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Turquie / Exclusion urbaine /

A 40 km d’İstanbul, Virée matinale dans un no man’s land
5 décembre 2007 par Derya

Le dimanche 2 décembre 2007, la mairie de Fatih (arrondissement d’İstanbul) organise la visite du site de relogement à Tasoluk à 40 km du quartier rom de Sulukule pour les locataires des deux quartiers touchés par le projet de renouvellement urbain (Neslisah et Hatice Sultan).

Vers 10h du matin, les habitants du quartier rom s’apprêtent à visiter à 40 km de là un chantier en cours, dans la boue. Cette visite organisée par la mairie de Fatih est bien orchestrée par quelques habitants du quartier. Ceux qui collaborent avec elle (AKP, parti de la justice et du développement). Huit bus attendent à la porte d’Edirne aux abords des murailles qui datent de l’époque byzantine.

Ce chantier, prêt à les accueillir en août 2008, fait partie du projet de renouvellement urbain de Sulukule. La visite débute par le discours du maire, Mustafa Demir, accompagné par le chef de projet Mustafa Çiftçi. Certains agitateurs acclament le maire dans la foule. D’autres habitants protestent contre le projet. Quelques chaînes télévisées sont présentes. En échange de quelques lires turques, la mise en scène devant les caméras est grotesque. On montre sa satisfaction, on remercie le maire, le premier ministre : on va enfin devenir propriétaire. Pourtant, les réactions sont violentes : "c’est un exode forcé !"

Afin de mener son projet de renouvellement urbain, la mairie expulse les locataires au milieu de ce nulle part loin de toute infrastructure sociale mais concrétise le rêve de ces habitants, celui d’accéder à la propriété. Et ils y croient réellement. En effet, la mairie se garde bien de taire les modalités de l’agence pour le développement au logement. Lorsqu’elle est contrainte de les évoquer, elle présente les choses de manière simpliste et mensongère. Ces habitants vont devoir payer des mensualités tous les mois pendant 15 ans -alors même qu’ils ont déjà des difficultés à s’acquitter de leur loyer dans leur propre quartier. İls ne disposent pas non plus du droit de vendre leur logement tant qu’ils n’en sont pas propriétaires. Crédules, les habitants pensent : "Au pire, je revendrai ou louerai mon appartement et je m’installerai ailleurs !" C’est aussi ce que la mairie leur dit.

Ce site de relogement n’est pas de bon augure et la mairie se préoccupe peu de la cohérence de son projet avec la réalité et les conditions de vie de ces habitants. Ce no man’s land pointe dès maintenant les risques d’appauvrissement de cette population déjà vulnérable -et en particulier : 1) l’accès au marché du travail et les problèmes de transport, 2) l’augmentation des dépenses (transports, charges d’entretien des immeubles...). Cette virée matinale pointe aussi les premières tensions et divisions qui existent dans le quartier, entre les quelques habitants achetés par la mairie qui croient oeuvrer pour leur propre intérêt et l’interêt de tous et les quelques résistants qui veulent continuer à se battre pour vivre dans leur quartier. Et demain ? Tout semble déjà si bien programmé...




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