Entretien à mi-parcours... Benoît repart au Brésil après avoir passé 5 mois à Fortaleza au sein de l’Association Alternativa Terrazul. La seconde partie de mission se déroule à Belem pour l’organisation du Forum Social Mondial 2009 Amazonie. Te voilà de retour après ta première partie de mission, quel est le bilan à mi-parcours ? Mon bilan à mi-parcours est positif. J’ai réussi à apprendre beaucoup. J’ai rejoint l’Association Alternative Terrazul à Fortaleza. Elle travaille dans l’éducation à l’environnement, avec une orientation socialiste et anticapitaliste. Lors de ma période à Fortaleza, l’ONG travaillait sur la consommation consciente, auprès de différentes communautés de la ville. Cela m’a permis de voir l’organisation de certains groupes de quartier, principalement les associations de femmes, et de comprendre une partie des enjeux du travail politique dans les quartiers. Par le travail commun sur la prise de conscience, on lutte plus efficacement pour le développement de tous. Pour aller plus loin, je suis aller rencontrer d’autres structures, d’autres mouvements et d’autres siuations. J’ai essayé de me rapprocher de la réalité. Il y a aussi de la frustration, celle d’être resté trop en observateur. Au-delà de ta mission, aurais-tu des commentaires à nous faire partager sur ta vie dans la société brésilienne par exemple ? Une des caractèristiques intéressantes de la société de Fortaleza est le sentiment d’appartenance à la région Nordeste. Les « nordestinos » ont un véritable amour pour leur région. Ils l’ont développé notamment par le fait d’être toujours restée à la marge des grandes économies du pays et en ayant été la réserve de mains d’oeuvre du pays. Elle est donc marquée par un rapport de défiance par rapport à l’extérieur. Ce rapport existe toujours, notamment à cause des achats de terre par les entreprises étrangères. Il y a aussi le développement du tourisme de masse ou l’esclavage moderne du « tourisme » sexuel. Fortaleza est à la croisée d’une une histoire complexe. En vrac, on peut citer la culture côtière de la pêche et de la canne, la culture du sertão (zone semi-aride), la culture de la ville et de l’exode rural pour Fortaleza ou de l’émigration vers les grandes villes du sud du Brésil. On peut aussi noter l’importance des religions et des différentes églises et leurs influences sur la société. C’est aussi une région métissée avec une majorité d’indiens, mais aussi des descendants d’africains qui avaient formé des quilombos (villages d’esclaves en fuite). Il y aussi l’imaginaire collectif des vachers, des latifundiaires, ou encore celle des cangaceiros (mi-bandits de grands chemins, mi-Robins des Bois), le son du forro, etc. Comment envisages-tu la deuxième partie de mission ? Avec impatience. Il me tarde d’être à Belém pour le Forum Social Mondial Amazonie qui aura lieu du 27 janvier 2009 au 1er février 2009. J’ai envie de me retrouver au coeur de l’organisation du plus grand événement de la société civile. Qui plus est en Amazonie dans la baie du Guajara, dans un monde tout aussi différent que le Nordeste ! Il y aura deux parties importantes : la première va concerner l’appui au secrétariat du Forum Social Mondial notamment pour la partie communication. La deuxième partie va concerner le travail en lien avec les organisations en France pour faciliter le travail du CRID, qui coordonne une délégation d’une dizaine d’associations et avec le Forum Mondial Sciences et démocraties qui aura lieu le 26 janvier. Tout un programme ! Cela va me permettre de rencontrer des situations nouvelles, d’apprendre en permanence. Et puis c’est aussi un écho à ce que j’ai déjà réalisé, notamment à Lisbonne pour le sommet alternative Afrique-Europe, ou sur le sommet Chine-Europe ... mais cette fois en beaucoup plus grand ! |
|
|||||
|
||||||