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Palestine / Mobilisations citoyennes /

Palestine : d’un camp de réfugiés à Tel Aviv
15 juin 2009 par Laura

Muni a 15 ans, elle est née et vit dans le camp de réfugiés de Deisheh, à côté de Bethléem. Environ 12 000 personnes vivent dans ce camp, dans la pauvreté, la promiscuité et en situation d’urgence, cela depuis 1948.

camp de réfugiés de Deisheh Avant vendredi dernier, Muni n’était sortie qu’une fois de Cisjordanie et n’avait jamais vu la mer, comme la grande majorité des palestiniens de Cisjordanie. La semaine dernière Muni a dû subir une opération à Jérusalem car aucun hôpital de Cisjordanie ne peut assurer cette intervention. Elle est née avec une malformation au cou, problème facile à traiter dans la plupart des pays mais impossible en Territoires Occupés Palestiniens.

Pour pouvoir avoir accès à des soins adaptés, Muni et ses parents ont dû demander un permis aux autorités israéliennes afin d’aller de l’autre côté du Mur pour la durée de l’opération et d’une courte convalescence. Muni et sa mère ont obtenu la permission, son père lui n’a pas le droit d’accompagner sa fille à l’hôpital...

L’opération se passe bien. A la sortie de l’hôpital et avant que leurs permis n’expirent, Muni et Suher veulent voir la mer. Donc vendredi après-midi, nous allons sur la côte méditerranéenne ; Suher n’a pas pu y aller depuis plus de 15 ans : « Les Accords d’Oslo de 1993 ont empiré la situation des Palestiniens », explique-t-elle.

Sur la route qui mène à Tel Arrabia (aujourd’hui appelé Tel Aviv) nous passons à côté de leur village d’origine, Daraban, dont ils ont été chassés en 1948, lors de la création de l’État d’Israël et qui aujourd’hui n’existe plus. Il était situé à 15 minutes à vol d’oiseau de Bethléem. Aujourd’hui il y a des check points et un mur qui séparent les deux endroits. Suher ne veut pas y aller : « je meurs si je vois ce que le village est devenu, ce que les Israéliens en ont fait ».

L’arrivée sur la plage de Tel Arrabia est très émouvante. Suher est aux anges, Muni elle n’en croit pas ses yeux. Cependant l’euphorie est limitée : Muni n’est pas encore complètement rétablie et ne peut pas vraiment se baigner. Plage de Tel Aviv La plage est peuplée de jeunes et de retraités israéliens qui sirotent des cocktails et qui font du sport. Les corps sont sculptés et bronzés, les vêtements et les voitures dernier cri, et l’ambiance est détendue.

Alors que nous pique-niquons sur la plage le chien de nos « voisins de serviettes » vient nous embêter. Suher s’indigne : « les chiens sont acceptés ici, sans permis, nous non, pourtant c’est notre plage, notre terre ».

En partant, Suher dit cyniquement à sa fille qu’elle devrait bien regarder la mer parce qu’elle devra sûrement attendre 15 ou 20 ans pour la revoir...

Sur la grande autoroute qui mène de Tel Aviv à Jérusalem nous ne rencontrons pas un soldat, pas une jeep, pas un check point. Mais nous longeons l’aéroport international de Tel Aviv, des usines, des maraichages verdoyants et un immense portrait de Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique. Et lorsque nous arrivons à l’entrée des Territoires occupés nous passons une demi-heure au check point de Qalandya où le système de contrôle israélien est draconien : barrages, soldats, tours de contrôle et le Mur... 8 mètres de haut et plusieurs centaines kilomètres de long...

De retour à Deisheh, Muni et Suher sont accueillies par toute leur famille. Les femmes pleurent d’émotion de revoir Muni enfin libérée de son handicap et de savoir qu’elle a pu voir la mer et Jérusalem. Muni a du mal à réaliser que quelques heures avant de rentrer dans son camp de réfugiés elle jouait dans les vagues et pouvait scruter l’horizon.




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