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Maroc / Droits des étrangers /

Entretien de mi-parcours avec Nadia
1er décembre 2008 par Nadia

Nadia repart au Maroc rejoindre l’association GADEM (Groupe antiraciste d’Accompagnement et de Défense des Etrangers et Migrants au Maroc) avec laquelle elle est engagée depuis avril 2008. Une période de retour à Paris lui a permis de s’investir autour du travail avec le Gisti (Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés) et notamment de la tenue du sommet citoyen sur les migrations "des ponts pas des murs" (17-18 octobre 2008).

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Comment s’est passée ton arrivée dans ton association d’accueil ?

En fait, je suis arrivée au même moment que l’acquisition par le GADEM (Groupe Antiraciste de Défense et d’accompagnement des Etrangers et Migrants) de son nouveau local. Ce qui a été très bien pour moi, c’est que le GADEM avait fait le lien entre mon arrivée et l’inauguration du nouveau local pour organiser une petite réception et inviter les différents partenaires (Caritas, CEI, HCR, MDM, etc.). Au-delà de l’entrée en poste très positive, je démarrai donc véritablement avec le lancement de l’association, une plus grande visibilité et une sorte de départ officiel. J’ai donc été assez rapidement intégrée dans les activités de l’association, dans le cadre notamment du plaidoyer et de la participation du GADEM au réseau du manifeste euro-africain. Cela m’a permis de me plonger assez vite dans l’environnement des militants associatifs travaillant autour de la migration, des droits de l’Homme, etc. Le début de mon volontariat au Maroc a aussi été une période où le GADEM constituait certains documents cadres fondateurs et certaines demandes de financement. Les objectifs, à court ou plus long terme, ont donc été explicités, clarifiés, etc., au travers de l’élaboration du cadre logique, la priorisation des activités et la réflexion des membres de l’association autour des orientations et de l’ « esprit » à adopter dans les actions. Cela a donc été pour moi une manière de participer en amont à la conception du projet global du Gadem.

Comment se sont déroulées tes missions ?

Mon volontariat s’est donc déroulé alors que l’association se lançait. Elle travaillait déjà de manière effective depuis 2006, avec notamment la publication de son rapport sur les arrestations et refoulements de 2006. Mais les activités n’étaient pas réellement mises en place et je venais aussi pour renforcer l’association à cette étape là. L’équipe était donc constituée d’un salarié à temps plein et de moi avec la contribution d’autres membres de l’association, en particulier du président et de la chargée de mission de la Cimade qui nous soutient énormément sur pas mal de volets. A mon niveau, je travaillais sur différentes missions, définies avant mon départ, mais aussi de manière globale sur le renforcement de l’action de l’association. Le travail préalable et constant était donc de mettre en place certains outils de travail, de mettre à profit ce que le GADEM ou ce que ses membres avaient déjà capitalisé, notamment en terme d’expérience et de contacts. Au-delà, j’ai beaucoup travaillé sur l’accès aux droits pour les migrants au travers de suivi individuels et de la constitution progressive de moyens et d’un réseau de défense plus effective des droits des migrants : travail autour de la diffusion de la législation applicable, suivi individuel, médiation, identification et contacts avec des avocats, lien avec des associations de défense des droits de l’Homme, recueils de témoignages, outils de plaidoyer, etc. Dans ce cadre, une étude sur le cadre juridique, des rencontres et une formation sont en cours d’élaboration et prévues entre début novembre et début 2009. Mais le contexte marocain, le nombre de situations de violations des droits des migrants et l’urgence régulière ont rendus les premiers mois de mon volontariat très chargés, pour un GADEM qui devait agir parallèlement sur différents plans tout en consolidant son travail d’équipe et en s’intégrant dans des réseaux d’associations complémentaires ou partenaires. Le Gadem s’est impliqué notamment dans des activités de plaidoyer dans le cadre du réseau du Manifeste euro-africain et a participé activement au FSMaghrébin et au Forum social Mondial des Migration (Madrid septembre 2008).

Quels apports, personnels et professionnels, peux-tu en tirer à mi-parcours ?

Ces 6 premiers mois ont été très importants et enrichissants pour moi. Ca a été d’abord une participation active auprès de deux associations que je connaissais préalablement, pour des missions auxquelles je crois profondément et dans un véritable « construire ensemble ». Ca a été un travail d’équipe mais aussi dans des réseaux militants, où je sentais qu’on me laissait ma place, une marge de manœuvre et des responsabilités. Ca m’a donc motivé, porté à m’impliquer encore plus sur le travail d’analyse, de plaidoyer, tout en maintenant un lien constant avec les migrants, les communautés de migrants, leurs besoins, difficultés et conditions de vie. Du fait de la situation au Maroc et de l’extrême vulnérabilité de certains migrants, la difficulté était ensuite de maintenir l’action et les priorités du Gadem tout en répondant parfois à des situations humainement intolérables, en lien avec d’autres associations caritatives ou médicales. J’ai énormément appris en discutant avec des migrants subsahariens et des marocains, dans les quartiers, dans le cadre des associations ou du suivi juridique, à Rabat en particulier mais pas uniquement. Au niveau personnel cela a été aussi une véritable reconnexion avec mon pays d’origine, quitté plusieurs années auparavant, alors que j’appréhendai mon retour. J’ai aussi appris à mieux connaître le milieu associatif marocain, les rouages de l’administration et à comprendre davantage les préoccupations de la population. Le fait de n’être au Maroc que temporairement m’a permis de percevoir les réalités avec davantage de recul, en ayant l’impression de pouvoir m’en extraire plus facilement et de mieux les accepter. Cela m’a aussi permis de réinterroger la perception que je pouvais avoir de la société française. Je trouve que c’est réellement un privilège. Le fait de travailler en lien avec une association comme Echanges et Partenariats notamment m’a aussi amené à ressentir une liberté de penser, une interrogation constante de nos postures, de notre place et de la mienne en particulier, au travers de mon identité et d’un travail au Maroc en lien avec des marocain, des subsahariens et des « occidentaux ». Au-delà, que de personnes différentes rencontrées…

Comment le partenariat entre associations est-il intervenu ?

J’ai parfois eu l’impression d’être intégrée dans un réseau plus large que celui défini par mon volontariat. Le Gisti et le GADEM faisant partie de réseaux communs : Migreurop et le réseau du manifeste euro-africain. C’est d’abord dans ce cadre là que je sentais intervenir conjointement les deux associations et que je faisais le lien. En soi, ce travail dans le cadre des réseaux est riche et intéressant. Il m’a permis d’être en contact avec des dynamiques bien plus larges, transfrontalières, différentes associations dont les questionnements et initiatives nourrissent tant le GADEM que le GISTI. Mais le Gadem est aussi né en ayant comme modèle de mode d’action, dans le cadre de l’action juridique, le Gisti. Au-delà, les deux associations se nourrissent mutuellement de leur(s) expertise(s) sur les questions migratoires, de leur connaissance du terrain et des actions menées. L’implication d’Echange et partenariat a donné une orientation particulière à ce partenariat en permettant une analyse des liens entre les partenaires et un vrai échange, sans relation inégale et avec un profond respect et soutien.

Comment envisages-tu la seconde phase de ton volontariat ?

Le GADEM est plus solide et différentes actions concrètes sont lancées. Le mois de capitalisation entre les deux phases de ma mission permet de faire le lien entre les différentes structures, et notamment Echanges et Partenariats, ainsi que l’AFVP. Au-delà, c’est un moment fort où s’expriment plus concrètement les attentes et apports de chacun, en termes d’échange d’informations, d’expertise, de soutien ou de partenariat sur des activités ou des points précis. Je pense que je serai donc moins axée sur la mise en place d’activités que sur une pérennisation et le renforcement des activités par notamment un renforcement des méthodes de travail interne et du rôle de chaque acteur du Gadem, le suivi de certaines situations juridiques. Au-delà, je poursuivrai certaines missions, notamment dans le cadre du travail sur le cadre juridique et la capitalisation des informations de terrain (rapport alternatif, rapport Gadem et guide juridique) et de la mise en place du réseau d’avocat qui n’en est qu’à ses balbutiements.

Liens vers les articles publiés durant la première partie de la mission




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