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Haïti / Exclusion urbaine /

Petite incursion dans un commissariat haïtien
12 novembre 2007 par Lucie Co

Où l’on fait la recontre de la police haïtienne et commence à réfléchir sur son fonctionnement.

Pour certains « Port-au-Prince est l’une des dernières villes au monde où l’on se « balade ». Traduire que beaucoup n’y circulent qu’en 4x4. Faisant fi de cet avertissement, Cindy et moi nous engageâmes un après-midi dans les rues escarpées de Pétionville, commune de la métropole, pour une petite visite. Après un tour sur la place centrale, nous arpentions dans l’insouciance une rue bourgeoise lorsqu’un pick up de la police s’arrête à notre hauteur. On nous demande nos papiers. Par sécurité, je ne me déplace pas avec mon passeport. Je suis donc invitée à grimper dans le pick up avec les présumés innocents pour un tour au commissariat. Cindy, qui est en règle, m’emboîte le pas. Pas fières les p’tites françaises.

Police partout, justice nulle part ?

On nous débarque avec nos 4 compagnons d’infortune dans un commissariat où règne une atmosphère glauque. Une petite cellule renferme plus d’une vingtaine d’Haïtiens qui tendent les bras hors des barreaux. Cindy reste à l’extérieur pendant que je m’aligne contre le mur en tentant de saisir le créole du policier. Dans ma tête tourbillonnent les quelques informations que je connais de la police haïtienne : corrompue parfois, jeune, peu appréciée par la population. L’armée a été dissoute dans les années 1990 et la police constituée il y a peu. Elle se structure sous l’égide de la force de l’ONU présente sur le territoire national. L’insécurité qui règne dans la capitale et les conflits d’intérêts politiques lui rendent la tâche difficile. Elle est épinglée régulièrement par les défenseurs des droits humains pour sa tendance à procéder à des arrestations sans motif.

Moins rassurante encore est la situation de la justice. Indigente et désorganisée, elle n’est pas exempte de corruption. De nombreux criminels vivent dans l’impunité la plus totale. A l’inverse, les incarcérations abusives sont régulièrement dénoncées. Les conditions de détention sont lamentables et les comparutions devant des juges peuvent se faire attendre pendant plus d’un an. Les abus commencent tout juste à être recensés et corrigés. Autant dire que la présomption d’innocence a encore du chemin à faire.

Rapide retour à la liberté

Dans cette perspective, je me demande à quelle sauce je vais être mangée. Interrogatoire à la va vite. Il semble que ma présence en ce lieu infesté de moustiques et d’incompréhension commence à embarrasser mes geôliers. Le nom de mon employeur fait office de sésame. Je sors accompagnée des excuses de ses messieurs. Plus tard Haïtiens et expatriés s’indignent ou s’étonnent de notre récit. L’Etat haïtien vient à peine de mettre en place un programme pour attribuer des papiers à ses concitoyens. Le contrôle d’identité dans la rue est encore rarissime, surtout à l’égard des étrangers.

Cette expérience sans suite a finalement été une excellente leçon sur la fragilité de l’étranger face au système policier. Mésaventure indolore qui ne fait que renforcer le sentiment de solidarité à l’égard de ceux qui sont arrêtés sans papiers en France ou ailleurs.




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