Qui es-tu Lily ? Interview de Lily, par Johanne et Claire.
Johanne : Qui es-tu Lily ? Ton prénom est original ! Lily : Mes parents ne savaient pas comment m’appeler ! C’est ma grand-mère qui a choisi mon prénom, en référence à Lili des Bellons, l’ami d’enfance de Marcel Pagnol qui était un jeune garçon débrouillard. Les Erythréens que je rencontre, en tant que bénévole de Terre d’Errance, dans le Pas de Calais, m’appelle M’Bessa, ce qui veut dire « Le lion sans queue ». Ils n’en reviennent pas qu’une fille soit « chef de camp ». Il m’appelle aussi parfois Genet Djigna, ce qui veut dire « paradis héros » en tigrinya. C’est amusant, je ne m’étais pas rendue compte qu’on m’avait toujours donné des noms de garçon ! Johanne : Peux-tu nous parler de ton association Terre d’errance ? Lily : Il s’agit d’une petite association de citoyens résistant à l’interdiction faite par une sous-préfecture du Pas de Calais de venir en aide aux migrants. Nous avons créé, avec d’autres bénévoles, cette association en janvier 2008 à Norrent Fontes, village situé aux abords d’une aire de repos de l’A26 « l’autoroute des anglais », après la destruction par les autorités du camp de migrants sur lequel nous intervenions déjà en temps que collectif. On fait du soutien humanitaire pour ces réfugiés qui se glissent dans les camions de cette aire de repos, espérant l’asile en Angleterre. Aujourd’hui je suis présidente de cette association. Johanne : Mais comment en es-tu venue à t’intéresser aux problèmes rencontrés par les personnes migrantes ? Lily : Je suis originaire du Pas de Calais. Cela faisait 10 ans que je voyais des personnes migrantes errer sur le bord des routes, mais je n’avais pas le temps de m’y intéresser. Puis je me suis retrouvée au chômage et j’ai lu un article dans la presse qui m’a interpellé. C’était une interview d’un prêtre qui intervenait auprès des migrants. C’était la première fois que j’entendais parler d’une aide apportée à ces hommes et ces femmes, j’avais enfin quelqu’un à contacter. Mon engagement remonte à ce moment là et à ma première visite sur le camp, les pieds dans la boue à leurs côtés, à me demander (comme eux !) ce que je faisais là ! Johanne : Que va t’apporter le programme Echanges et partenariats selon toi ? Lily : Je pars en Grande Bretagne pour voir ce qu’ils deviennent une fois « passés ». Il y a toujours un rapport affectif entre les bénévoles et les réfugiés, alors je veux savoir ce que sont devenus tous ceux qui m’ont confié leurs rêves et leurs déceptions. On se dit une fois qu’ils passent « ça y est pour elle ou lui c’est réglé ! ». Mais en fait non…on les revoit quelques mois plus tard. Alors par ce séjour, je veux observer le mode de gestion anglais des migrations et le mettre en lien avec ceux du reste de l’Europe pour comprendre cette errance de millier de gens. Johanne : Comment va s’organiser ton projet ? Lily : Je pars avec le GISTI, groupe d’information et de soutien aux immigrés, qui milite pour la libre circulation des personnes et dont, depuis 2003, après la fermeture du centre de Sangatte, plusieurs de ses membres ont créé le collectif des exilés du 10ième pour venir en aide à ceux venus se réfugier autour des Gares du Nord et de l’Est. Nous voulons récolter un maximum d’informations pour pouvoir alimenter notre base de documentation et mettre en relation ce que j’aurai observé en Grande Bretagne avec les données récoltées par le Gisti dans d’autres pays européens. Nous avons très peu de contacts avec la Grande Bretagne, qui est pourtant très proche géographiquement. C’est pourquoi le GISTI est intéressé par l’envoi d’une personne qui puisse tisser des liens avec le réseau associatif sur place. Johanne : Qu’est-ce que tu envisages de faire à ton retour ? Lily : Retourner dans la jungle ! Je ne veux pas abandonner mon engagement auprès des personnes migrantes. Le programme Echanges et Partenariats me permet de prolonger mon engagement, il me donne les moyens de le faire. A mon retour j’espère pouvoir poursuivre dans cette voie. |
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