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Turquie / Exclusion urbaine /

Dans le quartier rom d’Istanbul : les locataires s’expriment !
14 mars 2008 par Derya

Jeudi 13 mars, à 11h, la conférence de presse, à l’initiative de la Plateforme de Sulukule, a lieu : la rue et la parole sont aux locataires devant les médias, alors que les pelleteuses de la mairie continuent de détruire des maisons. 7 de plus...

La mairie de Fatih n’a pas hésité à envoyer les pelleteuses dans le quartier. Des brèves tensions ont eu lieu avant la conférence de presse des locataires. Avec le soutien des universitaires et d’autres militants, Hacer Foggo, porte-parole des locataires de Sulukule, et les habitants se sont exprimés devant les nombreuses caméras.

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Vue de la conférence (Plateforme de Sulukule)

Traduction de la déclaration

« Nous nous sommes des locataires, les plus vulnérables du quartier de Sulukule. Nous sommes la face invisible du projet de renouvellement urbain de Sulukule mené par la mairie de Fatih et de la liste pour le relogement de Taşoluk [l’arrondissement du site de relogement]. Vous ne pouvez pas nous voir sur la liste de relogement de Taşoluk, car nous n’avons pas été pris en compte –n’étant pas considérés comme des êtres humains. Vous ne pouvez pas nous voir sur la liste de relogement de Taşoluk, car nous n’avons même pas les moyens d’y postuler. Aujourd’hui, nous sommes ici devant vous pour nous rendre visible et pour sortir de l’ombre.

Nous sommes les locataires vulnérables de Sulukule : Sevtap, Sabriye, Türkan, Necla, Cemal, Bilen, Güllü, Hayriye, Gökçe, Cevriye, Sami, Erdoğan et encore des dizaines.

Nous sommes pauvres et dépourvus, mais nous avons tout de même un toit où l’on peut se réfugier, alors que demain nous sommes à la rue...

La mairie de Fatih veut nous expulser du quartier où nous vivons depuis des dizaines d’année, elle est en train de démolir nos maisons. Dernièrement le 7 mars, la mairie a commencé à mettre des lettres « X, Y » sur la porte de nos maisons, qui signifie « à démolir ». On ne sait pas si la mairie se rend compte : nous vivons dans les maisons où elle met et va mettre cette croix rouge ; nous dormons dans ces maisons, nous nous réveillons dans ces maisons ; nous éduquons nos enfants dans ces maisons. Si elles sont démolies, nous allons nous retrouver à la rue.

La mairie dit : « j’ai réalisé pour Sulukule le projet le plus social au monde ». Qu’est-ce-qu’il y a de social à être jeté à la rue ?

Les architectes chargés du projet disent : « le projet de Sulukule est un projet romantique et humain ». Qu’est-ce-qu’il y a de « romantique et humain » dans le fait d’être jeté à la rue ?

Si ce projet est « social » et « humain », pourquoi ne sommes-nous pas inclus dans ce projet ? Pourquoi ne nous a-t-on pas demandé notre avis, nous, les locataires vulnérables ? Pourquoi ne nous a-t-on pas consulté ?

La mairie dit : « les propriétaires qui se sont arrangés avec elle pour avoir une maison du projet, ont fait des requêtes auprès d’elle pour démolir leurs maisons. Nous sommes obligés d’appliquer leurs requêtes. »

Nous félicitons la mairie qui, par amour du service pour ses citoyens propriétaires, envoie les pelleteuses. Quelle mairie qui travaille aussi vite et aussi bien !

D’un autre côté, cette même mairie envoie des notifications aux propriétaires et dit : « Vide ta maison avec ses locataires jusqu’au 31 mars. Ferme l’eau et l’électricité et rapporte-moi les clefs. Si tu ne me rapportes pas les clefs, tu perds ton droit d’acquérir une maison du projet. » En bref, elle crée des pressions sur les propriétaires, elle fait faire fermer notre électricité, notre eau et nous enlève la possibilité de vivre dans les maisons. Dans le quartier, les propriétaires et les locataires se querellent tous les jours à cause de la mairie.

La mairie croit-elle qu’elle n’a pas les mains sales ? La mairie croit-elle qu’elle reste innocente à nos yeux ? N’y-a-t-il pas dans ce pays quelque chose qui s’appelle le droit des locataires ?

Vous allez nous demander pourquoi vous n’allez pas à Taşoluk ? Les locataires qui ont postulé pour les logements de Taşoluk, les locataires qui n’avaient pas d’autre solution que de s’inscrire sur cette liste de relogement, sont allés à la Banque Ziraat il y a 15 jours pour signer le contrat. Lorsque la Banque a demandé 1000 YTL [environ 590 euros] pour le timbre fiscal, ils sont rentrés au quartier. Comment celui qui n’est pas capable de payer un timbre, va-t-il payer des mensualités et des charges tous les mois pendant 15 ans ? Nous, nous sommes assez réalistes pour connaître nos revenus. C’est pourquoi nous n’avons même pas postulé pour les logements de TOKI de Taşoluk.

Nous, nous lançons un appel au maire de l’arrondissement de Fatih, Mustafa Demir, avant qu’il détruise nos maisons, nos foyers, nos vies et notre avenir :

Maire, tu dis devant les médias que « c’est le projet le plus social au monde ». On a demandé, on a mené l’enquête autour de nous : qu’est-ce-que ça veut dire un projet social ? Ça voulait dire « un projet réalisé pour l’être humain ».

Maire, nous aussi, nous te demandons devant les médias : combien est social cette croix que tu nous infliges ?

Dans différents quartiers d’Istanbul, il y a de nombreuses familles, dont les conditions de vie se sont appauvries, les maisons ont été détruites et qui vivent dans des tentes et des baraques au nom du « renouvellement urbain ». Ces familles vivent sans électricité, sans eau, sans sanitaire –privées de l’accès aux services de santé et les enfants ne peuvent plus aller à l’école.

Nous aussi, si nos maisons sont détruites, nous allons nous retrouver à la rue comme dans ces quartiers. Nous le répétons une dernière fois :

Nous, nous ne pouvons ni payer les charges des logements de TOKI de Taşoluk ni payer des loyers en dehors de Sulukule qui sont plus élevés.

Nous, nous n’allons pas sortir de nos maisons tant qu’on ne nous propose pas des alternatives de moyens de logement.

N’OUBLIEZ PAS LA CASSEROLE CONTINUE DE BOUILLIR DANS LES MAISONS MARQUEES DE LA CROIX. »

Les locataires de Sulukule

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Les locataires s’expriment (Plateforme de Sulukule)

La presse vous a bien entendu chers locataires. Dans la métropole, quelques istanbouliotes de plus savent que vous existez...La mairie de Fatih et le maire, Mustafa Demir, eux, doivent faire grise mine !




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