Un desalojo, otra okupacion ! Une expulsion, une autre occupation ! En Espagne, les « casa okupas » sont des squats, généralement à vocation culturelle et sociale. Le Patio Maravillas est un édifice occupé depuis un an et demi dans le quartier de Malasaña, à Madrid. Il a récemment reçu un ordre d’expulsion. Chronique de la résistance contre le « desalojo », c’est-à-dire, contre l’expulsion. Jeudi 22 janvier 2009, 09h. Les occupants du Patio Maravillas, situé au 8 calle del Acuerdo à Madrid ont reçu un ordre d’expulsion qui doit prendre effet aujourd’hui, à 9h30. Pour contrer l’expulsion, les occupants ont fait appel au soutien populaire : les voisins en premier lieu, les associations madrilènes, et tout citoyen soucieux de préserver ce lieu culturel autogéré. A 09h, la rue est déjà bondée. Les policiers auront du mal à se frayer un passage s’ils veulent déloger le Patio. Les occupants sont confiants, du moins pour le moment : « Ils ne viendront probablement pas aujourd’hui », me dit une amie habituée de ce lieu. « Ils préfèreront sûrement attendre quelques jours, voire quelques semaines, jusqu’à ce que la mobilisation contre l’expulsion s’estompe. Et quand il n’y aura plus beaucoup d’occupants, ils viendront à 06h du matin nous déloger… ». Effectivement les policiers resteront à l’écart aujourd’hui. Le Patio Maravillas, un lieu culturel et social entièrement autogéréLe Patio Maravillas est une « casa okupa » située dans une école privée abandonnée. Les anciennes salles de classe entourent le patio, sur quatre étages. L’endroit est idéal pour mener des activités culturelles et sociales. Au Patio, on peut prendre des cours de chant, de batucada, de Hip hop,… Il y a également des ateliers nommés « Oficina de Derechos Sociales », où des bénévoles offrent des conseils juridiques concernant le droit des étrangers, le droit du travail, les droits des femmes également. Les étrangers peuvent également apprendre l’espagnol. Toutes les activités sont gratuites. Il y a même une boutique gratuite ! Il s’agit d’un local où des vêtements sont entreposés, et chacun peut se servir. On m’explique : « Il ne s’agit pas de troc. Tu n’es pas obligé de laisser un vêtement pour en prendre un autre. Tu peux le faire bien sûr, mais c’est comme tu veux. C’est tout simplement gratuit. » Au rez-de-chaussée, un atelier pour réparer les vélos. Au premier étage, un atelier de piraterie informatique : on y apprend par exemple comment utiliser les outils Internet pour diffuser de l’information sans passer par des serveurs payants. On trouve aussi au Patio un bar et même un petit restaurant. De nombreuses associations et mouvement sociaux se réunissent ici. Le Forum social de Madrid a également lieu dans le bâtiment. Le Patio Maravaillas est entièrement autogéré, et tout a l’air de fonctionner à merveille. Spéculation immobilière contre occupation citoyenneAlors pourquoi vouloir le déloger ? Alors que les occupants ont restauré le lieu, l’ont rendu joyeux, vivant, et l’ont doté d’un véritable rôle culturel et social dans le quartier de Malasaña. « Spéculation » vous répondent les occupants. Et oui, le propriétaire veut récupérer le bâtiment pour le vendre. Un recours a été déposé par plusieurs associations, mais il a peu de chances d’aboutir. Cependant les occupants du Patio ne sont pas pessimistes outre mesure. Au delà du lieu, c’est la dynamique d’autogestion qu’ils cherchent à entretenir. C’est pourquoi ils clament à tue-tête : « Un desalojo, otra okupacion ! » Une expulsion, une autre occupation ! En clair, si on nous déloge, nous occuperons un nouveau bâtiment, et ainsi de suite, de façon à ne pas laisser Madrid se transformer en une ville musée. A suivre... Consulter le site du Patio : http://www.patiomaravillas.net/ Voir une vidéo sur le rassemblement du 22 janvier : http://www.dailymotion.com/relevance/search/patio%2Bmaravillas/video/x8414w_patio-maravillas_news |
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