branches, les assembler et serrer, les percer avec précision en leur centre pour y insérer une tige et les faire pivoter, les poncer, fabriquer le pied stabilisateur. Sans oublier la découpe de l’étoile.
Deux importants grains de sable (une pénurie de bois et une scie circulaire en panne) n’ont pas réussi à entamer le moral ni l’efficacité de Daniel et son équipe, qui livrent leur production avec une semaine d’avance. « La direction était contente. C’était une très grosse opération, à laquelle j’ai consacré quelques week-ends et nuits blanches. Aujourd’hui, je suis fier d’avoir fait adhérer les usagers et d’avoir su leur transmettre mon savoir-faire. »