Les productions artisanales ont fleuri avec la Covid. Le 18 décembre, une association de créateurs du quartier a présenté les produits réalisés lors d’un marché organisé avec La Ruche. Une vitrine d’artisans en devenir.
par Cécile Pirou
Par chance, le soleil est au rendez-vous ce samedi lors du Marché des créateurs et créatrices solidaires organisé par les Fabricants amateurs des Amandiers et de Belleville (Faab). Pour cette troisième édition, l’événement s’est tenu place du Guignier, dans le 20e, en face et aux côtés de La Ruche, organisation communautaire, qui accompagne aussi les entrepreneurs. « Pour que les créatrices les plus motivées puissent changer de voie », explique Simon Tabet, l’initiateur des Faab. Les stands sont colorés, garnis de créations faites main en tissu wax, mexicain, de récupération.
« Donner une visibilité à mes réalisations »
Les artisanes sont fières de présenter leurs objets. Mahbouba, alias Recupchiou, a été l’une des premières à participer. Couturière de métier, elle ne faisait jusque-là que des retouches et des vêtements pour les particuliers. Pendant le confinement, elle s’est lancée dans des créations issues de la récupération et du recyclage. Des ceintures fabriquées avec de vieilles cravates, des chaises et des tabourets rénovés avec du tissu. « L’association m’a permis de donner une visibilité à mes réalisations, grâce aux marchés notamment, je les ai tous faits. » Aujourd’hui, ses cartes de vœux rencontrent un franc de succès.
Simon Tabet a voulu faire perdurer l’élan créatif, la solidarité et le lien social qui avaient accompagné le premier confinement. En août 2020, il a participé à la mise en place des Faab afin de mettre en valeur les créations des habitants.
Ateliers de fixation de prix et de présentation de produits
Il y a deux ans, Aïssata, auxiliaire petite enfance, se forme à la couture. Profitant de l’arrêt de son activité dû à la crise sanitaire, elle fabrique des sacs de courses en tissus wax pour ses amies. Grâce aux Faab, elle a participé à des ateliers de fixation de prix et de présentation de produits. Elle apprécie que l’association lui fournissent les emballages et s’occupent de la caisse à sa place. La totalité du montant de la vente lui est reversé en fin de journée. Elle n’attend pas tout de l’association pour autant : un prêt lui a été accordé pour acheter une machine à coudre professionnelle et elle possède déjà son numéro de Siret. À terme, elle aimerait faire de la couture sa seule activité.
Parcours d’accompagnement de six mois
Aïssata pourra peut-être bénéficier d’un Coup d’envoi mis en place par La Ruche. Il s’agit d’un parcours d’accompagnement de six mois pour les personnes éloignées de l’emploi. « Deux Faab en ont déjà profité », indique Simon Tabet. Le programme comprend des formations aux outils numériques, en gestion et en bureautique, l’accès à un réseau de partage, un suivi individuel en présence et en ligne, avec des rendez-vous collectifs une ou deux fois par mois. En 2022, le projet des Faab fusionne avec le parcours Coup d’envoi sous le nom de Fabrique Paris XX. Circonscrit au secteur Belleville-Amandiers, il sera ensuite étendu à tout le 20e arrondissement. De quoi occuper Simon, dont la file de caisse ne désemplit pas sous le soleil déclinant de cette fin de journée.