La CGT Carrefour Hypermarché se mobilise contre le nouvel établissement sans caissier ouvert par le groupe rue Parmentier (Paris 11e) fin novembre 2021. L’organisation syndicale voit dans la généralisation de ce modèle une façon déguisée de supprimer de nombreux postes.
par Meryll Suchet-Alexandre
Carrefour Flash est le premier supermarché au concept hautement technologique. Il est doté de 60 caméras HD et de 2 000 capteurs connectés aux étagères. Pourtant, la CGT Carrefour Hypermarché lance d’ores et déjà un appel à la grève du 18 au 23 décembre pour lutter contre le plan financier du groupe Carrefour et dénoncer la suppression d’emplois au profit d’automates. Et pour cause : le commerce fonctionne sans caissier.
L’absence de personnel visible étonne, à l’entrée de ce local d’une cinquantaine de mètres carrés à l’allure futuriste. Dans cet ancien Carrefour Express, le client est invité à se présenter face à une borne sans contact une fois ses courses terminées. Plus besoin de s’identifier ou de scanner ses achats. Le client choisit ses produits, les range dans un sac s’il le souhaite, et ceux-ci sont automatiquement ajoutés à un panier virtuel grâce aux caméras et aux capteurs présents en magasin. Une automatisation de l’acte d’achat qui permettrait de faire gagner du temps aux clients, selon Carrefour. Patrick Ait-Aissa, délégué syndical au niveau national, y voit plutôt l’opportunité pour le groupe de réduire les effectifs : « Depuis 2018, nous sommes déjà à 20 000 suppressions de postes en France. Et le budget prévisionnel d’Alexandre Bompard, PDG du groupe, prévoit 10 000 suppressions supplémentaires ! »
Le magasin, bien qu’autonome, ne fonctionne pourtant pas sans personnel. Au total, quatre employés y travaillent, principalement en réserve. Auparavant, ils étaient employés par Carrefour Express, et ont été formés à ce nouveau mode de fonctionnement. Ils doivent maintenant être attentifs en permanence à chaque nouveau client pour expliquer le concept et faciliter l’expérience. Une nouvelle charge de travail plus fatigante qu’avant, nous avoue l’un des employés présents qui souhaite rester anonyme. Dans ce petit magasin, impossible de supprimer un poste : tous sont nécessaires à son bon fonctionnement. Un constat que Patrick Ait-Aissa fait, lui aussi, avant de mettre en garde : « Si ce modèle est déployé dans de plus gros magasins, c’est la porte ouverte aux licenciements et aux ruptures conventionnelles collectives ! » Des prévisions qu’il juge d’autant plus probables que cette initiative ne fait pas suite à une demande de la clientèle, mais à une volonté claire de la part de la direction d’augmenter la rentabilité.