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Grèce / Mobilisations citoyennes /

Konstantina, tu n’es pas seule
23 janvier 2009 par Elthina

Dans la soirée du lundi 22 décembre, Konstantina Kouneva, secrétaire de l’association des femmes de ménage et du personnel domestique, a subi une attaque criminelle au vitriol.

La seule mère à avoir eu l’« audace » de revendiquer ses droits

Ces derniers jours, de nombreuses marches et manifestations de solidarité ont été organisées par les citoyens afin d’assurer à la syndicaliste Konstantina Kouneva, attaquée au vitriol, qu’elle n’est pas seule et qu’on ne peut tolérer que la loi de la jungle s’applique dans la société grecque, au détriment des droits élémentaires du travail. L’action criminelle contre Konstantina Kouneva a révélé de la manière la plus tragique les conditions de travail de nombreux hommes et femmes travaillant dans de telles entreprises depuis ces 15 dernières années, les violations systématiques du droit ouvrier et les conséquences de ces pratiques sur la vie de milliers de « travailleurs loués » - Grecs et immigrés ; en bref, un nouvel aspect de la traite moderne. Peut-on encore parler d’un « incident isolé » ?

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Photo prise lors de la dernière manifestation de soutien à K.Kouneva

De la Bulgarie à la Grèce

Konstantina, accompagnée de son fils mineur, est arrivée en Grèce, depuis la Bulgarie, il y a de cela sept ans. Elle y a retrouvé sa mère qui était déjà installée. Elle élève seule son enfant dont un problème de santé n’est pas étranger à sa venue en Grèce. Ayant fait des études universitaires (troisième cycle en histoire), comme de nombreux autres immigrés, elle a finalement été embauchée dans une société de propreté, tout comme sa mère qui a cependant été licenciée en raison de son engagement syndical. L’entreprise privée où Konstantina travaillait était chargée du nettoyage de l’ISAP. Très rapidement, Konstantina a adhèré à l’« association des femmes de ménage et du personnel domestique d’Athènes » (PEKOP), une des associations les plus dynamiques des travailleurs précaires de Grèce, puis en est devenue la secrétaire générale. Elle travaillait au centre de l’ISAP à Maroussi (station de chemin de fer) pour un salaire d’environ 56O Euros qui devait subvenir aux besoins de son fils de dix ans, de sa mère de 67 ans et d’elle-même. Parallèlement à son travail, elle consacrait beaucoup de temps à l’association. Infatigable, elle animait l’association dans un milieu où l’action syndicale n’est ni simple ni facile ni, comme la suite l’a montré, sans danger. Elle était dynamique et ne craignait pas de continuer le combat même quand elle recevait des documents extrajudiciaires ou des menaces de licenciement.

Sa pugnacité a dérangé

Konstantina Kouneva, la femme travailleuse, l’immigrée, « la Bulgare » s’est opposée au ghetto du travail des sous-traitances. Sa pugnacité a dérangé. Elle a subi les conséquences de son « indiscipline » et en a été punie au vitriol, deux jours avant Noël. C’était facile, elle était une cible vulnérable. Elle réunissait en sa personne beaucoup de « failles », elle était par de nombreux aspects une citoyenne de « deuxième catégorie » : femme, mère isolée d’un petit enfant, immigrée, ouvrière et syndicaliste dans un secteur socialement dévalorisé où travaillent principalement des femmes (grecques et immigrées).

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Kostantina

Toute l’inhumanité et la barabarie se sont abattues sur elle, comme en témoigne la marque du vitriol sur son visage. Et ce n’est pas tout ! Les médecins de l’unité intensive de l’hôpital où elle se trouve depuis l’attaque sont très circonspects quant à la capacité de son organisme de cicatriser de manière satisfaisante ses blessures. Elle a déjà perdu un œil et risque de perdre l’autre. Sa vie est en danger car d’autres organes vitaux sont touchés (elle a sans doute avalé une certaine quantité de vitriol) au point qu’elle ne peut ni parler ni manger. Le chemin sera difficile, disent les médecins.

Le vitriol ne fait pas de discriminations

La tentative criminelle contre la syndicaliste Kouneva, outre le symbole que représente une attaque au vitriol contre une femme, rappelle les pratiques et règlements de compte de la mafia, quelque soit sa nationalité. C’est un événement sans précédent en Grèce et c’est une atteinte sérieuse au syndicalisme et à la liberté de témoigner de situations inadmissibles. Un incident isolé ?

Ce cas d’attaque criminelle n’est pas un incident isolé de ce qu’il se passe autour de nous, ni de la manière dont nous faisons face, en tant que société, à des phénomènes analogues. Certes, des partis, syndicats et groupes de femmes ont exprimé leur solidarité avec Kouneva et exigé la clarification totale de l’affaire et la punition sévère des coupables. Mais l’indifférence de nombreuses structures est tout aussi criante.

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« Nos patrons nous tuent »

Nombreuses sont les questions soulevées par cette affaire : Qui sont les commanditaires et les auteurs de l’attaque contre la syndicaliste ? Pourquoi l’El.AS (police grecque) a-t-elle tellement retardé le début de l’enquête sur cette tentative de meurtre ? Où en sont les investigations ? Le procureur est-il intervenu dans la conduite de l’enquête ? Pourquoi les médias ont-ils étouffé dès le départ « l’affaire Kouneva » ? Où sont les communications officielles de la société employeuse ou de l’ISAP sur cette affaire ?

Ces questions sont liées à d’autres plus générales : Que font les organismes de contrôle, par exemple l’inspection du travail, pour que soit respectée la législation du travail ? A quel point sont-ils efficaces ? Quel est le rôle des relations patron-client dans le cas de la sous-traitance de travaux publics à des organismes privés ?

Dans la personne de Konstantina Kouneva se condense le destin que réserve notre société à une femme, mère isolée, immigrée, ouvrière et syndicaliste. Toutefois, il est encourageant de voir que, parallèlement, un mouvement multiple de solidarité est apparu en Grèce et que de nombreux messages de soutien arrivent de l’étranger.

KUNEVA KOSTADINKA

Konstantina, nous sommes à tes côtés




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