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/ Carnet de bord  /

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La session 9 de retour à Paris !
24 juin 2009

Alice, Benoît, Claire, Clémence, Elthina, Johanne, Lily, Marie, Nadia et Valérie ont terminés leurs missions au sein des programmes d’Echanges et Partenariats.

Au mois d’avril et mai dernier, nous avons passé trois semaines ensemble pour partager nos expériences et nos analyses, les confronter et en débattre.

Le fruit de ces trois semaines de travail ? La soirée du 12 mai au cours de laquelle nous avons pu partager plus largement nos expériences et nos envies, mais également les différentes productions faites par les volontaires et l’équipe d’Echanges et Partenariats :

Le numéro de Vues d’Europe et d’ailleurs

Les expositions photos de Valérie Fernando "Bombay, une capitale financière à l’assaut des bidonvilles ?" et de Sara Prestianni "Grèce, les limbes aux portes de l’Europe"

Le fascicule de campagne « Droit de regards dans les centres de rétention »

Les carnets de route que vous pouvez consulter en cliquant sur les liens ci-dessous.

* Valérie Fernando - Inde - Mobilisations citoyennes

* Johanne Vernier- Droits des étrangers

* Nadia Khrouz - Maroc - Droits des étrangers

* Clémence Durand – Turquie - Droits des étrangers

* Lily Boillet – Angleterre - Droits des étrangers

* Claire Sobieniak – Espagne – Droits des étrangers

* Laura - Palestine - Mobilisations citoyennes

* Justine Peullemeulle - Maroc - Mobilisations citoyennes/ Jeunesse

Une nouvelle promotion partira en novembre 2010, d’ici là vous pouvez continuer à suivre les missions de Laura et Justine qui sont reparties sur le terrain !

Des "premières" significatives d’un autre Maroc ?
13 avril 2009

A la lumière du slogan des forums sociaux mondiaux, « Un autre monde est possible », certains événements au Maroc, tels que le Forum social marocain et l’Université d’hiver d’Action Jeunesse ont repris ce slogan sous la forme « Un autre Maroc est possible ». Cette brève ne revient pas sur la signification de ce slogan (il fera l’objet d’un futur article) mais sur les divers évènements qui se sont déroulés depuis ces trois premiers mois de volontariat et qui m’amènent à m’interroger sur la possibilité d’"un autre Maroc".

Ces trois premiers mois ont été ponctués par divers ressenties, réflexions et interrogations. Entre l’impression d’un Maroc dynamisé par des initiatives sociales et associatives et entre la compréhension et l’apprentissage de la diversité et de la complexité du pays.

Des initiatives associatives nouvelles qui prouvent les potentialités de la société civile marocaine.

Les expériences du FMAS/ Action jeunesse confortent les possibilités d’actions de la société civile marocaine. Action Jeunesse a organisé, en mars dernier, sa première université d’hiver à Ouarzazate. Elle a réuni la plupart de ces jeunes membres pour que tous puissent participer aux deux jours de séminaires autour de la thématique droits et citoyenneté. Le slogan qui présidait : « Une jeunesse solidaire pour un Maroc de la citoyenneté ». Cela a été l’occasion de réfléchir sur une thématique commune, l’occasion de débattre, de se questionner et de confronter ces idées. Outre le renforcement de capacités des jeunes comme objectif principal, ce type d’événement contribue à dynamiser le groupe de jeunes. Cette première était un test pour la dupliquer.

Action Jeunesse a lancé le projet Regards croisés sur le patrimoine culturel marocain, considéré, également, comme une première, cette fois-ci, au Maroc. De fait, il consiste à recruter 15 jeunes d’horizons divers, étudiants, jeunes diplômés, acteurs associatifs pour participer à la réalisation de trois documentaires autour de la thématique du patrimoine culturel. Le but étant, qu’à travers deux mois de formation en médiation culturelle et techniques du film documentaire, ces jeunes puissent s’exprimer sur les initiatives sociales et associatives sur le patrimoine culturel marocain, en se servant de l’image.

Parallèlement, le FMAS continue, entre autres activités, de s’engager dans l’organisation d’événements nationaux et régionaux, tels que le suivi du forum social marocain avec le forum social sur l’eau de ce week-end ou encore l’organisation et l’accueil du conseil international du FSM, le mois prochain (mai 2009). Toutes sont des initiatives d’envergure à leur niveau et dans leur domaine d’intervention.

Outre le FMAS et son groupe de jeunes, c’est le milieu associatif marocain qui est en mouvement. Par exemple lorsque l’on observe l’expérience participative du réseau d’associations Tada dans la région d’Azilal. Avec le soutien de l’Initiative Nationale des Droits de l’Homme (INDH), il a organisé une session de formation en mettant en pratique une approche participative d’évaluation des besoins des habitants de la région. Ou encore, l’organisation des transculturelles de Casablanca, organisées par la mairie de Casablanca, de concert avec des acteurs associatifs et des professionnels pour valoriser et réapproprier l’espace des anciens abattoirs. Ce sont des exemples qui font sens.

Des initiatives prometteuses, des réalités ancrées.

Il faut souligner également la présence exponentielle des pouvoirs publics dans le milieu associatif que ce soit avec l’INDH ou encore le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme. Ce sont des entités qui travaillent de concert avec des associations. La concertation est un élément de plus en plus présent entre la société civile et les institutions publiques. Mais cela implique nécessairement de répondre aux insuffisances de coordination entre les Ministères mais également entre le gouvernement et les associations. On peut relever la signature publique entre le ministère de la jeunesse et les agences des Nations Unies pour une stratégie nationale d’une politique intégrée de la jeunesse. La même semaine, été présenté lors d’une conférence de presse, le Plan d’Action National en matière de Démocratie et de Droits de l’Homme (PANDDH). Le PANDDH est le fruit de rencontres entre plusieurs ministères, des associations, des syndicats et plusieurs agences des Nations Unies. Ces effets d’annonce amènent à penser que le Maroc continue sur la voix du développement humain.

Nonobstant, plusieurs questions me viennent : un aspect récurrent est présent dans l’annonce de ces initiatives, à savoir la mise en valeur de la démarche du travail, qui, il faut le souligner, est une démarche novatrice prouvant la volonté de travailler en concertation. Mais, peu de communication existe sur les moyens mis en place, sur la manière dont il est prévu de procéder pour faire valoir réellement la démocratie et les droits de l’Homme au Maroc ou encore sur une politique nationale intégrée de la jeunesse. Assurer les droits de l’homme aux marocains, c’est continuer à améliorer leurs accès aux droits, tant par un accès à l’éducation- tandis que l’âge de l’école obligatoire ne s’élève qu’à 6 ans- que par la promotion de la liberté d’expressions des citoyens marocains-qui fait défaut dans certains cas, dés lors que l’on aborde des questions et des valeurs dites "sensibles". Lorsque Transparency Maroc parle de « corruption endémique » (rapport moral de 2008) au Maroc, on comprend que des pratiques ancrées dans l’appareil politique mais aussi économique vont prendre du temps à évoluer. L’ambition d’un autre maroc se doit d’être présente mais cela ne suffit pas. Il semble nécessaire d’adapter ces pratiques avec les réalités présentes.

Le Maroc se situe dans un entre deux, en mouvement, riche par sa culture, sa population, sa géographie et complexe. Ce pays est autant intriguant que passionnant. Il faut prendre le temps de connaître « ce beau pays qu’est le Maroc », comme on peut l’entendre souvent.

Des « premières » marocaines significatives d’un autre Maroc ?
13 avril 2009 par Justine

A la lumière du slogan des forums sociaux mondiaux qui se sont suivis, « Un autre monde est possible », certains événements au Maroc, tels que le Forum social marocain et l’Université d’hiver d’Action Jeunesse ont repris ce slogan sous la forme « Un autre Maroc est possible ». Cette brève ne revient pas sur la signification de ce slogan (il fera l’objet d’un futur article) mais sur les divers évènements qui se sont déroulés depuis ces trois premiers mois de volontariat et qui m’amènent à m’interroger sur la possibilité d’"un autre Maroc".

Ces trois premiers mois ont été ponctués par divers ressenties, réflexions et interrogations. Entre l’impression d’un Maroc dynamisé par des initiatives sociales et associatives et entre la compréhension et l’apprentissage de la diversité et de la complexité du pays.

Des initiatives associatives nouvelles qui prouvent les potentialités de la société civile marocaine.

Les expériences du FMAS/ Action jeunesse confortent les possibilités d’actions de la société civile marocaine. Action Jeunesse a organisé, en mars dernier, sa première université d’hiver à Ouarzazate. Elle a réuni la plupart de ces jeunes membres pour que tous puissent participer aux deux jours de séminaires autour de la thématique droits et citoyenneté. Le slogan qui présidait : « Une jeunesse solidaire pour un autre Maroc ». Cela a été l’occasion de réfléchir sur une thématique commune, l’occasion de débattre, de se questionner et de confronter ces idées. Outre le renforcement de capacités des jeunes comme objectif principal, ce type d’événement contribue à dynamiser le groupe de jeunes. Cette première était un test pour la dupliquer.

Action Jeunesse a lancé le projet Regards croisés sur le patrimoine culturel marocain, considéré, également, comme une première, cette fois-ci, au Maroc. De fait, il consiste à recruter 15 jeunes d’horizons divers, étudiants, jeunes diplômés, acteurs associatifs pour participer à la réalisation de trois documentaires autour de la thématique du patrimoine culturel. Le but étant, qu’à travers deux mois de formation en médiation culturelle et techniques du film documentaire, ces jeunes puissent s’exprimer sur les initiatives sociales et associatives sur le patrimoine culturel marocain, en se servant de l’image.

Parallèlement, le FMAS continue, entre autres activités, de s’engager dans l’organisation d’événements nationaux et régionaux, tels que le suivi du forum social marocain avec le forum social sur l’eau de ce week-end ou encore l’organisation et l’accueil du conseil international du FSM, le mois prochain (mai 2009). Toutes sont des initiatives d’envergure à leur niveau et dans leur domaine d’intervention.

Outre le FMAS et son groupe de jeunes, c’est le milieu associatif marocain qui est en mouvement. Par exemple lorsque l’on observe l’expérience participative du réseau d’associations Tada dans la région d’Azilal. Avec le soutien de l’Initiative Nationale des Droits de l’Homme (INDH), il a organisé une session de formation en mettant en pratique une approche participative d’évaluation des besoins des habitants de la région. Ou encore, l’organisation des transculturelles de Casablanca, organisées par la mairie de Casablanca, de concert avec des acteurs associatifs et des professionnels pour valoriser et réapproprier l’espace des anciens abattoirs. Ce sont des exemples qui font sens.

Des initiatives prometteuses, des réalités ancrées.

Il faut souligner également la présence exponentielle des pouvoirs publics dans le milieu associatif que ce soit avec l’INDH ou encore le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme. Ce sont des entités qui travaillent de concert avec des associations. La concertation est un élément de plus en plus présent entre la société civile et les institutions publiques. Mais cela implique nécessairement de répondre aux insuffisances de coordination entre les Ministères mais également entre le gouvernement et les associations. On peut relever la signature publique entre le ministère de la jeunesse et les agences des Nations Unies pour une stratégie nationale d’une politique intégrée de la jeunesse. La même semaine, été présenté lors d’une conférence de presse, le Plan d’Action National en matière de Démocratie et de Droits de l’Homme (PANDDH). Le PANDDH est le fruit de rencontres entre plusieurs ministères, des associations, des syndicats et plusieurs agences des Nations Unies. Ces effets d’annonce amènent à penser que le Maroc continue sur la voix du développement humain.

Nonobstant, plusieurs questions me viennent : un aspect récurrent est présent dans l’annonce de ces initiatives, à savoir la mise en valeur de la démarche du travail, qui, il faut le souligner, est une démarche novatrice prouvant la volonté de travailler en concertation. Mais, peu de communication existe sur les moyens mis en place, sur la manière dont il est prévu de procéder pour faire valoir réellement la démocratie et les droits de l’Homme au Maroc ou encore sur une politique nationale intégrée de la jeunesse. Assurer les droits de l’homme aux marocains, c’est continuer à améliorer leurs accès aux droits, tant par un accès à l’éducation- tandis que l’âge de l’école obligatoire ne s’élève qu’à 6 ans- que par la promotion de la liberté d’expressions des citoyens marocains-qui fait défaut dans certains cas, dés lors que l’on aborde des questions et des valeurs dites "sensibles". Lorsque Transparency Maroc parle de « corruption endémique » (rapport moral de 2008) au Maroc, on comprends que des pratiques ancrées dans l’appareil politique mais aussi économique vont prendre du temps à évoluer. L’ambition d’un autre maroc se doit d’être présente mais cela ne suffit pas. Il semble nécessaire d’adapter ces pratiques avec les réalités présentes.

Le Maroc se situe dans un entre deux, en mouvement, riche par sa culture, sa population, sa géographie et complexe. Ce pays est autant intriguant que passionnant. Il faut prendre le temps de connaître « ce beau pays qu’est le Maroc », comme on peut l’entendre souvent.

25 ans du droit d’asile en Espagne : Une protection sans cesse remise en cause
6 avril 2009 par Claire

L’Espagne s’est dotée d’une législation sur le droit d’asile en 1984. Le 25 ème anniversaire de l’adoption de cette loi est l’occasion de faire le bilan de son application et d’examiner les modifications contemplées dans le projet de réforme de cette loi, actuellement en débat au parlement espagnol.

La loi 5/1984 sur le droit d’asile et la condition de réfugié a été adoptée en Espagne dans un contexte particulier, celui de la transition démocratique.

Pendant la dictature franquiste, de nombreux opposants au régime ont fuit le pays, en particulier pour rejoindre l’Amérique latine. A la mort de Franco en 1975, la roue tourne et certains espagnols exilés regagnent l’Espagne. Le pays voit également l’arrivée de latino-américains qui fuient les dictatures militaires de leur propre pays (Argentine, Chili et Uruguay principalement).

C’est dans ce contexte qu’en 1978, le droit d’asile est reconnu dans la nouvelle constitution espagnole (article 13.4) et que l’Espagne signe la Convention de Genève. La Commission Espagnole d’Aide aux Réfugiés (CEAR) est créée en 1979 et contribue aux débats pour l’élaboration d’une loi régulant le droit d’asile. L’accent est mis sur la protection dont ont bénéficié les espagnols exilés et sur le devoir de rendre la pareille aux latino-américains.

Les débats autour de l’adoption de la loi sur l’asile sont néanmoins houleux et il faudra plusieurs années pour aboutir au texte adopté en 1984. Un des points de discorde qui divise profondément les parlementaires est l’attribution de la responsabilité d’accorder l’asile et d’examiner les recours au Ministère de l’Intérieur. En effet, la préférence donnée au Ministère de l’Intérieur par rapport au Ministère de la Justice met en place un système de traitement des demandes d’asile fondé en priorité non pas sur la recherche de la protection des demandeurs d’asile, mais sur la défense de la sécurité intérieure de l’Etat espagnol. Dès sa mise en place, le droit d’asile est circoncis et les demandeurs d’asile sont considérés comme de potentiels fraudeurs.

Un projet de réforme de la loi sur l’asile est actuellement en débat au parlement espagnol.

Après une première révision de la loi en 1994, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) présente en 2008 un projet de loi visant à modifier une nouvelle fois la législation sur l’asile. Le principal argument avancé est celui de la nécessaire adaptation de la loi aux normes internationales (en particulier aux normes européennes) et à la jurisprudence.

La société civile espagnole est globalement critique de ce projet de réforme. De nombreuses ONG craignent que la nouvelle loi ne permette pas de garantir une protection suffisante aux personnes qui fuient des persécutions, notamment en raison de l’augmentation des motifs de rejet d’examen des demandes.

En effet, le projet de réforme exclue la possibilité de demander l’asile en Espagne pour les ressortissants communautaires et entérine l’existence d’une liste de « pays sûrs », s’alignant ainsi sur la loi française. Si cette modification est votée, les ressortissants de ces pays verront l’examen de leur demande accéléré étant donné que leur demande sera considérée comme étant « manifestement infondée ».

Le projet de réforme prévoit par ailleurs d’allonger les délais prévus pour l’examen des demandes d’asile et de supprimer la voie diplomatique, à savoir la possibilité de demander l’asile depuis une représentation consulaire de l’Espagne à l’étranger.

Les Organisations Non Gouvernementales comme la Commission Espagnole d’Aide aux Réfugiés (CEAR) reconnaissent que le projet de réforme introduit une amélioration, en introduisant la notion de « protection subsidiaire », mais il est à craindre que cette forme de protection soit préférée dans de nombreux cas à l’octroi du statut de réfugié qui est pourtant plus protecteur. En effet, la protection subsidiaire concerne les personnes pour lesquels l’Etat ne reconnaît pas le statut de réfugié, mais admet que ces personnes ont néanmoins besoin d’une protection internationale. C’est pourquoi il leur accorde le droit de rester sur le territoire, mais seulement de façon temporaire.

Le projet de réforme ne permettra pas d’améliorer la protection des demandeurs d’asile.

Le gouvernement espagnol prétend vouloir améliorer l’accueil des demandeurs d’asile. Pourtant, dans le même temps il ferme ses frontières et pose de plus en plus d’entraves à l’arrivée sur son territoire des demandeurs d’asile. Comment une personne persécutée peut-elle faire valoir ces droits si elle ne peut même pas atteindre le territoire d’un pays tiers pour y demander l’asile ?

Il est regrettable que le gouvernement espagnol ne profite pas de l’occasion de la réforme pour répondre aux défis actuels, comme la redéfinition de la notion de « réfugié ». Cette notion, définie en 1951 par la Convention de Genève, mériterait d’être réexaminée pour contempler de nouvelles situations, comme celle des « réfugié environnementaux » ou encore des « réfugiés économiques ». En effet, de nombreuses personnes qui fuient leur pays d’origine ne rentrent dans aucune case du droit d’asile. Les raisons qui poussent à l’exil sont complexes et peuvent souvent être qualifiées de mixtes, mêlant les motifs économiques, le manque de perspectives, le manque de liberté d’expression ou encore le verrouillage politique.

Si le projet de loi est adopté sans amendements, il est à craindre que le taux d’octroi du statut de réfugié en Espagne reste extrêmement faible (3,14% en 2007), en dépit de l’augmentation globale du nombre de demandeurs d’asile dans le monde.

Lovely Weather for a demo..
23 mars 2009 par Lily

Un samedi ensoleillé sur Londres, je cours dans le labyrinthe du métro, qui a encore supprimé, pour le week end, les lignes que j’espérais emprunter. Je me dépêche, hors d’haleine, pour ne pas rater les militants de No Borders London qui m’ont invitée à participer à la manifestation pour la fermeture du centre de rétention, "detention camp", de Yarl’s Wood, près de Bedford.

En retard je les imagine déjà partis prendre le train, en groupe bruyant et désorganisés, je compte secrètement sur ça pour les ratraper.

A King’s Cross St Pancras, je les cherche, ils me pilotent par téléphone et m’attendent près...d’un bus.

Un bus tout spécialement prévu pour une manif de ce genre...

Je me remets de ma surprise, pour apprécier le doux murmure de Babel. Si la malédiction crée encore la confusion, ici elle provoque l’émulsion.

Allemands, Italiens, Espagnols, Mexicains, Français, Hollandais, Ougandais, Somaliens, Anglais....Le monde entier est dans ce bus.

Plus d’une heure de trajet, qui s’achève sur une autre surprise : on traverse la ville escortés par la police locale, à moto, qui nous ouvre la route, arrêtant la circulation par moment, pour nous amener à notre point de chute...

organisation soooo british....

Les vieux anars allemands me regardent et se marrent de mes yeux interloqués.

Là, nouvel accueil, à force de fliquettes, explications, mises au point, propos rassurants, tout y est : une cinquantaine de jeunes et moins jeunes militants entourés d’une trentaine d’agents, en baudrier jaune fluo.

Certains semblent se différencier des autres. Surtout, ceux là portent autour du cou des appareils photos et caméras de toutes tailles, du petit numérique à l’énorme téléobjectif.

Je me sens un peu mal à l’aise. Je pense à cette culture british du "profilage". Mais quand j’observe les manifestants, eux aussi ont presque tous un appareil avec eux, voire même un télélobjectif, et plusieurs caméras.

Je n’ai pas le temps de poser de question, on vient me présenter : les agents de la police locale et les "MET".

The "MET", entendez Metropolitan Police, sont les profileurs, les enquêteurs, pas les agents de proximité. Et on m’explique qu’aujourd’hui les agents locaux sont nombreux car...sensés protéger les MET. Depuis que certains d’entre eux ont été pris à partie lors d’une précédente manif, s’étant pointés à 3 dans un groupe de 50 militants, il semblent qu’ils aient compris que leur travail "habituel" de fichage de la population, ne plaisait pas à cette-dite population.

Méfiance réciproque. Ceci explique cela. Les militants habitués portent donc eux aussi des "outils de profilage" et répondent à chaque prise de photo par une autre prise de photo suivi d’un "We’re watching you too !!!" (On vous surveille aussi !).

Je commence à apercevoir de la vie derrière le flegme britanique, comme le neurone civique qui s’agite..

On commence à avancer vers une destination inconnue pour la plupart des manifestants. Pas d’inquiétude, on est quand même en Angleterre, l’agent de police le plus proche nous indique gentillement le "meeting point"...

Là beaucoup de monde attend déjà. Population diverse, groupes diverses, chacun fignole sa banderole, sa pancarte, son slogan. Tous autour d’un seul cri : la fermeture de Yarl’s wood, la fermeture des centres de rétention.

Une femme, au micro, s’adresse à la population et explique ce qu’elle a vu à dans le centre en tant qu’observatrice, explique la rétention, "locked up", appelle les badauds à s’interroger sur l’emprisonnement, appelle la ville à la réflexion sur le mode de gestion des populations, sur les mauvais traitements observés dans le centre, lui dit qu’elle se doit de refuser ce mode gestion.

Yarl’s Wood, prison pour femmes et familles. 400 places.

Bedford à la particularité d’être une ville symptomatique de l’immigration. Sa population est constituée d’au moins 10 % de descendants d’italiens, appellés par la London Bricks Compagny dans les années 50. Puis, ont suivis les Sud-Asiatiques, les Polonais, les Grecs, les Chypriotes puis les Ouest-Indiens, ce qui en fait la ville du Royaume Uni, du fait de sa taille (75000 habitants), la plus diverse en terme de d’origine ethnique.

Le cortège quitte le centre, très encadré, on suit les pointillés. Ennui mortel. Et puis, mal organisée, j’ai pas prévu de ravitaillement, j’ai faim.

Le rôle de chacun..

2 heures de marche sous un agréable soleille de mars.

On atteint enfin le centre, loin très loin, excentré, à l’abri de toute oreille, de tout regard. Je l’imagine seulement, derrière le cordon de poussins fluo, derrière les grilles, derrière les arbres, derrières les premiers bâtiments de manutention.

On se pose. Et on écoute.

Je comprends pourquoi un étrange vélo suivi d’une charette nous suivaient.Il transporte les amplificateurs et le micro.

Mademoiselle A. somalienne de son état, prend le micro et raconte. Elle raconte ses 18 mois "à l’intérieur", son arrivée par avion et son enfermement dans les heures qui ont suivies. La rétention d’abord pour étudier sa demande d’asile, oui c’est le cas en Angleterre. Puis rétention car déboutée du droit d’asile. Mais somalienne, elle est difficile à expulser, depuis quelques temps ce n’est plus possible.

Oh ! pas parce qu’enfin l’Europe accepterait de protéger des gens venant de ce pays à feu et à sang, et donc d’être ce sanctuaire qu’elle prétend être, cette "Europe de l’asile. Non ! juste parce que les tribunaux islamiques, instaurant la terreur en Somalie, ne délivrent pas de "laisser-passer" nécessaires pour pouvoir expulser quelqu’un.

Sa voix claire, sure, décidée, explique 18 mois d’enfermement, d’incompréhension, de solitude, d’ennui, de temps à ne penser qu’au passé, à la violence, au viol. 18 mois d’humiliation au quotidien, de pression pour accepter le "retour volontaire", les reproches de "mettre à mal le système", "ce que les gens comme elle côutent au pays". L’absence des services d’immigration. L’absence du Home Office. L’absence de l’extérieur. Personne.

Puis les multiples appels au juge pour sa mise en liberté sous caution. Mais un juge de l’interieur, d’un tribunal au sein de la detention, arbitrant les dossiers de cette détention. Comme enfermé dans son bocal. Refus sur refus. Tout est prétexte : pas de famille pour la prendre en charge,( elle est la seule avoir réussi à entrer), pas d’amis (comment pourrait elle s’en faire dans ce pays si on l’oublie dans une prison ?), donc pas de caution. Puis l’espoir venant de l’extérieur, d’associations, de bénévoles, qui la "cultivent". Elle exige alors, comme elle en a le droit, le jugement de sa demande de caution par un autre juge, elle l’obtient, elle est dehors mais loin d’être libre.

A tout moment "ils" peuvent la récupérer quand elle va signer chaque semaine. Mais elle est là aujourd’hui. Et clame qu’elle veut participer au système, qu’elle ne veut pas des bons d’achats jetés aux destitués du droit d’asile, rappelle ce que coûte la rétention au système.

Monsieur W. homme politique Ougandais venu chercher refuge avec sa femme et ses enfants, 4 et 1 ans, prend la suite et raconte l’isolation pendant 5 jours à noël, pour "présomption de préparer quelque chose". Car en rétention rien est écrit, tout est arbitraire, on ne peut se plaindre à personne. En fait il aidait un co-retenu à traduire ses courriers administratifs. Il donne un autre exemple de technique pour pousser les gens à bout, les dégoutter afin qu’ils veuillent eux même quitter le pays : tour à tour on a cherché à les libérer mais séparément. D’abord lui qui refuse et qui signe un papier exigeant son maintient en rétention, il ne veut pas se séparer de sa famille, puis quelques jours après sa femme avec les enfants. Evidement dilemne : comment exiger de rester quand on voit ses enfants dépérir du fait de l’enfermement ?

"Tout est fait pour rendre fou." "Si on ne veut pas de moi dans ce pays, d’accord. Laissez moi partir dans ces cas là ! Mais pourquoi m’imposer le pays de destination ? Qui êtes vous pour choisir à notre place ce qui est bon notre ma famille ?"

En pleurs, cet homme adulte remet les choses en place. Ces choses qu’on oublie dans le tourbillon des intérets divers.

Quelqu’un de medical justice prend la parole pour expliquer les conditions de détention et les conscéquences sur les enfants, que certains d’entre eux sont déjà dépressifs et ont parfois passé autant de temps enfermés que libres.

Puis le micro est placé tout contre un téléphone. Et là, "l’intérieur" entre en contact avec l’extérieur. Tour à tour des femmes en bon anglais appellent au secours, traduisent pour celles qui ont tant de choses à dire mais qui sont encore plus coupée de tout, elles questionnent, expliquent.

Aujourd’hui elles ne savent pas pourquoi mais elles n’ont même pas le droit de sortir dans la cour ou d’ouvrir les fenêtres. Elles présupposent que quelque chose doit se passer dehors.

Elles expliquent d’où elles viennent, pourquoi elles ne veulent pas y retourner, comment elles ont fait de la prison en Angleterre parce que pour se protéger elles sont entrée avec de faux papiers, relatent les longs moi de rétention. Avec de mots simples elles transmettent leur choc de se sentir criminelles, elles qui cherchaient protection et amélioration de vie. Elles parlent beaucoup des femmes enceintes enfermées, des expulsions de celles-ci, alors qu’à partir d’un certain temps de grossesse cela n’est plus légal, elles expliquent les mensonges sur les datations. La peur de ces hommes en uniforme qui entrent à n’importe quel moment dans les chambres pour les compter. Les femmes qui hurlent et qu’on traine par terre, quand elles n’ont pas encore été brisées, pas encore été rendues dociles, et résistent à leur expulsion.

Surtout, elles parlent du système, de "leur système" à "eux", elles refusent le fait d’être là pour en abuser, et même d’être venues pour ça. Elles proclamment qu’elles aussi peuvent participer au système parce que " we are african strong women" ! Qu’elles ne veulent pas vivre de charité ou d’aides sociales, plus particulièrement de "voucher" (bons d’achat), qu’elles veulent travailler. Et demandent combien coûtent leurs enfermements et celui de leurs enfants pendant souvent 2 ans ?

La dernière qui parle dit qu’elle n’a jamais vu autant d’acharnement contre les personnes, autant de mépris et de haine et de solitude. On lui dit que nous sommes 200 à l’écouter parler, que c’est pour ça qu’elles n’auront pas le droit de bouger aujourd’hui.

Elle nous remercie, termine par un "god bless you" et "soyez vigilants, ça fait 20 ans que je vis dans ce pays et je n’avais jamais vu ça".

20 ans.

Au bout de combien de temps on se sent appartenir à groupe, une famille, un lieu ?

Le soleil de Mars ne suffit pas toujours à alléger une atmosphère.

Je suis humaine donc grégaire. Exilée, je cherche ma communauté. J’allège mon atmosphère en "créant du lien". Je trouve dans la foule, par hasard, 2 français ayant caché oeufs, feuilles de vigne, Hoummous, pita, chips de banane douce, dans leur sac. Y’a bien que des frenchies pour avoir pensé à ça. Mais non : deux petits vieux, british, tendent des "sacs de ravitaillement" qu’ils ont pensé à préparer avec tout l’amour de grand-parent, pour les jeunes sans cervelle mais avec un estomac..

Et simplement on partage un repas pour mieux continuer.

Simplement, continuer.

C’était une belle journée pour une manif.

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