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Le patrimoine culturel marocain en action Echanges et Partenariats est partenaire du projet "regards croisés sur le patrimoine culturel marocain", que le groupe Jeunes du Forum des Alternatives Maroc a mis en oeuvre. 11 jeunes marocains, d’horizons divers, travaillaient depuis deux mois à la préparation du tournage. Parce que le film documentaire vise à ramener la réalité et exprimer un sujet par l’image et le son, les 11 jeunes participants ont fourni un travail en amont via des sessions de formation en médiation interculturelle et en technique du film documentaire. Rencontres avec les trois sujets, après les tournages réalisés. Les 11 jeunes participants au projet Regards croisés ont terminé la phase tant attendue du tournage. Les trois groupes ont pu tourner tour à tour sur une période plus ou moins de 10 jours, chacun. Accompagné d’une équipe technique de l’Institut Spécialisé en Cinéma et Audiovisuel (un réalisateur, un caméraman, un preneur de son), chaque groupe a mis en application ce qu’il a appris, partagé et prévu pendant les deux mois de formations/actions/préparations. Mais surtout chaque groupe a vécu le terrain, a du s’adapter, changer ses plans, aller de l’avant. Retour sur cette expérience humaine au nom de la diversité et de la richesse du patrimoine culturel marocain. Les trois sujets en image Portraits croisés : quand la création artistique se lie au quotidien de jeunes musiciens marocains 4 jeunes du projet Regards croisés ont choisi de suivre deux groupes de musique : un groupe de rap et un groupe de fusion. Le premier se compose de deux jeunes filles de Salé (ville proche de Rabat), le second est un groupe casablancais de 7 garçons.
Le groupe du tournage se composait de 4 jeunes regards croisés, de trois étudiants de l’ISCA et du coordinateur d’Action Jeunesse. Il a suivi le quotidien des quatre musiciens sur une période de 14 jours, à la fois dans leurs lieux de travail, de répétition, dans leur quartier et d’autres endroits qu’ils côtoient auxquels ils sont attachés. Des interviews ont eu lieu avec leur entourage et des acteurs associatifs et chercheurs afin d’ajouter une réflexion sur le rapport entre développement identitaire et création artistique. Durant ces 14 jours de tournage, l’équipe de tournage a partagé les réflexions identitaires de ces quatre jeunes, en découvrant des antagonismes entre les deux groupes mais aussi à l’intérieur des groupes. La création artistique relève à la fois d’une construction personnelle et d’une expérience collective, se rejoignant soit sur leurs influences, ou leur vision du patrimoine culturel par exemple. La richesse de ce tournage a été de se confronter aux expériences autant individuelles que collectives, prouvant la diversité de la scène musicale urbaine mais aussi sa tendance vers l’homogénéisation. La pluralité des interviews a permis de confronter les avis des acteurs sociaux, académiques et culturels aux perceptions des jeunes et des ainés Ce premier groupe a du retravaillé chaque jour son plan de travail, étant « tributaire » du quotidien des deux jeunes. L’équipe de tournage devait interférer le moins possible sur leur vie tout en filmant des instants, des évènements, des rencontres, des échanges significatifs pour traiter le sujet du documentaire. Ombres et Lumières, les expériences sociales et associatives de revitalisation des Kasbah Le second groupe a choisi de traiter des Kasbah de Mehdia (35 min au Nord de Rabat) et de Larache (Nord ouest du Maroc), en tant que témoin de l’histoire et de la mémoire collective du Maroc. A travers ce documentaire, ils souhaitent mettre la lumière sur les expériences de revitalisation des Kasbah menées par des initiatives sociales et associatives. Tandis que la Tour Cigogne à Larache est réinvestie par la société civile, la Kasbah de Mehdia est dans un état d’abandon apparent mais représente un espace où les jeunes se rencontrent et jouent de la musique, le plus souvent traditionnelle, comme le Gnawa.
Ainsi le groupe veut faire du documentaire un moyen à la fois pour valoriser une initiative associative à Larache et contester l’abandon de la Kasbah de Mehdia, riche en histoire en valorisant en image tout son intérêt architectural. La Kasbah Mehdia est un véritable patrimoine qui lorsqu’on la visite démontre tout son potentiel d’utilisation, ses fonctionnalités en tant qu’espace public. Ainsi, le défi, étant aussi une difficulté, était donc d’ordre davantage technique pour ce groupe afin de mettre en image la force symbolique et identitaire de murs, qui apparaissent pour certains sans aucun intérêt. La gestion sociale de l’eau, le défi de préserver les khettarat « Nous voulons montrer des exemples concrets de l’implication de l’homme dans la gestion de l’eau tant du point de vue du travail physique qu’organisationnel ». Lors du tournage, les deux jeunes du projet Regards croisés ont prouvé leur volonté de se servir du film documentaire pour mettre en valeur un système de gestion de l’eau qui dépasse son aspect technique pour constituer des pratiques foncièrement sociales et économiques. Le groupe a choisi d’aborder la gestion de l’eau par les khettarat dans la région de Tafilelt afin de valoriser cette pratique, tant par son ingéniosité, par son caractère social que pour son efficacité de gestion de l’eau. Face à une montée des programmes de privatisations de l’eau, la région de Tafilelt concentre des initiatives sociales et associatives à travers la solidarité tribale et coutumière ancestrale ainsi que l’intervention d’organismes nationaux et internationaux pour pérenniser les Khettarat. Du point de vue technique, les khettarat sont un système d’irrigation de l’eau souterrain. La construction de galeries souterraines drainantes ramènent, par graviter, l’eau de la nappe phréatique jusqu’à la surface du sol à des fins d’irrigations et d’eau potable. Dans la région, les khettarat ont une distance allant de 2 km à 15 km. Les deux jeunes ont fourni un travail de recherche important pour comprendre que se dégager de nombreux aspects sociaux de ce système technique.
Toujours en présence d’une équipe technique de l’ISCA et du coordinateur d’Action jeunesse, le travail a été facilité par une personne ressource. Ingénieur agronome et acteur associatif, il a pu les orienter dans les choix des lieux en présence des khettarat en reconstruction et abandonnées. Ainsi, le tournage s’est déroulé dans un rayon de 5 à 40 km de la ville d’Erfourd. Selon Rachid Outahar, le tournage est le moment fort du projet. La rencontre avec la population lui a fait prendre conscience de beaucoup de choses, qu’il n’aurait jamais trouvé dans ses recherches. Son binôme, Meriem Rhoflane, ne parle pas de souvenirs mais de réalités à garder en tête et à transmettre. Le message du documentaire qu’il souhaite faire passer à travers la caméra est que les khettarat constituent une gestion saine de l’eau, en accord avec leur environnement et la population. C’est un système qui est la clé de survie de l’oasien et de son oasis. Les tournages, le résultat d’une expérience humaine, l’implication des jeunes au service du patrimoine culturel marocain Dans la réalisation d’un film documentaire, le tournage est un moment phare. Le film documentaire, dans le projet Regards croisés, constitue un outil technique au service de la réalité et de l’humain que les jeunes ont pu utiliser. Les trois tournages ont été des moments d’échanges, d’apprentissage de tous les aspects qui composent les réalités traitées. Les trois tournages sont rentrés dans la vie quotidienne de personnes, de bâtiments, de ressources naturelles pour en faire ressortir, chacun à leur manière, un ou plusieurs messages forts. Chaque groupe a connu, d’une manière différente, le rapport au terrain dont le défi était d’écouter la réalité pour traiter au mieux le sujet choisi. Cela a constitué un moment d’appropriation fort pour les jeunes sur des sujets qui fondent leur identité. A travers les tournages, des communautés et divers acteurs ont participé à la détermination, à l’interprétation et à la préservation de ces patrimoines. Par ce projet, Action jeunesse est en train de relever le défi de contribuer à la préservation du patrimoine et des ressources culturels par le biais de l’audiovisuel, comme moyen visant à la construction et l’expression libres des identités. Ces expériences montrent les liens importants entre patrimoines matériels, immatériels et les identités individuelles et collectives. Le projet continu donc sur sa route dont la prochaine étape est une étape fatidique du produit final, à savoir le montage des trois documentaires. Les montages se dérouleront dans l’esprit de valorisation du patrimoine au moyen de l’expression artistique et culturelle. |
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