Entretien Justine Justine part au Maroc pour renforcer le partenariat entre Echanges et Partenariats et l’association marocaine Action Jeunesse. L’intérêt est d’échanger sur les pratiques des deux structures de manière à travailler ensemble autour de la thématique des jeunes, en lien avec le domaine de la solidarité internationale
Laura : J’imagine que ton parcours universitaire à un rapport avec le fait que tu fasses un volontariat de solidarité internationale aujourd’hui… ? Justine : J’ai toujours aimé étudier, surtout les problématiques économiques, sociales et politiques. Théories que je confrontais toujours à des cas pratiques. Ce qui m’intéresse c’est de faire le lien entre ce que j’étudie et l’actualité. Mes études me donnent des billes pour comprendre le monde. Maintenant, j’ai envie de m’impliquer pour connaître d’autres cultures et pour participer à une lutte, à une mobilisation. Et c’est ce que permet le volontariat. Laura : Comment es-tu venue à t’intéresser à l’accès aux droits ? Justine : À partir de ma troisième année de fac je me suis dit que mes connaissances théoriques ne suffisaient pas et qu’il me fallait de la pratique. C’est pour cette raison que j’ai fait un stage à la mission de coordination pour les droits de l’homme au Ministère des Affaires Etrangères. J’ai rédigé un rapport critique sur la précarité et l’exclusion en France. Celui-ci reposait à la fois sur des rapports officiels et des statistiques pour faire un état des lieux des DESC (droits économiques sociaux et culturels : droit au logement, droit à la santé, droit au travail, ect.) afin d’évaluer les politiques publiques destinées au respect de ces droits. J’ai découvert l’intérêt des DESC, sachant qu’ils sont souvent considérés comme des droits de second rang, malgré l’indivisibilité des droits. J’ai continué, par la suite, à m’intéresser aux DESC en effectuant un stage, au CRID (Centre de Recherche et d’Informations pour le Développement). J’ai pu approfondir mes connaissances sur cette thématique en les confrontant à la réalité de terrain des associations françaises. J’étais en charge de monter et d’animer une plateforme d’associations françaises pour qu’elles puissent rédiger un rapport critique sur la situation des DESC. Cela a été l’occasion de mettre en avant les insuffisances et les violations de ces droits. Outre les dénonciations de non respect des DESC, les associations ont proposé des recommandations pour faciliter l’accès aux droits. A travers cette expérience, j’ai découvert l’intérêt du droit pour confronter les situations d’indigence en France aux obligations du gouvernement. J’ai compris que le droit peut être un moyen de pression face au gouvernement. D’autant plus que ce contre rapport a été présenté devant le comité des DESC des Nations unies. Celui-ci a réagit favorablement aux critiques de la plate forme. Laura : Le renforcement de partenariats c’est quelque chose que tu connais déjà ? Justine : Je le connais à travers mon travail au département Amérique latine du Secours Catholique (SC). J’étais en charge de suivre les projets que le SC finance en Colombie. J’ai observé que le partenariat dépassait la relation financeur/financé. En effet, il y a un réel dialogue autant dans la construction des projets que dans leur évolution. On travaille aussi pour soutenir une cause, via du plaidoyer et de la sensibilisation pour une solidarité internationale. J’ai pu découvrir la richesse des groupes de base (les populations s’organisent pour dénoncer leur situation et défendre leurs droits) qui permettent de construire une véritable dynamique et qui peuvent être un très fort moyen de pression sur les pouvoirs publics. Je pense que je pourrai retrouver ce type de dynamique au Maroc à travers la mobilisation des jeunes. Laura : Quelle sera ta mission ? Justine : Ma mission sera de renforcer le partenariat entre EP et Action Jeunesse, son partenaire au Maroc. Je devrai intégrer la structure et comprendre comment elle fonctionne, comment elle mobilise les jeunes marocains (de 18 à 35 ans) sur des questions sociétales, comment elle lie l’engagement politique des jeunes à leur vie quotidienne (travail, sport, activités culturelles, etc.) et cela dans une dynamique collective. Il est prévu que je participe aux projets de documentaires sur le patrimoine culturel marocain dans le but de les diffuser lors de festivals au Maroc, en France et en Espagne. Un deuxième axe sera de participer à la campagne de plaidoyer sur les politiques publiques des jeunes, des femmes, des handicapés, etc., en se focalisant sur les droits économiques, sociaux et culturels et la gouvernance locale. Thématique avec laquelle je suis familière. Donc le premier objectif sera de m’intégrer, être acceptée dans l’association pour pouvoir agir avec les membres de la structure et apporter un regard extérieur. Laura : Par quels moyens penses-tu développer les partenariats entre EP et AJ ? Justine : Tout d’abord, en informant les membres d’EP des activités et démarches d’AJ mises en place pour favoriser la mobilisation des jeunes. Pour ce faire, j’irai dans d’autres villes que Rabat, ce qui permettra de faire un point sur l’ensemble des groupes locaux. Il est prévu d’échanger sur les pratiques et les productions audiovisuelles d’AJ et en France. Dans la même logique, je pourrai lier mes expériences sur les DESC en France aux initiatives futures d’AJ sur cette thématique. Le partenariat sera renforcé par la venue de partenaires et de membres d’EP au Maroc. Et réciproquement, des jeunes d’Action Jeunesse vont pouvoir se rendre en France pour rencontrer d’autres associations de solidarité internationale et participer aux activités d’EP. Laura : Et après le volontariat ? Justine : Continuer dans la Solidarité internationale, c’est sûr ! J’aimerais poursuivre le travail sur ces deux axes : dénonciation et revendication pour un meilleurs accès aux droits et construction d’alternatives pour améliorer la situation des populations dans le besoin. Un de mes leitmotiv est de rester intègre, fidèle à ce en quoi je crois tout en avançant avec l’esprit ouvert. |
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