En cette période de fin d’année, l’association Une couverture pour l’hiver, située dans le 20e arrondissement de Paris, distribue, en plus du matériel habituel, des paquets cadeaux aux SDF. Une façon d’adoucir un instant la vie de ces personnes isolées.
par Jacopo Landi
Le 21 décembre est le premier jour de l’hiver, et cette nuit ça se ressent. Si on ne bouge pas, le froid dépasse les couches de vêtements et commence à faire trembler les doigts et claquer les dents. Cela ne décourage pas Sophie, Élodie et Lisa, trois étudiantes de 19, 21 et 18 ans, membres de l’association Une couverture pour l’hiver. Elles font partie des 350 bénévoles qui partent chaque semaine en maraude pour apporter des vêtements et des produits d’hygiène aux personnes sans-abri ou en situation de précarité.
Le parcours de ce soir, entre le 19e et le 20e arrondissement, est accoutumé. Ce qui change, c’est le contenu des gros sacs que les trois jeunes femmes amènent avec elles, auxquels s’ajoutent deux thermos d’eau chaude pour préparer du thé ou du café. Jusqu’à la fin de l’année, au vu de l’ambiance festive environnante, des boîtes de Noël accompagnent les dons classiques. À l’intérieur, des sucreries, des produits de beauté, des objets chauds, des surprises, etc. Même les filles ne savent pas avec certitude ce que ces colis contiennent, elles les ont reçus déjà fermés. Ce qui compte, c’est pouvoir les donner.
Des moments touchants
L’envie de comprendre, d’aller à la rencontre et le refus de rester indifférents sont autant de raisons qui animent leur engagement. « Bien sûr que la frustration existe si l’on voit que les choses ne changent pas, mais il faut se rappeler que chaque petite aide, rien qu’une rencontre peut apporter beaucoup » affirme Élodie, qui est aussi la présidente de l’association. En chemin, elle se désole de voir la ville devenir de plus en plus hostile. « Le 20e est encore un de ces endroits où il y a une vraie vie de quartier, où les gens se connaissent et se parlent, mais là, ils ont enlevé des bancs et ça rend les rencontres entre les sans-abris et les riverains plus difficiles, ce qui contribue à les isoler encore plus » observe-t-elle en regardant l’espace devant le G20 de la rue de Belleville.
Dans la rue, nous rencontrons Georges et Ielena, un couple de Roumains qui dorment dans leur voiture, mais aussi Monique, petite femme de 59 ans qui vient de se faire voler toutes ses affaires. « On voit des choses très dures, qui nous marquent, mais on vit aussi des moments très touchants », raconte Sophie. Une fois le tour terminé, les sacs de couchage, les couvertures de survie, les vêtements et la nourriture sont bien rangés dans un box, en attendant la prochaine maraude remplie de bienveillance.