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Haïti / Media alternatifs /

Haïti / Rép. Dominicaine : Contrastes sur la route internationale bordant les deux pays
5 mai 2009 par Marie

Une délégation de dix journalistes de différents médias en Haïti (presse écrite, radio, télévision et presse électronique, dont l’agence en ligne AlterPresse) a observé différents contrastes sur la route internationale longeant les 400 kilomètres de frontière entre les territoires haïtien et dominicain.

Il existe de nombreuses différences sur le plan physique et humain entre les deux pays, constate la délégation.

Organisée par le Dialogue haitiano-dominicain des églises (Dhde) des communautés évangéliques haïtienne et dominicaine, cette semaine d’observation - qui s’est tenue du 1er au 5 décembre 2008 - a permis aux journalistes de rencontrer la population haïtienne vivant dans les villes situées sur la zone frontalière à proximité de la route internationale.

Des contrastes sur le plan physique et humain

Du côté dominicain, les mornes sont boisés, les routes asphaltées et des militaires sont positionnés à des postes pour contrôler le flux migratoire.

Du côté haïtien, on y trouve une population livrée à elle-même, essayant tant bien que mal de survivre dans des conditions inappropriées, dans des villages dépourvus de toutes commodités et services de base, avec l’absence totale des autorités du pays.

Non loin du marché construit en dur par la communauté internationale, seule commodité à Los Cacaos, Alice Alcéïde, peintre et père de famille, explique les conditions dans lesquelles il vit.

« Quand on est malheureux (pauvre), on se débrouille avec ce que l’on a. J’ai deux enfants et je gagne 20 dollars haïtiens (100.00 gourdes) par jour », raconte-t-il. [Ndlr : US$ 1.00 = 40.50 gourdes maintenant]

Les ressortissants dominicains, qui vivent à quelques kilomètres de là, réussissent à subvenir à leurs besoins en combinant plusieurs petits emplois, alors que les Haïtiens n’ont rien, souligne-t-il.

A Kalabasi, à chaque vrombissement des moteurs de véhicules, des enfants se précipitent au bord de la route poussiéreuse afin d’obtenir quelques pièces.

« Il y a une mentalité qui traverse uniquement les enfants de cette communauté, qui tendent systématiquement la main pour mendier, alors que cette attitude n’était pas présente dans les autres villages », relève Clément Joseph, directeur exécutif du Dhde.

Entre-temps, le cortège des journalistes continue de s’ébranler, traversant El Corte, un village composé de plusieurs petites maisons colorées construites par des organisations non gouvernementales internationales.

La population vie dans une misère organisée

Près d’un millier de personnes peuplent la Finca, un autre village d’Haïti où arrive la délégation.

En l’absence de services de base et la présence d’autorités qui « ne viennent qu’en période d’élections », les villageois se sont organisés.

« Comme il n’y avait pas d’école, nous avons formé un comité pour qu’un professeur puisse dispenser des cours à nos enfants au moins jusqu’au certificat », explique André Constant, habitant du village. A la Finca, faute de moyens, les cours ont lieu dans une église et, une fois terminé le certificat d’études, celles et ceux qui veulent poursuive leurs études n’ont d’autres solutions que de partir.

En cas de maladie, l’hôpital le plus proche se trouve en République Dominicaine et, pour s’y rendre, il faut un laissé passer qui revient entre 20 et 50 pesos (à peu près l’équivalent en gourdes).

« Il y a un hôpital qui n’est pas trop cher. Une consultation coûte environ 50 gourdes et c’est gratuit pour les femmes enceintes », confie Marianne Duversaint, habitante de Tilori, autre village sur le territoire haïtien.

Les marchands/es de cette région frontalière vivent essentiellement du commerce du pois congo, de patate, du maïs et du manioc, vendus aux dominicains qui, en contrepartie, débitent du sucre, de la farine.

« Tout est cher ici ! Le prix de la scolarité peut atteindre 600 gourdes l’année. Après, nous n’avons plus rien pour nourrir nos enfants » explique Dieumaine Charlet Mapolon, marchande à Tilori.

Les Haïtiens ayant un petit cheptel se rendent, le plus souvent, de l’autre côté de la frontière pour nourrir leur bétail. A chaque passage, les propriétaires terriens de la République Dominicaine leur font payer une redevance.

Clément Joseph exhorte l’Etat haïtien à prendre des dispositions pour aménager ces villages limitrophes de la frontière, en vue de permettre aux habitants d’avoir accès aux services de base et de retrouver leur dignité humaine.

« Il n’y a plus d’esclavage en Haïti, mais le système de marronnage persiste », précise -t-il.

La délégation de journalistes, qui effectue le périple sur la ligne frontalière entre les deux pays, quitte Tilori, dernière communauté haïtienne vivant sur la route internationale, pour rentrer en République Dominicaine accessible par le pont Rio Libon.

La route est de nouveau asphaltée, le paysage verdoyant et des militaires situés à chaque coin de rue effectuent des contrôles plus ou moins longs, dépendant de la nationalité des voyageuses et voyageurs.




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