Généalogie de la famille GRUSS

La sixième génération de la famille GRUSS est en piste dans le chapiteau du Cirque à l'Ancienne, fondé par Alexis GRUSS en 1974.

Talentueuse famille Gruss

Le nouveau spectacle du Cirque à l’ancienne Alexis Gruss, Pégase et Icare, est salué par la critique. L’occasion de s’immiscer dans les coulisses d’un cirque devenu une institution. Artistes de pères et mères en fils et filles : chez ces écuyers, l’art du cirque est un héritage, où tout paraît facile. Mais derrière l'évidence, le travail acharné de passionnés.

Au cœur des répétitions

Deux chevaux lancés au galop. Sur leur dos, debout, deux jeunes jongleurs rattrapent une multitude de massues. Et comme si ce n’était pas suffisant, se les lancent d'un cheval à l'autre.

« Quelle satisfaction d'entendre les applaudissements du public, après tous ces efforts. C'est irremplaçable ».

Charles Gruss, 22 ans, et son jumeau Alexandre, savent ce qu'ils doivent à leurs parents, leurs oncles et leurs grands-parents. Ces jongleurs-voltigeurs très remarqués, comme tous les membres du clan Gruss, travaillent d'arrache-pied depuis l'enfance. Car derrière le spectacle, il y a le travail, la rudesse des entraînements, la difficulté des numéros à cheval. On a beau s'appeler Gruss, la voltige n'est pas un legs, elle s'acquière, tour de piste après tour de piste.

Au commencement était l'admiration

Tout commence par une admiration pour les aînés. Chez les Gruss, le père spirituel se confond avec celui du sang. Stephan Gruss, fils d'Alexis, le fondateur du cirque national éponyme, est metteur en scène des spectacles du cirque, écuyer jongleur et musicien à part entière. Il est aussi le père des jumeaux et de deux plus jeunes garçons de 17 et 11 ans. Pour cet homme attentif, « c'est pas possible de forcer un enfant à faire du cirque. C'est vraiment une passion. Mais quand on voit ses parents sur scène, on sait qu'on veut faire la même chose ». Et ses fils lui donnent raison. La vocation des enfants Gruss commence en s'émerveillant devant leurs propres parents.

« Petits, on était gardés par une nounou. Elle nous emmenait voir le spectacle de nos parents quand on voulait. Et on voulait presque tout le temps. »

Vient ensuite le temps de la transmission.

Notre père ce mentor

« Au cirque, on appelle cela être des pères et des mères d'élèves. C'est transmettre son savoir à ses enfants, aux cousins et même à d'autres personnes », explique Stephan. Une transmission familiale, par palier : « Les enfants commencent la voltige vers sept, huit ans, avec un entraînement d'une trentaine de minutes, le midi. Quand ils sortent de l'école, ils font du jonglage ou de l'acrobatie, selon l'humeur. Au fil du temps, on intègre des choses de plus en plus difficiles, à leur demande. » Stephan doit lui-même l'art du jonglage à sa mère, Gipsy Gruss, née Bouglione, et la voltige à cheval, à son père, Alexis. Et la tradition se perpétue. Les jumeaux Charles et Alexandre, ont une grande admiration pour l'enseignement que leur père leur a inculqué :

« Il a été notre mentor, un modèle formidable. Alors, on aimerait être comme lui avec nos frères. »

Dans cette communauté familiale, où vivent ensemble trois générations, dans la bonne humeur apparente, les relations sont régies par le strict respect des aînés : « On se respecte énormément dans la famille. Quand notre grand-père ou notre père disent quelque chose, on ne dit rien. Quand on reprend nos petits frères, ils ne doivent rien dire », expliquent les deux frères.

Apprendre à tomber

« En voltige, on sait que les chutes sont régulières. On doit apprendre à ne pas être rattrapé par la longe, mais à retomber toujours sur ses pattes, un peu comme un chat », explique Stephan. Sous l'apparente facilité, les numéros sont très risqués. Les chevaux sont imprévisibles, ce qui rend l’exercice plus difficile encore. Il faut donc apprendre à dompter le danger, « Apprendre à tomber, dit Charles. Il faut faire en sorte de rouler pour amortir la chute. Si tu sens que tu vas tomber, tu mets la main sur la croupe du cheval.Tu protèges aussi tes articulations ». Malgré sa maîtrise, il avoue avoir été tenaillé par la peur, lors de sa première représentation sans longe. Mais à cheval, comme dans tous les numéros d’équilibre : « Il faut réussir à chaque fois » affirme Stephan. L’apprentissage de la voltige nécessite du temps. Mais pour Alexis comme pour ses descendants, convaincus, tout doit s'apprendre très jeune.

Alexandre joue le passeur de cette philosophie auprès de son jeune frère : « Il faut savoir que tout ce qu'il apprend maintenant, c'est acquis pour plus tard et ça ne se rattrape pas. »

Bacheliers et musiciens

La nouvelle génération Gruss met un point d’honneur à passer le baccalauréat.

« Les jumeaux ont eu leur bac, dit Alexis Gruss, fièrement, et Louis l’a eu à 16 ans ».

Charles et Alexandre, très réfléchis, reconnaissent la difficulté d’un travail scolaire quotidien, « surtout en première et terminale », mais ils n'auraient pas souhaité faire autrement. Pour eux, « il est important d’avoir de la culture ». Une institutrice, payée par le cirque, fait cours aux enfants de la troupe, à l’aide de l'enseignement à distance (CNED). À la fin de leur journée d'école, vers 16 heures, les jeunes élèves, frères et cousins, foncent sous le chapiteau pour s’échauffer, faire une séance d’acrobatie et aussi, aider à poser des tapis et balayer la piste. Ils trouvent aussi le moyen de travailler leur instrument, car chaque membre de la famille est un musicien accompli, qui, quand il n’est pas en piste, se joint à l’orchestre.

Sous le chapiteau désert, il n’est pas 9 heures du matin que déjà, les claquements de chambrière et les ordres d’Alexis rythment les cavalcades des chevaux au travail. Sous les toiles du chapiteau et dans les coulisses, le froid piquant fait partie du décor et ne semble gêner personne. Alexis, l'impétueux patriarche de 71 ans a beau être à la retraite, il présente un numéro dans le nouveau spectacle de la troupe. Et comme tous les matins, la stature altière, il est accompagné de sa relève, Charles et Alexandre. Les jumeaux sont à l’affût. Ils veulent être à la hauteur de celui qu’ils présentent comme « le plus exigeant ». L’homme n’a rien perdu de sa rigueur.

Voilà quarante ans que le maître écuyer a fondé son propre cirque, « Le Cirque à l’ancienne », en même temps qu’une des premières écoles en Europe de l’Ouest.
Un visionnaire dans son art.

Historique de la famille GRUSS

Le cirque et les chevaux, une histoire qui remonte au XVIIIe siècle.

Gipsy et Maud

Gipsy, sa femme depuis 1970, devait elle aussi être en piste. Mais « pour la première fois, sur cent spectacles, je m'arrête. Pour mal de dos ». Cela ne l'empêche pas d’entraîner ses chevaux, sourire aux lèvres. À l’arrière du chapiteau, sur la piste de sable et de sciure, leur fille Maud est aussi à l’entraînement. Ruades, demi-tours, pas de danse. Au centre, la svelte jeune femme dirige avec assurance quatre chevaux noir ébène qui se dressent devant elle.

L'éléphante, Syndha

Au fond de l’allée des box, apparaît, presque dans la lueur d’un Veermer, la dernière éléphante du cirque, comme un souvenir du passé.

« Après elle, nous n’aurons plus d’éléphants », explique Stephan, « c’est trop compliqué ».

Des artistes complets

Chez les Gruss, grandir signifie devenir artiste. Mais pas question de renâcler aux tâches et à la longueur des journées. Lors des représentations, les jeudis, vendredis, samedis et dimanches, les journées commencent à 8 heures et finissent à 23 heures. Ce mardi, Charles n’a pas eu le temps de faire tout ce qu’il voulait. Agacé, les pieds ancrés dans le sol, bras croisés, il déclare qu’ « une journée où tu ne t’entraînes pas, tu ne progresses pas ».
À 22 ans, la détermination des deux frères est forte. Et leur labeur, une illustration d’Hannah Arendt : leurs numéros, fruit d’un long travail, sont comme des œuvres d’art qui les élèvent au-delà de ce que nous donne la nature.

 

Actualité du Cirque Gruss

Le nouveau spectacle du cirque Gruss, Icare et Pégase, se joue sous le chapiteau installé au bois de Boulogne, près de la porte de Passy (16e) jusqu'au 6 mars 2016. À la fin de la saison, Charles et Alexandre, les jeunes stars du spectacle Gruss, partent neuf mois expérimenter leur duo de jonglage et voltige au cirque suisse Knie, qui travaille aussi avec les chevaux. Alexis Gruss prépare un livre sur sa vie, dont la parution est prévue pour septembre prochain.